Hier, dès 10h, le centre-ville d'Oran a été réveillé par les chants et les slogans de centaines d'étudiants qui ont tenu, comme promis, leur marche, avec une fougue que le Ramadhan n'a pas du tout entamée. Le ton a été ainsi donné hier matin, avec tout d'abord un rassemblement à la place du 1er-Novembre, où aussitôt les slogans ont montré que le régime, qui tablait sur un repli du mouvement de contestation pour cause de Ramadhan, a encore échoué. Reprenant l'incontournable "Viva l'Algérie. Tous ils partiront", les étudiants venus de plusieurs campus, comme Es-Senia, l'IGCMO, l'USTO et l'Institut hydrologique de la météo, ont martelé à tue-tête : "Ni arrêt, ni retour en arrière", "Ils ont vendu le pays pour des dollars". D'autres slogans demandaient encore le départ de Bedoui, de Bensalah et de Gaïd Salah. Et les étudiants de lancer au moment de l'entame de la marche : "Non aux élections", "Non au gouvernement des gangs". Le secteur de la justice et les magistrats ont aussi eu droit à leurs slogans, leur enjoignant de ne pas réagir aux ordres. "Justice sociale, justice indépendante", a-t-on scandé. Ayant néanmoins modifié l'itinéraire habituel des marches du mardi, qui se tiennent sans faute depuis le 22 février, les étudiants portant banderoles et pancartes ont emprunté le boulevard Emir-Abdel-Kader, puis la rue Larbi-Ben M'hidi. Les passants et les femmes aux balcons suivaient leur procession, totalement surpris et émerveillés par cette jeunesse disciplinée et convaincue. "C'est beau à voir, que Dieu les protège", nous dira une femme d'un certain âge. Et aucun signe de fatigue ou d'essoufflement n'est apparu sur les visages de ces étudiants, plus déterminés que jamais. Bien au contraire, beaucoup d'entre eux nous interpellent."Dites-leur qu'on ne lâchera rien jusqu'à ce qu'ils partent tous", nous dit une jeune fille drapée dans l'emblème national. D'autres s'en prennent à Bensalah et à son discours : "Il est aveugle et sourd aux revendications du peuple, il n'y a plus d'avenir pour lui, qu'il parte." Sur les pancartes, la référence au mois de Ramadhan est visible, comme pour dire que cela ne mettra pas fin à leur mobilisation. "En jeûnant, on continue jusqu'à votre départ", est-il écrit sur certaines pancartes. Arrivés devant le siège de la wilaya, les étudiants se sont assis à même le sol, entonnant des chants révolutionnaires. Le dispositif sécuritaire lui-même n'était pas encore en place à l'arrivée des étudiants. Mais aucun incident ne s'est produit, et en fin de matinée, les protestataires se sont dispersés dans le calme, avec ce sentiment d'une démonstration de force réussie contre le régime et ses hommes.
D. LOUKIL
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Posté Le : 08/05/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : LOUKIL D
Source : www.liberte-algerie.com