Algérie

Patrimoine Dar Essalem, un havre de paix à La Casbah d’Alger



Publié le 17.07.2024 dans le Quotidien le soir d’Algérie
KADER BAKOU

La Casbah d’Alger est comme une «île aux trésors» que seuls les initiés connaissent bien sans avoir besoin d’une carte.
Dar Essalem ou «la maison de la paix» est un des trésors de la médina algéroise. Cet espace rénové, ces derniers temps, abrite plusieurs activités, notamment des conférences (littérature, poésie...) et des expositions d’arts plastiques.
Dar Essalam est située à proximité de bâtisses historiques qui font l’objet de restauration par la wilaya d’Alger, dont la maison des Bouhired. Après avoir été squattée près d’un demi-siècle, Dar Essalem a été entièrement réhabilitée. Elle est aussi une zaouia appartenant à la confrérie alaouiya qui a été acquise en 1947 par cheikh Adda. Cette bâtisse de trois niveaux a été partiellement endommagée, suite à des dégâts collatéraux causés par l’explosion d’une bombe, le 26 août 1957, épisode montré dans le film La Bataille d’Alger de Gillo Pontecorvo.
Une fois les lieux libérés des indus occupants, en 2018, relogés ailleurs, cheikh Khaled Bentounes, l’arrière-petit-fils de cheikh Adda, avait lancé en 2019 les travaux de restauration, faisant appel à M. Hammou Djouahar, un architecte spécialisé dans la restauration du vieux bâti. Réceptionnée en 2022, la bâtisse paraît neuve. Ses parois intérieures sont rehaussées d’un revêtement de céramique (zelidj) aux motifs anciens, avec des colonnes en tuf, des portiques et des stucs reproduits à l’authentique, une cage d’escalier dont les marches et contremarches refaites à neuf avec de l’ardoise, des solives ou des poutres en guise de rondins supportant le plafond ou le plancher et des balustrades respectant l’art du beau travail.
A l’entrée, après le vestibule dont le sol est revêtu de marbre, le visiteur arrive au rez-de-chaussée qui abrite une librairie «Alamat» (Signes), dans un bel espace convivial et apaisant, bien agencé et bien éclairé grâce à une dalle en verre qui laisse voir le «djeb» (citerne).
A la librairie, on trouve des ouvrages dédiés aux domaines de l’histoire, du théâtre, de la philosophie, du patrimoine ainsi que des corpus de romans.
Le premier niveau s’ouvre sur des salles et un patio recouvert d’une verrière. L’espace est dédié à des expositions d’art plastique et des conférences autour des thèmes souvent culturels. Lors du mois du patrimoine et surtout de la journée internationale du «Vivre-ensemble en paix», idée proposée par le président d’honneur de l’ONG AISA (Association internationale soufie alaouiya qui prône la paix au cœur de l’éducation), cheikh Khaled Bentounes, initiée par l’Algérie avant qu’elle ne soit adoptée le 8 décembre 2017 par l’Assemblée générale des Nations unies, qui l’a inscrite dans son agenda le 16 mai de chaque année, exprimant ainsi «le désir profond de vivre et d'agir ensemble, unis dans la différence et dans la diversité, en vue de bâtir un monde viable reposant sur la paix, la solidarité et l'harmonie». Chaque année, tout au long du mois du patrimoine, un programme culturel et artistique a eu lieu dans ce bel édifice, notamment des conférences animées par des architectes ès patrimoines matériels et immatériels.
La confrérie alaouiya a été fondée en 1909 par Cheikh Ahmed Ibn El Alioua (1868-1934), d’origine mostaganémoise, qui avait élu ses quartiers du côté de la mosquée Ketchaoua à la Basse-Casbah d’Alger. Il avait sa propre imprimerie avant de lancer en 1922 sa première publication intitulée Djaridat el Balagh.
On raconte aussi que Cheikh Ahmed déambulait un jour dans La Casbah quand un des membres fondateurs du doyen des clubs de football algériens (Baba Hammoud, certainement) lui demanda : «Ya cheikh ! Que nous proposes-tu comme nom au premier club musulman de football que nous venons de mettre en place ?» Après réflexion, Cheikh Ahmed lui répond : «On est à quelques jours du Mawlid ennabaoui, alors pourquoi pas baptiser la nouvelle formation musulmane ‘’El Mouloudia’’ ?» Ainsi naquit le MCA (Mouloudia club d’Alger), le 7 août 1921.
Kader B.



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