Patrimoine et exception culturelle

Le patrimoine culturel matériel et immatériel constitue le fonds civilisationnel commun d'une entité qui a réussi à marquer de son empreinte indélébile bien des peuples et des nations qui s'en sont inspirés avant de se l'approprier. Cette adoption-appropriation trouve toute son expression en Occident qui a fait sienne la civilisation gréco-romaine, les Grecs en ayant jeté les bases, les Romains l'ont adoptée pour la développer et la généraliser, si bien que tout ce qui ne s'y réfère pas était considéré et taxé de barbare. Et ce moule a survécujusqu'à une époque relativement récente où les mots inventés résultant d'une évolution sociolinguistique définissent l'Autre comme étant un indigène, un sauvage. Mais cette ère révolue n'a plus cours car la mondialisation est venue sur tout, écrasant les cultures locales qui se trouvent ainsi balayées et soumises, avec cette appréhension des Etats de voir s'évanouir et disparaître leurs patrimoines culturels, un édifice intemporel patiemment construit durant des siècles et qui les identifie et fait leur différence par rapport aux autres. La culture n'étant pas une vulgaire marchandise qui peut être soumise aux lois commerciales du marché et au libre-échange, l'exception culturelle, défendue d'abord par l'Afrique avant d'être reprise à son compte par la France, dans les traités internationaux vise justement à limiter ce libre échange qui pourrait détruire les cultures locales et nationales. Cet ensemble de dispositions a pour but de protéger et défendre la diversité et la spécificité culturelles de chaque peuple et de chaque ethnie de sorte que ceux-ci puissent aussi trouver leur place, tout en se développant au sein des communautés auxquelles elles appartiennent et, pourquoi pas, élargir leur espace d'influence. Cette diversité culturelle, cette richesse incommensurable, montrera que l'Homme, dans sesdifférences, toutes ses différences, reste un et unique, le patrimoine culturel d'un pays, quel qu'il soit, doit être préservé et protégé. Il doit tendre à l'universalité car il est l'expression de l'Humain. Toute culture, toutecivilisation, est le produit de celles qui l'ont précédé. Aucune culture, aucune civilisation ne peut prétendre s'être construite sans l'apport des autres, qui, à ce titre, mérite d'être reconnues et valorisées.L'exception culturelle fait son bonhomme de chemin et a vu souscrire à cette action, dont la noblesse n'est plus à démontrer car elle défend l'essence même de l'Homme, plus de 38 pays dont l'Allemagne, l'Argentine, l'Australie, la Belgique, le Bénin, le Brésil, le Burkina Faso, le Cameroun, le Canada, le Chili, la Colombie, le Congo, la Corée du Sud, la Côte d'Ivoire, l'Equateur, l'Espagne, la France, la Guinée, la Hongrie, l'Irlande, l'Italie, le Mali, le Maroc, le Mexique... et plus de 400 associations à travers le monde. Hélas, dans cette liste, l'Algérie est absente.La culture n'est pas la priorité des priorités en politique, car, la défense et la promotion de la culture sur la scène mondiale est une mission éminemment politique, cela changera peut-être un jour...M. R.