Algérie

Patrimoine national



Réorganisation du secteur Le secteur de la protection du patrimoine national matériel et immatériel protégé est appelé à connaître une totale restructuration. Une période transitoire sera incessamment décrétée par le ministère de la Culture pour permettre aux différents organismes et structures de s?adapter à la nouvelle législation régissant ce secteur. Mme Khalida Toumi est attendue pour expliquer les modalités d?application de cette période de transition. C?est ce qui ressort de la journée d?information sur « la maîtrise d??uvres portant sur les biens culturels », organisée hier à la Citadelle d?Alger par l?Agence nationale d?archéologie (ANA) et qui a regroupé des cadres du ministère de la Culture et des architectes spécialistes. Mourad Betrouni, cadre au ministère de la Culture, a affirmé que tout l?arsenal juridique nécessaire a été élaboré pour la mise en place de « la stratégie de prise en charge du patrimoine culturel ». Celle-ci a été définie par la ministre de la Culture lors des premières assises du patrimoine culturel organisées le 29 décembre 2003 à la Bibliothèque nationale du Hamma (Alger). « Il s?agit pour nous, prioritairement, devant la triste réalité de notre patrimoine matériel et immatériel qui enregistre une altération continue et irréversible, premièrement, de procéder à une évaluation objective de nos capacités juridiques, institutionnelles, scientifiques et techniques d?intervention sur le patrimoine culturel et les moyens financiers qu?il faudrait engager. Deuxièmement, de dégager simultanément les éléments d?une stratégie de prise en charge du patrimoine culturel qui soit à la hauteur des exigence de la loi 98-04 (...) », avait noté Mme Toumi. La nouvelle configuration du secteur s?appuie donc sur la loi 98-04 du 15 juin 1998 relative à la protection du patrimoine culturelle. « Cette loi constitue une nouvelle approche du patrimoine. Elle représente une autre vision plus large que celle qui était en vigueur », relève M. Betrouni. La loi 98-04 consacre une « déconcentration de la gestion » du patrimoine protégé en octroyant plus de prérogatives aux structures locales, notamment les directions de la culture et les subdivisions de l?ANA. Aussi, la nouvelle loi englobe tous les éléments qui composent le patrimoine, public et privé, en les catégorisant (parcs culturels, monuments...). Avant cette loi, le secteur était régi par l?ordonnance n° 67-281 du 21 décembre 1967 relative aux fouilles et à la protection des sites et monuments historiques et naturels. Celle-ci reflète « une vision colonialiste du patrimoine qui n?a pas eu d?application effective », précise Mme Zeddam, directrice de la protection légale du patrimoine et de la valorisation des biens culturels. Elle a fait remarquer que les différents acteurs intervenant dans ce secteur ont observé une « position attentiste » devant « la dégradation avancée » de notre patrimoine. « Une confusion totale a caractérisé la gestion du secteur pour cause de chevauchement de prérogatives entre le ministère de tutelle, l?ANA et les directions de la culture des wilayas. La nouvelle loi devrait y remédier », indique-t-elle. Cependant, l?application de la nouvelle stratégie est confrontée, selon M. Betrouni, à des « contraintes et à des malentendus ». En effet, la décision du ministère de la Culture de confier désormais la prise en charge du patrimoine aux seuls « maîtres d??uvre qualifiés et spécialisés » n?a pas été du goût des « architectes généralistes », appelés à rejoindre les bancs de l?école. Un comité sectoriel de qualification, installé au niveau du ministère et constitué d?experts, est seul habilité à délivrer le fameux certificat de qualification aux architectes désirant soumissionner aux projets de restauration. Les architectes sont donc appelés à se présenter aux directions de la culture de leur lieu de résidence afin de déposer leur dossier en vue de l?obtention de ce certificat. Pour mettre en place la nouvelle stratégie, le ministère de la Culture doit s?appuyer sur uniquement 35 architectes spécialisés et qualifiés. Le secteur souffre d?un manque criant en personnel expérimenté. Afin de parer à cette carence, un centre de restauration, chargé de la formation des architectes restaurateurs, doit être ouvert. Selon les différents orateurs, des filières en matière de conservation du patrimoine ont été créées dans plusieurs instituts, notamment à l?Ecole polytechnique d?architecture et d?urbanisme (Epau) d?El Harrach. Côté financier, « la mise en place de cette stratégie générera des dépenses qu?il faudra savoir planifier », se contente de dire Mme Zeddam. Plusieurs intervenants ont insisté sur l?apport du mouvement associatif pour la préservation du patrimoine. Un architecte a fait remarquer que la stratégie adoptée par la tutelle, qui s?appuie sur les structures locales, a complètement ignoré les responsables locaux. « La nouvelle stratégie, indique-t-il, n?a rien prévu concernant la sensibilisation des autorités locales quant à la préservation du patrimoine. Pourtant, il existe des clauses dans le code de la commune et de la wilaya qui responsabilisent les élus à ce sujet. »


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