Algérie

«Pas de turbulences, mais de l'incompréhension dans les relations»



«Pas de turbulences, mais de l'incompréhension dans les relations»
Il y a eu de l’incompréhension» dans les relations algéro-maliennes et «non  des turbulences». Une déclaration faite à Alger, lundi dernier, par le président malien, Amadou Toumani Touré. Néanmoins, il n’explique pas si, à travers sa visite de trois jours, il espère se faire comprendre auprès de son homologue algérien, avec lequel il s’est entretenu durant plus de deux heures…
La visite de trois jours qu’effectue depuis lundi le président malien Amadou Toumani Touré, en Algérie, intervient 24 heures après l’enlèvement de trois coopérants européens d’un camp de réfugiés sahraouis à Tindouf. Elle intervient aussi au moment où les négociations avec AQMI pour la libération de quatre autres otages français, détenus depuis plus d’une année, se poursuivent au nord du Mali, devenu la base arrière des terroristes. Pour mieux renforcer leurs positions et leurs capacités militaires et humaines, ces derniers n’ont pas trouvé mieux que le «commerce juteux» des enlèvements suivis de demandes de rançon, en profitant de la course «aux négociations», à laquelle s’adonnent des notables et des officiels maliens. Une situation qui a été à l’origine du froid qu’ont connu les relations algéro-maliennes avant d’aboutir à l’incident diplomatique et au rappel de l’ambassadeur algérien en février 2009. Bamako venait d’élargir quatre terroristes, dont deux Algériens réclamés par Alger pour leur implication dans des actions armées. Une mesure exigée par AQMI, en plus d’une rançon, pour la libération de l’otage français Pierre Camatt. La décision suscite un froid entre Alger et Bamako ayant pour conséquence l’inertie des activités au sein du tout nouveau Commandement des états-majors opérationnels et de coordination (Cemoc), créé par les armées des pays du champ, à savoir le Mali, le Niger et la Mauritanie, et dont le siège est à Tamanrasset. Des deux côtés, la méfiance est totale. L’Algérie, en colère, accuse le Mali d’être passif vis-à-vis de la présence de plus en plus puissante d’AQMI. De l’autre, le Mali ne cesse de clamer son «impuissance et son manque de moyens militaires» pour faire face à la menace. Il a fallu attendre les événements de la Libye, au début de cette année, et surtout la nomination de l’actuel ministre des Affaires étrangères, connu pour sa proximité avec l’Algérie, pour que les deux parties se retrouvent. D’abord à Bamako, avec la réunion des chefs d’états-majors des pays du champ, ce qui a permis la relance des activités du Cemoc, puis l’installation de l’Unité de fusion et de liaison (UFL), une structure chargée du renseignement. Mais le coup d’accélérateur est donné par les événements en Libye, notamment après le retour massif de combattants pro-El Gueddafi, puissamment armés, vers le nord. La situation explosive va inquiéter les pays riverains, surtout que parmi eux, beaucoup rejoignent les anciens rebelles maliens et s’organisent pour reprendre la guérilla. La menace est tellement importante qu’elle nécessite en priorité une coopération bilatérale et régionale. Une réalité confortée par les nombreuses interventions des responsables de cette région lors de la conférence sur le Sahel tenue à Alger les 7 et 8 septembre ainsi que les recommandations qui en sont sorties. Des contacts en très haut lieu se multiplient jusqu’au lancement de l’invitation de Bouteflika à ATT, qu’il connaît assez bien, pour une visite de trois jours. Lors de sa visite, lundi en fin de journée, au complexe de la SNVI à Rouiba, le chef de l’Etat malien a déclaré : «Je ne peux pas dire qu’il y a eu des nuages ou des turbulences. Peut-être qu’il y a eu des incompréhensions dans les relations avec l’Algérie. Cependant, de toutes mes visites, celle-ci est la plus importante. Elle est pleine d’émotion…» L’hôte de l’Algérie n’a pas ajouté un seul mot après. Son protocole a empêché les journalistes de poser d’autres questions. Il s’est dirigé droit vers la résidence d’Etat de Zéralda. Aujourd’hui, il est l’invité de l’Académie militaire de Cherchell, où il doit rencontrer les plus hauts responsables de l’institution, avec lesquels la question de la lutte antiterroriste, et à travers elle, le paiement des rançons aux terroristes sera abordée. Dans ce cas, va-t-il donner des assurances pour que plus jamais son territoire ne soit utilisé comme base arrière par les terroristes avec lesquels aucun dialogue ne sera permis, fusse-t-il pour libérer des otages ' Difficile d’y croire, d’autant que les négociations avec AQMI pour libérer les quatre travailleurs d’Areva (en captivité depuis plus d’une année) sont toujours en cours au nord de son pays. En plus, ATT est à la fin de son deuxième mandat. La Constitution de son pays ne lui permet pas de se présenter pour un troisième. Les analystes avertis interprètent sa passivité, devant la gravité de la situation au nord de son pays, par deux scénarios. Soit il veut laisser pourrir la situation pour décréter la région en zone de guerre et, de ce fait, repousser l’échéance électorale jusqu’au retour du calme, soit il veut simplement léguer le contentieux à son successeur, en évitant toute décision ou tout compromis. Dans les deux cas, ce sont les phalanges d’Al Qaîda et les groupes de bandits et de narcotrafiquants qui en profitent pour mieux renforcer leurs réseaux, en prenant en otage toute une population déshéritée, subissant les affres de la sécheresse, de la paupérisation et de la violence. 

 


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