Algérie

Pas de politique pour l'armée



Le dernier édito de la revue El Djeïch, véritable organe de communication des Tagarins, vient acter la position, déjà rendue publique, de l'Armée nationale populaire (ANP), invitée derechef à investir la scène politique. Le général de corps d'armée, vice-ministre de la Défense nationale, Gaïd Salah, avait décidé de ne pas donner suite à l'appel du président du MSP, Abderrezak Makri, qui demandait l'intervention de l'armée pour l'organisation d'une transition politique. L'édito, en guise de mise au point, rappelant le statut consacré de l'ANP ainsi que ses missions «loin de tout calcul et autres surenchères politiques».Ce n'est pas la première fois que la «grande muette», jamais aussi prolixe que ces dernières années, est interpellée publiquement à s'impliquer dans le jeu politique national. Considérée à raison comme un atout majeur dans la stabilité du pays, l'armée fait toujours fantasmer sur le rôle effectif qu'elle pourrait jouer. Certains y cherchent une version turque, d'autres veulent la voir plus visible dans le champ politique ou jouer l'arbitre quant à la succession de Bouteflika, mais il est dit que l'armée ne veut pas se départir de ses missions constitutionnelles. Les précisions de Gaïd Salah, à ce propos, et reprises par El Djeïch, témoignent de la constance de la ligne de conduite de l'armée et cette coutumière «mauvaise pratique, étrange, irrationnelle et inacceptable», pour reprendre les termes du vice-ministre de la Défense, commence sérieusement à agacer.
La démarche de Makri n'étant pas nouvelle du genre, l'ANP avait déjà été destinataire d'un appel lancé par certaines personnalités pour qu'elle intervienne dans le champ politique. Là aussi la réponse est la même, nécessitant l'intervention en personne du chef de l'Etat. A l'occasion du 63ème anniversaire du déclenchement de la Révolution, Abdelaziz Bouteflika, et dans un message à la nation, a déclaré, à propos de l'ANP, qu'elle «doit être tenue à l'abri des surenchères et des ambitions politiciennes». En rappelant «sa mission constitutionnelle de protection de nos frontières face au terrorisme international et au crime transfrontalier», le message de Bouteflika traçait les lignes rouges à ne pas dépasser. Un message adressé, alors, aux partisans d'un putsch déguisé et un rappel à l'ordre aux militaires.
On se rappelle encore de la passe d'armes entre Boukrouh et l'état-major, après la publication de l'ancien président du PRA sur sa page Facebook d'une opinion intitulée «L'Armée algérienne : une muette qui ne veut rien entendre». Dans un éditorial-mise au point de sa revue El Djeïch, l'ANP a adressé une fin de non-recevoir aux appels pressants adressés, durant cette période, pour qu'elle intervienne dans le champ politique. Dans un contexte marqué par des interrogations sur la santé du président de la République et la campagne menée pour l'application de l'article 102 de la Constitution pour sa destitution, le débat sur l'implication de l'ANP dans la vie politique était revenu par la porte des contributions de l'ancien ministre. Pourtant, chacun connaît le poids effectif des militaires dans le destin de l'Algérie et il n'est point d'être devin pour comprendre que rien ne peut se faire sans la bénédiction de l'armée.


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