Algérie

Pas de miracle à Djeddah



La rencontre entre producteurs et consommateurs de pétrole s'ouvre aujourd'hui à Djeddah. Certains pays du Golfe, comme les Emirats et le Koweït, pourraient suivre l'Arabie Saoudite et augmenter leur production. A l'opposé, d'autres pays membres de l'Opep ont signifié qu'ils ne suivraient pas cette tendance. Certains pourraient même envisager de réduire leur production, a indiqué Chorki Ghanem, président de la compagnie pétrolière libyenne National Oil Corporation.

Faut-il parler de division au sein des pays de l'Opep ? C'est un souhait occidental à peine caché, qui rêve à une réédition du scénario de 1986 où l'Arabie Saoudite, rompant avec la politique des quotas de l'Opep, avait inondé le marché et cassé les prix. De nombreux pays, dont l'Algérie, conservent le souvenir cuisant d'une baisse vertigineuse des recettes pétrolières et d'une plongée dans une crise économique sans précédent. Un tel scénario est-il possible dans le contexte d'aujourd'hui ? Beaucoup en doutent. Et l'Arabie Saoudite elle-même, tout en essayant de satisfaire les demandes américaines, ne peut occulter le fait que le marché pétrolier est largement plombé par l'action des spéculateurs. Le prince Abdelaziz Ben Salman, vice-ministre du Pétrole, l'a admis en indiquant que son pays allait demander aux gouvernements occidentaux d'agir contre la spéculation qu'il considère comme un des principaux facteurs de la hausse des cours.

« Les gouvernements ont un rôle à jouer pour organiser et structurer les marchés (pétroliers), de manière à ce que les spéculateurs ne puissent pas se comporter d'une manière qui a permis aux prix du pétrole d'atteindre les niveaux actuels ». Le constat est juste mais il est vain d'attendre des pays occidentaux qu'ils agissent contre la spéculation, tant le « marché » est élevé au rang de religion. Sans compter que les banques occidentales, qui ont été si irresponsables dans leur gestion - comme en témoigne la crise des subprimes -, sont en train de se refaire une santé grâce à la spéculation effrénée sur les matières premières et notamment le pétrole.

Le fait que les Occidentaux choisissent de demander aux pays pétroliers de pomper davantage de pétrole est un indicateur qu'ils n'entendent pas agir pour mettre un frein aux mouvements spéculatifs qui, selon des experts, sont responsables pour au moins 40% dans la flambée des cours pétroliers.

Autre élément que l'on feint d'ignorer: la valeur excessivement basse du dollar a, immanquablement, un effet sur la flambée des prix. Il reste un autre aspect important, celui de la politique américaine à l'égard de l'Iran, qui crée des incertitudes et favorise des projections pessimistes. Il est vrai qu'une attaque contre l'Iran - toujours agitée par Bush et les Israéliens - comporte un risque sérieux d'une réduction des quantités pétrolières mises sur le marché. L'Iran n'est pas un petit producteur et même la mise à contribution de l'Arabie Saoudite ne pourra le compenser.

L'Opep, qui ne représente que 40% du marché mondial, ne peut réparer l'irresponsabilité des pays consommateurs et principalement du plus puissant d'entre eux. Djeddah peut être une rencontre utile, elle n'a pas de solution miracle, même si elle est si proche de La Mecque.




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