Algérie

Passion de lecteur-Malika Mokeddem



La mesure de l?amour Pourquoi Malika Mokeddem emballe-t-elle ses lecteurs ? Parce que ses livres abordent des thèmes qui parlent au plus grand nombre ? l?amour, l?amitié, les dunes ? et aussi du sud de l?Europe où elle vit et de l?autre sud où elle est née, dans un style accessible, souvent succulent. L?écrivain touche là où il faut avec cette dimension magique du parler vrai, au premier degré. Elle dit des choses qui lui tiennent à c?ur, à la façon spontanée, avec une grande sincérité. Les lecteurs le sentent : « Mon père, mon premier homme, c?est par toi que j?ai appris à mesurer l?amour? » Elle décrit ses moments de vie. Une insoumise qui a eu le courage de partir. Elle évoque l?adolescence perdue pour se ruer avec ses hommes dans des voyages qui la ramènent à chaque fois à l?enfance au pied d?une dune, « en se nourrissant de presque rien et où elle rangeait des refus qui lui donnaient un peu de consistance ». Sa voix s?élève décrivant l?existence d?un long parcours sans chercher l?apitoiement, juste un soupçon de compréhension. Son livre Mes Hommes est inspiré d?une réalité. « En Algérie, on écrit que sur les hommes et par le point de vue des hommes. J?ai voulu écrire pour tout le monde avec le point de vue d?une femme. » Autobiographie ? Certainement. « Combien de caresses, de traversées pour parvenir à prendre conscience que la nécessité de l?espace de la Méditerranée à ma respiration me vient précisément du désert. » Elle écrit sa réalité avec les moyens d?une fiction, pour changer les choses et, le lecteur s?y retrouve. Passionnée, vigoureuse, on sent chez elle un soupçon d?agacement lorsqu?on la regarde comme une bête curieuse. Rebelle dès l?enfance, en presque rupture avec sa famille qui semble ne plus la (re)connaître, elle est devenue une figure de la fille qui « n?aurait pas dû ». Mais son père et sa mère, en filigrane, demeurent toujours en elle : « Et les arômes de ma mère ont envahi notre chambre. Ils imprègnent même nos draps. » Lors de ses rencontres avec le public, elle demeure « maître du jeu » et renvoie toutes les balles. Ses répliques se font instantanées, les syllabes tombent en staccato, comme tomberaient les six syllabes de son nom pour rappeler celui d?une princesse de Nubie. Elle redonne la passion de lire des livres. En ces temps de horma, d?autocensure et de censure, Malika Mokaddem est courageuse. Elle dit, elle s?expose et le revendique. L?Algérienne (l?Africaine ?) qui sort du carcan du haram, brise la calebasse et le pilon et prend le chemin du meddah...  Mes Hommes. Malika Mokeddem. Editions Sédia. Alger 2007


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