Algérie

Pas de grands barrages en vue, l'Algérie se rabat sur les petits ruisseaux



Pas de grands barrages en vue, l'Algérie se rabat sur les petits ruisseaux




L'Algérie n'a pas de Nil ni de Hassi Messaoud de l'eau. Pour poursuivre l'effort de mobilisation des ressources disponibles, elle opte pour un cocktail de petits ruisseaux : barrages de moyenne dimension, dessalement, et traitement des eaux usées.

L'Algérie change de cap dans la construction de nouveaux barrages. Les grands sites offrant un niveau de ressources élevé sont épuisés. Pour maintenir le rythme de progression actuel de mobilisation des eaux, le pays devra se rabattre sur des sites aux capacités plus réduites, plus nombreux, dans un schéma semblable à celui des hydrocarbures : même s'il n'y pas eu de nouveau Hassi-Messaoud, l'Algérie a réussi à augmenter sa production grâce à une multitude de nouveaux puits.

Le barrage de Beni Haroun, avec près de neuf cent millions de mètres cube, restera le seul de cette envergure dans le pays, qui ne dispose pas de site similaire dans des zones à forte pluviométrie. Sur les 14 barrages qui seront livrés durant le quinquennat qui s'achève en 2014, les ouvrages auront une capacité moyenne de 50 à 60 millions de mètres cube, selon le ministre des ressources en eau, M. Hocine Nassib.

Au total, l'Algérie disposera de 84 barrages en 2014, ce qui fait dire au ministre des ressources en eau que l'étape de «la mobilisation des eaux est pratiquement gagnée». «Ce niveau de disponibilité de l'eau a été atteint grâce à un effort important de l'état durant la décennie écoulée», a déclaré M. Necib.

Les gains doivent donc être recherchés ailleurs. Il faut «une gestion plus performante», avec «l'introduction de nouvelles techniques». Celle-ci concerne notamment la poursuite de la lutte contre l'envasement des barrages. Des opérations ont été déjà lancées, et d'autres suivront, dans six barrages, ceux de Foum Gueiss à Guelma, Chorfa à Masacara, Zardeza, près de Skikda, Djorf Torba, à Béchar, et Merdjet Sidi Abed, près de Relizane. Mais pour assurer une solidarité nationale dans ce domaine, le gouvernement poursuivra le projet d'interconnexion des barrages, qui permettra de faire face à des épisodes éventuels de sécheresse.

OBJECTIFS DU MILLENAIRE ATTEINTS

M. Necib a qualifié le prix de l'eau de «symbolique», car à 6.30 dinars le mètre cube de base, il est loin de couvrir les frais de production. Mais cette politique a donné des résultats, car elle a permis d'offrir aux Algériens une dotation moyenne de 175 litres par habitant et par jour. C'est un résultat meilleur que celui fixé par les Nations-Unies dans le cadre des objectifs du millénaire pour le développement. L'Algérie a atteint en 2011 les objectifs fixés pour 2015. Actuellement, 95% des Algériens sont reliés au réseau d ‘eau potable et 87% au réseau d'assainissement. Ces chiffres atteindront respectivement 98% et 95% à fin 2014, selon le ministre des ressources en eau. Ces résultats sont importants dans l'absolu, mais demeurent en deçà des attentes au regard de l'ampleur des financements mobilisés.

Où trouver de nouvelles marges pour l'eau ? Dans l'utilisation des eaux recyclées, dans le dessalement, et dans l'exploitation de la grande nappe phréatique du sud, dont les ressources ne sont pas renouvelables. Pour le dessalement, les capacités installées sont de 1.2 millions par jour, et atteindront 2.3 millions de mètres cube en 2014, avec le lancement de la grande station de Mers El-Hadjadj, entre Oran et Arzew, c'est une capacité de 500.000 mètres cube/jour. Toutefois, si le dessalement offre une bouffée pour de nombreuses villes, le volume mobilisé demeure modeste. A la fin du programme du quinquennal, toutes les stations de dessalement fonctionnant à plein rendement, rempliraient à peine les deux tiers du barrage de Beni Haroun.

PROBLEMES CULTURELS

Au sud, l'Algérie n'exploite que la moitié des cinq milliards de mètres cube qui lui sont alloués au titre d'un accord sur l'exploitation de la grande nappe qui déborde sur la Tunisie et la Libye. La marge est importante, mais l'exploitation de cette ressource risque de soulever de nouvelles polémiques, en raison de son caractère non renouvelable, et des besoins élevés que risque de provoquer l'exploitation des gaz de schiste.

Des stations d'épuration ont été réalisées en nombre important, mais leur fonctionnement n'est pas exploité à fond. A cause de problèmes en aval, mais aussi à cause de comportements psychologiques et sociaux : non seulement les installations nécessaires ne sont pas mises en place pour l'exploitation de cette eau, mais nombre de fellahs rechignent encore à l'utiliser pour l'irrigation. «C'est un comportement non rationnel, mais assez répandu», reconnait un cadre de l'hydraulique d'Alger.

Résultat : les eaux traitées ne sont pas utilisées en quantité suffisante pour l'agriculture, ce qui permettrait de libérer de nouveaux volumes pour les villes, et permettrait à l'Algérie d'améliorer ses bilans. Pourtant, en période de sècheresse, certains fellahs utilisent les eaux usées pour l'irrigation, sans même les traiter.




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