Algérie

Passage en force



Au niveau du discours, et après les vives objections de la chancelière allemande, des efforts ont été faitspour que le projet d'Union méditerranéenne n'apparaisse plus comme étant lefait d'un seul pays ou d'une fraction de l'Europe. On retrouve cette même précaution dans «l'appel de Rome»lancé, jeudi, par José Luis Rodriguez Zapatero, Romano Prodi et NicolasSarkozy. Le texte prend en effet soin de préciser que l'union projetée n'a pasvocation à se substituer aux cadres de coopération existants.Mais si Nicolas Sarkozy a reçu l'appui de l'Italie et del'Espagne, deux pays très concernés, il n'a pas pour autant rendu son projettotalement européen. Le fait que cette impulsion vienne des seuls trois grandspays du sud de l'Europe n'est pas de nature à le confirmer. Il serait utile desurveiller les commentaires des autres pays européens, qui se voient en quelquesorte mis devant le fait accompli, puisque les «trois» se sont mis d'accordpour convoquer un sommet des chefs d'Etat et de gouvernement des pays riverainsde la Méditerranée, le 13 juillet prochain, pour les réunir le lendemain avecles pays de l'Union européenne.L'européanisation du projet a tout l'air d'être unesommation aux pays européens rétifs à suivre, ou à tout le moins à ne pas faired'objection. Paris, qui assurera la présidence de l'Union européenne à partirdu 1er juillet, entend donc bien mettre les bouchées doubles autour d'un projetqui laisse sceptiques des européens de poids comme l'Allemagne. C'est enquelque sorte dans le style du président Nicolas Sarkozy de faire dans lepassage en force, sans tenir compte des avertissements exprimés en termes sanséquivoques par la chancelière allemande.C'est sans nul doute pour prévenir les objections quel'Italien Prodi se veut rassurant en indiquant que la nouvelle union se feraavec l'Union européenne, son homologue espagnol, Zapatero, précisant que «cetteinitiative naît au sein même de l'Europe et sera utile à l'Europe».Il restera justement à l'Europe du Sud d'en convaincre lereste, toute l'Europe. «L'appel de Rome» n'est, pour l'instant, que celui d'uneEurope méditerranéenne dont l'intérêt économique, politique et sécuritaire pourla rive sud n'a guère besoin d'être expliqué ni justifié. Ce sont les troispays qui se chargent des travaux préparatoires pour identifier les domaines decoopération prioritaires, les projets et la liste des acteurs qui veulents'engager dans chaque projet.Indéniablement, le président français vient de recevoir del'Espagne et de l'Italie un appui de poids pour mener à bout son projet. Cen'est pas toute l'Europe, mais c'est apparemment suffisant pour le présidentfrançais. Celui-ci, quitte à aménager légèrement son discours, ne semble pas vouloirtrop s'arrêter sur les réserves qui sont exprimées par les autres partenaireseuropéens. En somme, il leur explique que son projet sera mené, avec ou sanseux.Le président français fait preuve d'une grandedétermination, mais le pari n'est jouable que si l'Union méditerranéenne sertréellement à lancer des projets «concrets». C'est sur le terrain, et uniquementcelui-là, que cette union pourrait l'emporter. Et que le passage en forceannoncé à Rome aura une chance d'avoir une suite...


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)