Algérie

« Pas de réconciliation avec ceux qui ont du sang sur les mains »Egypte



« Pas de réconciliation avec ceux qui ont du sang sur les mains »Egypte
Tout suspect est immédiatement contrôlé. Sous le choc de la journée sanglante de mercredi, marquée par le bilan effarant de 578 victimes recensées, le drame égyptien révèle la fracture de plus en plus béante des deux Egypte de la violence endémique. Au lendemain du « vendredi de la colère », la dérive fatale imprime une escalade d'enfer : 173 morts (95 au Caire et 25 en Alexandrie) parmi lesquels le fils du guide des Frères musulmans, Mohamed Badie, et 1.330 blessés en 24 heures. La porte-parole du gouvernement a indiqué que 57 policiers ont été tués. Dans la matinée de samedi, le ministre de l'Intérieur a fait état de l'arrestation de 1.004 (dont 558 au Caire) membres des Frères musulmans. Y figure le frère du chef d'al Qaïda, Mohamed El Zawahiri, interpellé à Guizeh, dans la banlieue de la capitale. La guerre civile s'installe dans un pays renouant avec l'ère de l'état d'urgence et du couvre-feu. « Il y aura des manifestations tous les jours », prédit le porte-parole Gehad El Haddad pour faire prévaloir l'esprit de défi et le choix de la confrontation. Le tout nouveau champ de bataille : la mosquée El Fatah assiégée. L'intervention de la police, qui tentait de faire sortir les milliers d'islamistes retranchés à l'intérieur, a tourné à la confrontation. L'agence Mena assure que les blindés de l'armée ont essuyé des tirs provenant des minarets. Des coups de feu, dont ceux des policiers tirant en l'air pour disperser les résidents tabassant à coups de bâtons et de barres de fer les hommes extirpés de la mosquée, ont retenti tout au long de l'opération, suivis par des hélicoptères survolant les lieux à basse altitude. Des soldats ont pu y entrer, comme le montrent les images diffusées par la chaîne privée égyptienne ONTV Live et al Jazeera. Dans l'après-midi d'hier samedi, la mosquée a été totalement évacuée. Face à cette dangereuse escalade qui fait craindre le pire, l'Occident durcit le ton. Des capitales européennes ont déconseillé les voyages en Egypte, alors que la Suède, la Norvège et la Finlande ont commencé à rapatrier leurs ressortissants. Plus significatif : la riposte musclée d'Ankara décidant du rappel de son ambassadeur au Caire qui a aussitôt appliqué la règle de réciprocité et annulé les man'uvres navales prévues en Turquie. De Berlin, le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, a souligné, dans un entretien à l'hebdomadaire Focus, la nécessité de protéger « la minorité chrétienne », victime de la « guerre de représailles » menée par les Frères musulmans. Dans cet isolement international, l'Egypte, qui entend faire face au « complot terroriste » et refuse les « ingérences extérieures », a été paradoxalement confortée par le soutien sans équivoque de l'Arabie Saoudite et de la Jordanie. Le Caire et Damas ' Des crises à positions opposées. Le Caire a toutefois laissé entrouverte la porte d'un dénouement de la crise. Les autorités égyptiennes ont, en effet, affirmé que les membres des Frères musulmans n'ayant pas commis de violence pourraient participer à la transition dans le pays. « Quiconque, issu ou non des Frères musulmans, voulant rejoindre la marche pacifique des Egyptiens vers le futur est le bienvenu », a déclaré, lors d'une conférence de presse, Moustapha Higazy, conseiller du président par intérim Adly Mansour, assurant que l'Egypte « accueille toutes les parties » n'ayant commis « aucun acte terroriste. »


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