Pas de r'seau AEP ni d'assainissement

Plainte - En été, «les maisons ressemblent à des tombes dans lesquelles nous sommes enterrés vivants».Dès l'entrée du village, nous sommes agressés par des odeurs nauséabondes. Et pour cause : en l'absence d'un véritable réseau d'assainissement d'eaux usées, les villageois, ont, chacun selon ses propres moyens, décidé d'opter «pour un provisoire qui dure» en dégageant les eaux usées dans des fosses septiques. Ces dernières sont visibles dans le moindre recoin. Il est vrai que ces fosses sont, aux dires des villageois, utiles, mais elles sont aussi «la source de tous les maux». «Vu nos moyens limités, nous sommes obligés de ne pas creuser ces fosses loin des habitations car, une seule fosse nous coûte en moyenne pas moins de 50 000 DA avec toute la tuyauterie que cela nécessite. En face, outre les odeurs dégagées nous empêchant de respirer particulièrement en période estivale, les moustiques ont élu domicile dans notre village», explique Abdeslam. «Avec le temps, nous sommes confrontés à un problème d'un autre genre sachant qu'une fois pleine, la fosse doit être, soit vidée, soit délocalisée», a-t-il soutenu rappelant que toutes les familles ont déjà beaucoup de mal à subvenir à leurs besoins quotidiens. En outre, l'unique camion-vidange «quand il est en état de marche, car ce n'est toujours pas le cas», appartient à la commune voisine de Ouled Rached a commenté Rabah Mesbah, secrétaire général de l'association du comité du village de Tigmit. Ce dernier n'a pas manqué de rappeler que de nombreux villageois, les enfants particulièrement «souffrent le martyre» durant les longues journées de l'été puisque, en l'absence de climatisation (faute d'électricité) «les maisons, avec leurs portes fermées, ressemblent à des tombes dans lesquelles nous sommes enterrés vivants». «Allez poser la question à tous les habitants et vous constaterez que les réponses seront les mêmes. Nous n'avons jamais exigé l'impossible mais juste être considérés comme des citoyens à part entière», a-t-il ajouté. Ce dernier s'est dit en outre «intrigué» par le fait de voir d'autres villages (sans les citer) bénéficier de toutes les commodités, eau, entretien des routes et électrification entre autres alors que ce n'est nullement le cas à Tigmit Assefssaf. «Je suis né ici. C'est dans ce même village que j'ai grandi. L'Histoire de tout un chacun, je la connais assez bien pour vous dire qu'il est inconcevable de voir des villages qui n'ont jamais servi la cause nationale pendant la Guerre de Libération, mener une vie paisible alors que le nôtre, qui a servi de refuge aux moudjahidine, patauge dans des problèmes sans fin», a-t-il martelé. Se voulant plus convaincant, il nous «invite» à nous rendre dans l'une des maisons qui a vu défiler «même des officiers ALN». A l'intérieur de cette même maisonnette toujours debout, «sont passés de valeureux hommes trop chanceux de ne pas voir dans quel état se trouve ce même village, un demi-siècle après le recouvrement de l'indépendance nationale».