* * * Tweet* *Entretien réalisé par Nassim BenouchéneTSA 25 02 2014Djamel Ghanem, le caricaturiste de « la Voix de l'Oranie », se définit comme une victime de l'arbitraire et d'une cabale montée par son ancien employeur pour contrer la procédure judiciaire qu'il a engagée contre lui pour recouvrer ses salaires impayés. « J'ai confiance en la justice de mon pays qui ne saura jamais se ranger du côté de l'injustice. Elle saura me rendre justice un jour », dira-t-il quand nous l'avons rencontré. Poursuivi pour avoir réalisé un dessin, qualifié par le parquet d'offensant au président de la République, et « qui n'a jamais été publié », il revient dans cet entretien sur le calvaire qu'il vit depuis le mois de septembre dernier.Comment vous-êtes-vous retrouvé poursuivi en justice 'Au mois de septembre dernier, j'avais réclamé mes arriérés de salaires à mon employeur qui a usé de toutes les dérobades pour ne pas satisfaire ma demande. J'avais été recruté comme caricaturiste au niveau de « La Voix de l'Oranie » et depuis la parution de sa version arabophone « Sawt el gharb », je me suis retrouvé à assurer des dessins pour les deux titres. J'ai alors réclamé un salaire pour le travail supplémentaire que je faisais. Mon employeur a alors usé de subterfuges et d'échappatoires pour me priver de ce droit. Ne voyant rien venir après sept ans d'attente, j'ai alors recouru aux services de l'Inspection du travail pour obtenir un procès-verbal de non-conciliation afin de soumettre mon cas aux juges des prud'hommes. Ce fut suffisant pour que la machination contre moi se mette en branle.Mon employeur a alors recouru à une plainte contre moi auprès du tribunal pénal pour offense au président de la République. Je tiens ici à préciser que théoriquement, il n'a pas la qualité pour le dépôt de cette plainte. Il a joint à sa plainte, une esquisse de dessin, non terminée et non signée qu'il a récupérée de l'ordinateur que j'utilisais pour mes travaux dans la salle de rédaction de son journal. Si on part du principe que l'objet du crime a été découvert dans un équipement qui lui appartient, cela voudrait dire qu'il est complice dans cette offense, puisqu'on pourrait supposer que le dessin est une commande qu'il m'avait faite. Mais passons sur ce détail, car la machine s'est mise en branle et j'ai vu toutes les tuiles me tomber sur la tête.Vous avez évoqué dans vos différentes interventions dans la presse des pressions lors de l'instruction 'Oui et je le répète. Lors de ma comparution devant la juge d'instruction, j'ai subi les pires pressions. En lui faisant remarquer que je devais être auditionné en présence de mon avocat, elle m'avait répliqué sèchement, vous n'êtes pas auxEtats-Unis. Je lui ai fait remarquer que je ne suis ni un malfaiteur ni un criminel et que j'avais droit à l'assistance d'un avocat, mais rien n'y fit. J'ai eu l'impression d'avoir commis le pire des crimes, à ce moment-là.Mais l'action juridique que vous avez engagée contre votre employeur, elle suit son cours 'Elle est bloquée par l'action pénale qu'il a introduite, mais je ne me tairai pas car je n'ai fait que réclamer un droit que me garantissent les lois du pays. En principe l'objet du délit n'existe pas, mais l'action a été bâtie sur mon intention d'offenser le président de la République. C'est une première dans les annales de la justice, juger quelqu'un pour un fait qui restait au stade de l'intention.Et qu'en est-il de votre dernière agression par des inconnus 'Jeudi dernier alors que je travaillais comme serveur dans un café. Ici, j'ouvre une parenthèse pour dire qu'après mon départ de La Voix de l'Oranie, certains titres que j'ai sollicités pour travailler m'ont fui comme la peste. Le dernier en date est le quotidien El-Djoumhouria avec lequel je m'étais entendu pour un contrat de travail à durée déterminée, est venu la semaine dernière me dire que le DRS a opposé un véto à mon recrutement dans un quotidien de la presse publique. Je doute fort que le DRS soit à l'origine de ce refus mais je suppose que les forces du mal ont agi en coulisses pour me barrer la route. En voyant toutes les portes se refermer, j'ai trouvé un travail comme serveur dans un café du centre-ville. Jeudi dernier alors que je vaquais à mon emploi, des individus sont venus m'interpeller. Je suis sorti avec eux dehors et sans crier gare, ils m'ont roué de coups, pour je ne sais quelle raison. Ce sont des individus que je ne connais pas et que je n'ai jamais vus auparavant. En me déplaçant au commissariat du 16ème arrondissement pour déposer une plainte, on m'a envoyé balader. Pire encore, on m'a fait subir des brimades. Hier, j'ai pu enfin me faire examiner par un médecin légiste pour faire constater mes blessures. Je tiens ici également à préciser que lors de mon passage dans les locaux du commissariat pour déposer une plainte, un photographe employé de La Voix de l'Oranie est venu m'insulter dans la salle où j'étais auditionné. Je trouve cela comme une autre agression, perpétrée dans les locaux de la police et devant des policiers.La solidarité de corporation s'est-elle manifestée 'Oui, et je tiens à remercier les confrères qui ont alerté l'opinion publique sur mon calvaire. C'est grâce à eux que j'ai réussi à tenir le coup. Car être victime d'une cabale pour avoir revendiqué son droit ça rend fou même les plus tenaces. Je crois que nul n'est à l'abri de ce qui m'est arrivé. Le verdict dans mon procès est attendu pour le 4 mars prochain. J'encours une peine de 18 mois de prison ferme pour un crime que je n'ai pas commis. Mais soyez sûrs, je suis innocent et je tiens à rappeler à mon employeur que je ne me tairai pas et que j'userai de tous les moyens que me confèrent les lois du pays, pour le contraindre à me payer mes arriérés de salaires.Nombre de lectures: 124 Views
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Posté Le : 25/02/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Tweet
Source : www.lequotidienalgerie.org