Mabrouk Lagoune est un inculpé de déclaration mensongères à la suite d'une plainte hors du commun. Il s'était présenté au tribunal de Bir Mourad Raïs (cour d'Alger) face à Maârouf Chebli, le président de la section correctionnelle et à Mourad Hellal, le procureur de la République, pour s'expliquer sur l'inculpation qu'il considère malvenue et donc nulle et non avenue. «Je suis plutôt une victime», assure-t-il sans rire. Il s'était présenté seul. Il avait fait l'impasse sur l'assistance d'un conseil. Et son choix n'était nullement calculé, oui, il a choisi de ne pas être flanqué d'un défenseur pour la simple raison qu'il connaît la loi sur le bout des doigts. Et il maîtrise très bien les lois relevant de la caisse, de la Cnas, des accidents de travail, des indemnités et autres dommages et intérêts. Très à l'aise dans ces questions posées par un Maârouf Chebli dans un bon jour et dans une forme de débat de semaine encourageante pour la suite du rôle monstrueux comme tous les dimanches à Bir Mourad Raïs, un tribunal qui connaît de par la superficie du territoire où l'on relève les communes de Bouzaréah, El Biar, Hydra, Birkhadem, Béni Messous, et tous les lieux-dits de la commune de Bir Mourad Raïs, tels Sidi Yahia, La Redoute, la Côte et nous passons. Quant aux débats mettant aux prises Lagoune et le tribunal, soulignant la pugnacité de l'inculpé, disons qu'ils ont été dramatiques sur un plan, vu les nombreux dysfonctionnements de la Cnas, dixit Lagoune.
Risibles sur un autre pan du procès depuis que l'inculpé allait jouer contre celui qui le cherche. Il joue aussi son va-tout, mettant en cause l'ignorance du directeur des oeuvres universitaires pour ce qui est de l'application des lois. Il ira jusqu'à rappeler que «le législateur algérien a prévu dans l'article 14 de la loi 83-13 relative aux accidents du travail et aux maladies si l'employeur ne prend pas une initiative concernant ses attributions, il peut, par contre, prendre l'initiative de déclarer la victime ou les ayants droit, voire le syndicat concerné, dans le délai de quatre années à compter du jour du sinistre». L'assistance était restée bouche-bée, car le tout avait été énoncé sur un rythme endiablé et avec un arabe classique qui a dû faire rougir de jalousie certains conseils présents dans la minuscule salle d'audience.
Chebli, le juge, lui, n'avait pas fini de suivre cette remarquable plaidoirie de Lagoune qui avait saisi au vol, que son intervention avait fait mouche, car même Hellal le redoutable représentant du ministère public, pourtant prompt à la réplique prévue par la loi, n'avait pas voulu se mêler de la «partie de rixe à distance - inculpé-tribunal, avec, en fond de toile, le directeur...
Et l'inculpé achèvera comme à la parade: «Le directeur plaignant a aussi le devoir de savoir que si l'accident va dans la responsabilité pénale en direction de celui qui l'a causé d'avoir accès au dossier relatif aux procédures de la part du magistrat en charge du dossier.»
Plutôt épaté, Chebli annonce la date du verdict après avoir pris la précaution de noter deux recommandations dictées par l'inculpé qui connaît visiblement, sur le bout des doigts, les articles de loi sur les accidents de travail. Chapeau! C'est ainsi que concernant le plaignant absent à propos du lieu de l'accident, après trente-deux mois, nier les faits de l'accident, faits prouvés par les services judiciaires concernés, l'inculpé avait, là aussi, martelé ses connaissances qui auront certainement un net retentissement au cours de la mise en examen du dossier qui a vu un justiciable venir à la barre rappeler au directeur des oeuvres universitaires le respect des lois! Et dire que jusqu'au jeudi 24 mai 2012, la Cnas était chapeautée par un certain... Tayeb Louh! et Tayeb Louh pour les jeunes, est un ancien magistrat rebelle rappelé à l'ordre mille fois, suspendu autant de fois, malmené à El Biar, pourchassé, honni, mal-aimé du pouvoir de l'époque.
Comme quoi, si Lagoune parcourait cet espace, il devrait attendre... vingt-cinq ans, le temps durant lequel Louh avait été humilié pour obtenir réparation! Pas de panique, gens de la Cnas. Cette chute a été réalisée juste pour... rire... avant d'annoncer la décision du juge qui avait longtemps réfléchi en remettant sous huitaine la décision: Lagoune est relaxé même si ses tripes avaient été nouées devant le suspense involontaire né d'un premier renvoi du verdict prolongé d'une semaine, permettant au président de mieux réfléchir pour ne léser aucune partie et surtout à la suite de la décision du magistrat du siège de laisser le dossier de Lagoune en dernier. Ouf!
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Posté Le : 02/06/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Abdellatif TOUALBIA
Source : www.lexpressiondz.com