Les fluctuations tant de la balance commerciale que celle plus significative de la balance des paiements implique, renvoie à ce constat amer : l'Algérie depuis l'indépendance politique est une économie fondamentalement rentière, le système financier, enjeu énorme de pouvoir, étant étroitement connecté à la production de la rente.Toute augmentation ou baisse du cours des hydrocarbures avec les dérivés (98/97% des recettes en devises) ont eu des incidences à la fois économiques et politiques comme en témoigne les impacts politiques de la crise de la baisse du cours entre 1986/1990. Le cours du pétrole a subi une baisse brutale étant coté le 13 aout 2019 à 60,75 dollars pour le Brent et à 56,75 dollars le baril pour le Wit suivi du cours sur le marché libre du gaz naturel, représentant 33% des recettes de Sonatrach en 2018, coté également le 13/08/2019 à 2,11 dollars le MBTU ayant fluctué ces 12 derniers mois entre 4,93 e t 2,06 le MBTU, où à ce cours l'Algérie peinera à couvrir les frais de production et d'avoir des incidences négatives.
1- Comprendre la crise actuelle implique de saisir les liens dialectiques entre la production de la rente -Sonatrach et sa distribution à travers le système financier notamment les banques publiques qui canalisent plus de 85% des crédits octroyés expliquant que la réforme profonde du ministère des finances qui doit être couplé avec celui du commerce (une seule DG suffirait) pour plus de cohérence, responsable de nombreuses licences d'importation et autres autorisations de complaisance. La réforme du système financier, intimement liée à la démocratisation de la société et à la liberté d'entreprendre sans contraintes bureaucratiques ne saurait se limiter à la rapidité de l'intermédiation à travers l'informatisation, pourtant nécessaire, n'a jamais eu lieu depuis l'indépendance politique, car étant un enjeu crucial de luttes de pouvoir de redistribution de la rente à travers des relations de clientèles diffuses. Sans sa réforme profonde autant que celle de des institutions (l'administration centrale/locale) et de la justice, il serait utopique de s'attaquer à l'essence de la corruption, se limitant à des actions conjoncturelles où demain les mêmes causes produiront les mêmes effets (voir A.Mebtoul www.google 2009, démocratisation et l'impérieuse réforme du système financier algérien). La réforme urgente, étant une question de sécurité nationale, doit toucher toutes les structures du Ministère des finances où des audits poussés doivent être entrepris pour combattre les dysfocntionnements :
-toutes les banques publiques notamment les directions et sous directions de crédit, qui canalisent plus de 85% des crédits octroyés,
- les Caisses de garanties octroyant parfois des garanties de complaisance comme cela a été constaté récemment,
- la DG de la fiscalité avec des non recouvrements faramineux inexplicables les seuls pénalisés étant les salariés et fonctionnaires dont la retenue est à la source,
- les domaines incapables d'avoir un registre cadastre transparent afin d ?éviter le bradage du patrimoine national,
- la douane sans tableaux de la valeur reliés aux réseaux tant nationaux internationaux, comme je l'ai préconisée entre 1982/ 1983 en tant que haut magistrat et DG des études économiques à la Cour des comptes qui n'a jamis vu le jour car toucnant de puissant sintrets rentiers
2- Les exportations en valeur ont été en 2018 de 41,17 milliards de dollars (moyenne annuelle 70 dollars le baril) et pour 2019, entre 30/31 milliards de dollars, hypothèse cours moyen 60/62 dollars et gaz 4/5 dollars le MBTU (prévision). Quant aux importations, elles ont été en 2018 de 46,19 milliards de dollars US avec une prévision en 2019 45 milliards de dollars (prévision montant incompressible). A cela il faut ajouter pour les orties de devises le poste services où selon la banque d'Algérie, au cours des 9 dernières années, les importations de services ont fluctué entre un bas de 10,776 milliards de dollars (2013) et un haut de 11,696 milliards (2014) dont la facture fluctue entre 2010/2018 entre 10/11 milliards de dollars annuellement qui impacte négativement la balance des paiements avec une sortie de devises 2018/2019 entre 55/56 milliards de dollars.
Nous avons à titre d'exemple pour 2018 le transport maritime (2,95 milliards de dollars), le BTP (2,65 milliards de dollars) et l'assistance technique (3,22 milliards de dollars). Rappelons que la loi de finances 2019 qui fonctionne sur la base d'un cours de pétrole supérieur à 105 dollars le baril, prévoyait, pour la période 2019-2021, une baisse des réserves de change à 62 milliards usd en 2019, puis à 47,8 milliards usd en 2020 pour atteindre 33.8 milliards usd en 2021.
Or avec la crise politique qui non résolue paralyse l'économie, ces prévisions risquent de ne pas être concrétisées. En effet, nous avons eu une baisse d'environ 7 milliards de dollars entre janvier et avril soit en quatre mois et à ce rythme la baisse fin 2019 serait de 21 milliards de dollars. Les investissements directs étrangers fléchissant à cause de la crise politique et au rythme de la dépense publique qui tire à plus de 80% la croissance (75/80% des entrants des entreprises publiques et privées étant importés), les réserves de change risquent de clôturer à environ 58 milliards de dollars fin 2019, 37 en 2020, 16 milliards de dollars fin 2021 et une cessation de paiement avant le premier trimestre 2022.
Les réserves de change maintenant la cotation du dinar algérien à plus de 70%, dans l'hypothèse d'un niveau de 10/15 milliards de dollars, la Banque d'Algérie sera contrainte de dévaluer le dinar officiel à environ 200/220 dinars un euro avec une envolée du cours sur le marché parallèle qui fluctuera en fonction du taux d'inflation entre 300/400 dinars un euro et beaucoup plus si le taux d'inflation dépasse les 20/30% en cas d'accélération du financement non conventionnel et du maintien de l'actuelle politique économique facteur d'une productivité et production interne faible. Méditons attentivement l'expérience vénézuélienne première réservoir mondial de pétrole et une économie en semi faillite.
En résumé, les lois économiques étant insensibles aux slogans politiques populistes et le temps ne se rattrapant jamais en économie. Car dans le cas du retour au FMI 2021/2022, il serait utopique tant pour le pouvoir, l'opposition qu'El Hirak de parler d'indépendance sécuritaire, politique qu'économique avec le risque d'une déstabilisation de l'Algérie avec des incidences géostratégiques. Pourtant, évitons toute sinistrose : avec la valorisation du savoir pilier du développement du XXIème siècle, une vision stratégique s'adaptant au nouveau monde en perpétuel mouvement, la bonne gouvernance, (lutte contre la mauvaise gestion et la corruption), le ciblage de projets à valeur ajoutée, l ?Algérie peut fonctionner avec un baril de 60 dollars et éviter ce scénario catastrophe que nul patriote ne souhaite.
Professeur des universités, expert international Dr Abderrahmane Mebtoul
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 17/08/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Abderrahmane Mebtoul
Source : www.lnr-dz.com