Pas les hommes, les institutions

Il avait suffi de l'écroulement des pouvoirs en place dans les pays arabes pour que s'ensuive immédiatement après l'écroulement des institutions, du moins de ce qui est appelé " institutions ". Le pouvoir dans ces pays reposait sur les tributs, sur les communautés, sur les convergences d'intérêts mais pas sur les institutions. Pour ce qui nous concerne, l'ambition était très tôt affichée quand il avait fallu que l'Algérie se dote de ses propres institutions. " Construire des institutions qui survivent aux hommes ". Pouvons-nous dire que l'Etat ne s'appuie pas sur des tributs pour exercer le pouvoir, mais sur les institutions ' On ne peut pas dire que les institutions survivent aux hommes ou que les hommes survivent aux institutions, mais peut-être pourrions-nous dire qu'il y a une confusion entre hommes et institutions.Face à toute menace, d'où que celle-ci vienne, sous n'importe quelle forme, et quel qu'en soit l'événement, quand bien même que cela soit sujet à des provocations, quels que soient alors les niveaux d'intox auxquels le pays est soumis, sont ce les hommes qui résistent ou les institutions ' Dans les pays arabes, derrière les hommes il n'y a pas d'institutions. Ce sont les hommes qui luttent contre la corruption ou les institutions ' S'il y a une corruption généralisée, c'est parce qu'il n'y a pas d'institutions. Normalement, c'est parce que la construction de l'édifice institutionnel est achevée et légitimée par les élections et par le référendum, que le pays reste stable lors de toute tentative d'instaurer le trouble et de le rendre permanent. Les institutions sont au-dessus des ambitions personnelles. Lorsque les institutions conservent leur stabilité dans des situations créées pour asseoir l'anarchie à des fins d'instabilité, il est alors clair que c'est la démocratie qui constitue le projet politique en construction. Aurait-elle à trembler sur ses assises dès la première charge de ceux qui voudront lui enlever le caractère de souveraineté populaire et se substituer au peuple, alors que c'est le peuple lui-même qui décide et qui définit le sens de la trajectoire politique du pays. Si la démocratie ne résiste pas à la première salve, il serait alors inutile de s'interroger sur la nature du système politique dont l'instauration est poursuivie et qui aurait à définir l'avenir politique du pays. Les hommes peuvent bien entrer en conflit mutuel car appartenant à la diversité politique, les institutions par contre n'épousent pas ces conflits. Elles continuent à jouer leur rôle d'institutions dont l'ensemble représente tout l'Etat. L'Algérie est sereine et ne se soumet pas à des pressions qui visent à créer des rapports de force entre hommes alors que c'est la loi qui régit toutes les relations. La démocratie est un projet, autant dans notre pays que dans le monde entier. L'Etat de droit est un projet tant dans notre pays que dans le monde entier. La démocratie et l'Etat de droit sont en construction, en phase avancée. Le processus d'avancée par les réformes politiques n'a jamais été gelé, ni congelé. Il est inscrit dans sa permanence, et il est porté par les institutions. On sait que le président de la République est également chef de l'Etat. On évalue toujours par rapport aux pays occidentaux. Démocratie type " occidental ", démocratie conforme à nos " valeurs civilisationnelles ", démocratie spécifique ' Chaque courant a en tête son propre modèle de démocratie. On a toujours cherché à mesurer toutes les décisions qui se prennent au sommet de l'Etat à l'aune de leurs rapports à la démocratie mais le problème peut résider dans le fait que le concept de démocratie n'est pas défini consensuellement du fait même que le processus de transition, à un moment donné, ne pouvait pas être un processus de transaction du fait des incompatibilités idéologiques entre programmes portés par les différents acteurs. C'était principalement la cause fondamentale du dévoiement du processus de démocratisation. Quels sont les éléments constitutifs du concept de démocratie quand on fait le constat qu'il y en a ceux qui divergent pour des intérêts pas toujours avoués ' Et pourtant, nombre d'acteurs reconnaissent que les forces disponibles sont rassemblées, que sont bien définis les itinéraires à emprunter, les repères qui devraient permettre le maintien sur le cap de la démocratie et l'atteinte du projet politique ainsi poursuivi.