Algérie

Pas de répit pour le tribunal virtuel



Bien que le procès prévu hier au tribunal de Sidi-M'hamed des deux anciens chefs de gouvernement ainsi que plusieurs de leurs ministres pour corruption ait été renvoyé au 4 décembre, les réseaux sociaux qui ont relayé l'information se sont emparés de l'événement médiatico-politique en jugeant les deux protagonistes coupables sans qu'aucune décision ait émané de la justice.Le tribunal médiatique, ouvert par les réseaux sociaux depuis l'annonce du ministre de la Justice Belkacem Zeghmati d'en faire un procès public premier du genre en Algérie, continue dans l'espace virtuel avec une multiplication de posts et de commentaires d'internautes qui étaient présents devant le tribunal hier matin. Les internautes ne se sont pas abstenus de faire des commentaires et des posts sur ce procès hors-normes. Plusieurs détails ont été révélés par ces citoyens qui se sont substitués aux journalistes malmenés à l'entrée de la salle d'audience, selon les témoignages et les vidéos qui ont circulé dès le matin. Une situation inconfortable qui a mis également les quelques avocats de la défense dans la gêne puisqu'ils n'ont pas réussi à y accéder.
A vrai dire, l'affaire qui concerne le montage automobile impliquant les deux anciens Premiers ministres accusés d'avoir accordé d'indus privilèges à des hommes d'affaires versés dans ce segment de l'industrie à l'instar, entre autres, de Mahiedine Tahkout, Mourad Oulmi et Ali Haddad, intéresse plus d'un à l'ère où les réseaux sociaux pointent comme espace incontournable d'information, de fake et surtout de manipulation.
Les différentes pages ont posté hier les premières images de la bousculade devant le tribunal avec différents arguments. Et si pour certains, la tenue de ce procès est un gage de transparence marquant une nouvelle période dans le système judiciaire algérien, d'autres, au contraire, y voient une ruse destinée à détourner l'attention de l'opinion publique, estimant que c'est une nouvelle manipulation de la part du régime. Les avis sont ainsi partagés, contradictoires et les internautes s'adonnent à commenter chaque nouvelle information.
A noter que les réseaux sociaux occupent aujourd'hui une telle place qu'ils en viennent à s'ériger en juge.
Si bien que la présomption d'innocence, dont devrait pouvoir jouir un accusé, s'en retrouve bafouée. Ils représentent, de facto, aux yeux de leurs utilisateurs un nouveau moyen de s'approprier une certaine souveraineté en matière judiciaire.
Ilhem Tir


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