Algérie

Pas de troc !



Le président de la République a éclairé l?opinion publique algérienne sur la nature et le contenu des discussions en cours entre l?Algérie et le Maroc. La visite de Mohammed VI à Alger, bien accueillie d?ailleurs par les Algériens - preuve qu?il n?y a pas d?animosité particulière à l?égard de la monarchie alaouite -, a permis de donner un nouveau cours à des relations devenues par la force des choses tumultueuses, passionnées, difficiles et qui ont, par moments, frisé le pire. Les milieux officiels des deux pays évoquent - à présent - un début de « dégel », mais sans que la moindre information filtre du tête-à-tête entre Abdelaziz Bouteflika et Mohammed VI. Le mutisme des officiels - bien compréhensible devant l?extrême sensibilité du sujet - a été comblé par des supputations et autres rumeurs qui faisaient croire que l?Algérie est sur le point d?abandonner la démarche qui était la sienne depuis 1975 sur la question du Sahara-Occidental et qui se fonde sur les différentes résolutions des Nations unies, réclamant l?organisation d?un référendum sur le dernier territoire à décoloniser au monde. Le Président algérien n?a pas eu recours à des formules alambiquées et n?a pas utilisé des tournures diplomatiques qui pourraient entretenir le flou sur les positions algériennes et porter un tort considérable à la cause du peuple sahraoui, qui souffre le martyre depuis l?occupation de son territoire par le colonisateur marocain. Sur le perron de l?Elysée, en présence de Jacques Chirac, dont le pays porte d?ailleurs, malheureusement, peu de considération aux résolutions des Nations unies sur le Sahara-Occidental, Abdelaziz Bouteflika a présenté, avec clarté, la vision de notre pays sur une question qui a, il est vrai, empoisonné les relations entre les deux pays. « Le problème du Sahara-Occidental dépend des Nations unies. » Cette affirmation signifie que l?Algérie n?a pas du tout l?intention d?engager des tractations ou autres négociations secrètes qui mettraient en difficulté le peuple sahraoui. La diplomatie marocaine s?est attelée durant toutes ces années à convaincre les Algériens qu?une normalisation des relations bilatérales et une redynamisation de la construction maghrébine passent par un infléchissement de la position algérienne. Les Marocains, qui souhaitent évidemment une réouverture des frontières et un réchauffement des relations bilatérales pour d?évidentes raisons économiques, doivent se faire à l?idée qu?il est possible de coopérer, de s?entendre, sans « obliger » l?Algérie à abandonner ses principes diplomatiques. Les autorités algériennes ont d?ailleurs tout à fait raison de ne pas hâter le pas. L?on sait que c?est l?économie marocaine qui a le plus profité des flux commerciaux entre les deux pays, à travers une exportation massive d?essence, de produits alimentaires, de cheptel..., produits largement subventionnés ou importés en devises fortes par l?Algérie. La perte est estimée à près de quatre milliards de dollars avant la fermeture des frontières. En retour, notre pays était devenu un lieu de transit du trafic de drogue, le Maroc étant le plus grand producteur de cannabis au monde. Pour toutes ces raisons, la réouverture des frontières doit obéir à une préparation minutieuse et approfondie pour préserver les intérêts de notre pays.


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