Algérie

«Pas le moment de discuter de la levée des subventions»


À la veille des élections locales, le chef de l'Etat s'est exprimé sur plusieurs sujets d'actualité à l'occasion d'une rencontre avec des représentants des médias. Il y a évoqué les réformes tant économiques que politiques mais également les relations algéro-françaises et la récente visite d'un ministre israélien au Maroc. Abdelmadjid Tebboune rassure sur la nature sociale de l'Etat qui, dit-il, ne sera pas remise en cause, que des relations normalisées avec la France ne pouvaient être envisagées que sur la base d'un traitement d'« égal à égal », qualifiant d'« infâme et déshonorant » qu'un ministre de l'entité sioniste menace un pays arabe à partir d'un autre pays arabe.Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Sortie médiatique du chef de l'Etat à la veille des élections locales. Abdelmadjid Tebboune a accordé un entretien télévisé dans lequel il a, non seulement abordé des questions nationales, mais également internationales.
Interrogé au sujet de la révision de la politique de subventions, le chef de l'Etat répondra que ce n'était pas le moment d'ouvrir le débat autour de cette question, rassurant sur les intentions de l'Etat de ne jamais abandonner sa nature sociale, et précisant que la levée des subventions ne concernera qu'un tiers des citoyens parmi ceux ayant des revenus «très élevés».
La réforme de la politique d'aide sociale figure bel et bien parmi les grandes réformes devant se concrétiser dès l'année prochaine. Elle se fera après «un débat national élargi» auquel seront associés les syndicats. Une réforme nécessitant certains préalables néanmoins, notamment un certain niveau de numérisation et des statistiques précises.
Toujours sur les questions d'ordre social, le président de la République dira que l'augmentation des salaires à travers l'augmentation du point indiciaire «est une démarche juste ayant pour objectif d'améliorer le pouvoir d'achat des citoyens» sans pour autant donner de délai pour l'entrée en vigueur de cette mesure, affirmant que l'allocation chômage, prévue dans la loi de finances 2022, était proche du salaire national minimum garanti.
2022, l'année des «réformes structurelles»
Evoquant le processus de réformes, le président de la République dira que l'année prochaine sera celle des «réformes structurelles pour la réédification de l'Etat algérien moderne». Un processus, dit-il, déjà entamé et qui sera complété par les élections locales permettant ainsi d'entamer une phase post-électorale qui verra le lancement «des réformes à caractère économique et social».
Il évoque l'ouverture, début 2022, des ateliers pour la révision des codes communal et de wilaya afin de donner davantage de prérogatives aux élus locaux et les doter d'outils leur permettant d'honorer leurs engagements. Il sera également question de créer une inspection générale qui sera placée sous la tutelle de la présidence de la République, afin de «contrôler l'activité des responsables». Une inspection générale, confesse-t-il, qui lui avait valu en 2017 son limogeage du poste de Premier ministre.
Des rapports «d'égal à égal» avec la France
Les questions d'ordre international ont également été évoquées. À leur tête, les relations algéro-françaises au sujet desquelles Tebboune dira que leur retour à la normale ne se fera que sur la base d'un traitement d'«égal à égal», invitant la partie française à comprendre que le traitement «d'égal à égal n'est nullement une provocation, mais plutôt un garant de la souveraineté d'un pays, arrachée au prix de 5 630 000 martyrs tombés au champ d'honneur entre 1830 et 1962». Et d'ajouter que «l'Algérie ne tolérera aucun diktat. L'établissement de relations avec la France ne sera pas synonyme de placement sous sa tutelle». Invité à commenter la récente visite d'un ministre israélien au Maroc, le président de la République dira qu'«il est triste qu'un ministre de l'entité sioniste menace un pays arabe à partir d'un autre pays arabe. C'est la première fois depuis 1948 qu'un ministre de cette entité visite un pays arabe et y profère des menaces à l'encontre d'un autre pays arabe», ajoutant que cela était «infâme et déshonorant». Toujours au plan des relations internationales, et évoquant l'accord d'association avec l'Union européenne, il dira que sa révision permettra à l'Algérie de bénéficier des exonérations douanières qu'il prévoit, de façon à conforter son économie et renforcer sa production et ses exportations. Il dira que « nos relations sont d'abord méditerranéennes, maghrébines et arabes. Nous entretenons de bonnes relations avec l'ensemble des pays musulmans, hormis ceux qui nous sont hostiles. L'Algérie n'a de haine pour aucun pays».
Et d'avertir que «la diplomatie algérienne adopte aujourd'hui la politique d'égal à égal. Nous riposterons à toute attaque, et ce, quelle que soit la nature de l'adversaire», dit-il, regrettant l'existence d'un black-out médiatique concernant l'évolution positive qu'a connue l'Algérie, ajoutant que les médias occidentaux n'évoquent nullement « les expériences réussies de l'Algérie dans nombre de domaines et braquent les projecteurs sur les points négatifs seulement».
Economie : priorité aux investisseurs locaux
Au volet économique, le président de la République a fait part du choix de favoriser les investisseurs locaux, affirmant que «l'investissement en Algérie doit se faire selon le besoin du pays et la priorité est accordée aux opérateurs locaux», a précisé le président de la République, qui regrette que des décisions prises en Conseil des ministres ne soient pas appliquées sur le terrain, assurant que «la majorité des citoyens conviennent de la justesse des décisions qui, hélas, ne sont pas appliquées. Des parties entravent la mise en œuvre de ces décisions». C'est justement la non-application des décisions qu'il avait prises qui est derrière la fin de fonction de walis et de ministres, et que le dernier remaniement ministériel avait été opéré pour ces mêmes raisons.
N. I.
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