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Pas de sursis pour Cartena Construction Navale, ses bateaux sont sur la «route»



Pas de sursis pour Cartena Construction Navale, ses bateaux sont sur la «route»
Les «SOS» d'une ambitieuse PME privée de constructions navales à Ténès n'ont pas été entendus par les pouvoirs publics. La Sonaric, entreprise publique à l'arrêt depuis de longues années, a été intraitable. Cartena a « dégagé » de ses locaux, ses bateaux sont sur la route. Mais la PME ne veut pas mourir.A la sortie nord de Sidi Akkacha, un village réputé pour ses coteaux à flanc de collines, un spectacle étrange s'offre aux vacanciers qui se rendent à la ville côtière de Ténès: des bateaux de pêche flambant neuf ou en cours de finition gisent là, la cale aux quatre vents. A quelques mètres au-dessus de l'Oued Allala, pollué par les rejets de l'usine de céramique et dont le cours meurt 7 km plus loin, sur la plage de l'antique Cartena ou «Kart Ennas», comme la surnommait Léon l'Africain. C'est là le triste «sort réservé à notre entreprise de construction de bateaux de pêche», déclare à ME Abdelkader Mekakia, gérant de Cartena Construction Navale (CCN). En litige depuis plus d'une année avec la Sonaric, qui lui louait un vaste hangar où elle a démarré son activité, CCN a été déboutée par une décision de justice qui a donné gain de cause au plaignant, la Sonaric. «Les scellés ont été mis au mois de mai à l'atelier de construction implanté à Sidi Akkacha, et nous avons dès lors cessé toute activité», poursuit Mekakia. Et, ce n'est que «vers la fin du mois de ramadhan que nous avons trouvé un terrain privé où entreposer nos bateaux, en attendant de nous installer sur un autre terrain que la wilaya s'est engagée à nous affecter». A défaut d'ateliers abrités, CCN a également un autre terrain où elle entrepose ses bateaux, près du cimetière de la ville de Ténès. «Au moment où il fallait quitter les ateliers loués par la Sonaric, il y avait 14 bateaux en cours de finition. Maintenant, ils sont dehors, exposés aux intempéries», se désole Mekakia, blasé et fatigué par 12 mois de procédure judiciaire pour éviter que CCN ne soit une «SDF»».
RETOUR SUR UNE HISTOIRE
Dans le litige sur le paiement d'arriérés de loyers qui opposait CCN à la direction générale de la Sonaric qui lui louait ses locaux, la justice s'est prononcée en faveur de l'entreprise publique, en cessation d'activités depuis des années. L'usine Sonaric de Sidi Akkacha (7 km au sud de Ténès, wilaya de Chlef) est fermée depuis des années. Un de ses hangars a été loué, en 2009, à CCN. Trois ans plus tard et alors que le carnet de commandes de la jeune PME privée est plein, le PDG de la Sonaric lui ordonne depuis Alger de «quitter les lieux». Une action en justice s'en est suivie et le verdict est tombé, en défaveur de la jeune PME. Une mauvaise nouvelle dans une région où les investissements industriels n'existent pratiquement pas. Les «SOS» de CCN au ministre en charge du secteur de l'Industrie et au Premier ministre, à travers deux lettres ouvertes, sont restés sans écho.
EPILOGUE
La dernière usine privée de sardines du littoral Ouest, entre Cherchell et Ténès, a fermé il y a plus d'une dizaine d'années. Elle était située à Mainiss, sur un promontoire rocheux, à quelques 20 km à l'ouest de Ténés. Auparavant, la conserverie (Enajuc, publique) de Beni-Haoua, spécialisée dans la confiture de figues et de champignons de Paris, avait également rendue l'âme dans les années 1990. CCN, qui ne demandait auprès des responsables du département de M. Rahmani qu'un sursis pour emménager sur un nouveau site, s'est heurtée à l'intransigeance de responsables d'une entreprise publique en quasi cessation d'activité mais maintenue en vie par la grâce des fonds de la SGP Ingelec. En deux années d'activités, Cartena Construction Navale ‘«est fière d'avoir construit 35 bateaux de pêche homologués par les autorités maritimes nationales», se console le gérant de cette PME privée à l'avenir semée d'embûches. Commentaire d'un armateur de Ténès qui ne comprend pas ce qui arrive à CCN : «A moins qu'il ne s'agisse d'une politique sournoise et délibérée pour que les algériens continuent à acheter leurs bateaux de l'étranger».


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