Pas plus loin que la mosquée !

Il est 6h15 du matin. Il fait encore nuit, il pleut fort et il fait froid. Je suis à l'intérieur du taxi quand un homme, apparemment en situation d'urgence, fait signe au véhicule de s'arrêter.Le chauffeur, gentil monsieur au demeurant, s'arrête, baisse la vitre et attend que la personne lui explique où elle souhaiterait aller. L'homme espérait pouvoir se rendre à Bir Mourad Raïs et on devinait clairement qu'il n'y allait pas pour faire la fête. A 6h du matin, on ne sort pas de chez soi et on ne brave pas le vent et la pluie pour le plaisir d'aller danser. On ne sort que si l'on y est contraint et forcé. Comme pour aller à un rendez-vous médical par exemple. Parce que certains médecins privés préfèrent de nos jours commencer tôt pour ne pas rentrer trop tard chez eux !
Vous devez vous demander de quoi je compte parler aujourd'hui ! Et vous souhaiteriez que je rentre, au plus vite, dans le vif du sujet. Je ne tourne pas du tout autour du pot. J'essaie juste de planter le décor pour tenter de faire un peu mieux apprécier la suite. Une suite qui vous la fait mauvaise et que même le plus bigot d'entre nous aurait du mal à encaisser. Le taxi demande à l'homme où il voudrait s'arrêter à Bir-Mourad-Raïs.
«Au niveau du rond-point», répond son interlocuteur en rabattant les pans de sa veste contre lui avant d'ajouter un «s'il vous plaît» au chauffeur qui ne réfléchit pas longtemps avant d'expliquer qu'il est désolé, qu'il doit obligatoirement se garer devant une mosquée. «S'il y a une mosquée là où vous vous arrêtez, je vous emmène, sinon, je ne peux pas rater ma prière» ! La messe est dite.
Il vous emmène où vous voulez à condition qu'à l'heure de la prière, il puisse se garer aux abords d'une mosquée pour y accomplir son devoir religieux. Et il vous explique son urgence à lui avec une ferveur qui vous stupéfie !
Quand bascule-t-on d'un monde, qui nous a vu évoluer sereinement avec les recommandations divines, vers un autre tellement effrayant où l'on succombe à la plus inhumaine des sommations religieuses ' N'est-il pas flippant cet univers où l'on vous dicte qu'aucune urgence ne peut rivaliser avec la prosternation '
M. B.