Algérie

Pathologie personnelle ou sociale '



Pathologie personnelle ou sociale '
En Egypte, comme en Algérie, les autorités ont évoqué des troubles psychiatriques pour expliquer le geste de certains immolés. «Tout le monde ne peut pas s'immoler par le feu», reconnaît un psychiatre. «Il y a sans doute une composante paranoïaque de la personnalité, du masochisme et une capacité à sublimer les souffrances ou les tortures internes.»Mais de là à parler de maladie mentale, il y a un pas qui lui paraît difficile à franchir à cause de la dimension politique de l'acte. «Le suicide est une conduite complexe à mi-chemin d'une pathologie personnelle et d'une pathologie sociale. Mais l'immolation par le feu est celle qui a la plus petite composante personnelle.» Autrement dit, la multiplication des cas d'immolation par le feu est avant tout révélatrice d'une pathologie de la société dans son ensemble. «Ils ont lieu dans des pays où on est au stade zéro de l'être. C'est même difficile de parler d'individus. La population est obligée de faire ce que les dictateurs lui imposent», explique encore le psychiatre.
Il évoque aussi des facteurs économiques et sociaux : le chômage, les inégalités sociales, la corruption des élites. Mais pour ce psychiatre qui est aussi anthropologue, c'est le monde dans son ensemble qui devient de plus en plus dur, matérialiste et hostile. Il y a un véritable désenchantement propice à l'accroissement du nombre de suicides ou de tentatives. «Certains pays sont plus caricaturaux de dureté que d'autres», ajoute-t-il. «C'est vraiment un 'J'accuse", un acte de protestation publique», explique le psychiatre. «C'est la façon la plus patente de protester quand on ne peut ni parler ni être entendu. C'est le cri des opprimés de toute nature». Et ce dernier geste ne peut être ni caché ni oublié. Pour le psychiatre, parler de troubles mentaux est l'ultime tentative des autorités de cacher la réalité. «Ces actes sont très porteurs de sens. C'est trop facile de dire que ce sont des fous. C'est une manière de cacher le message, de le discréditer, pour faire taire ce cri.»


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