Algérie

Pas de fumée blanche à Manhasset



Sahraouis et Marocains entament aujourd'hui, et pour une durée de trois jours, le troisième round des négociations à Manhasset, sur l'île de Long Island aux Etats-Unis, avec des projections très basses d'une percée dans les négociations. La porte-parole du secrétaire général de l'ONU, Michèle Montas, invoquant le caractère «délicat » des discussions en cours, a indiqué que les pourparlers seront «encore une fois privés». En clair, cela se fera loin du regard des médias. Ces précautions signifient-elles que l'isolement des délégations pourrait ouvrir une brèche dans un dossier où les positions sont difficilement conciliables ? Car, on ne le répétera jamais assez, le Front Polisario est dans une démarche souple, celle qui accepte que les deux possibilités, intégration au Maroc ou indépendance, soient soumises au vote de la population du Sahara Occidental. A l'opposé, la position de Rabat est fermée puisqu'elle est fondée exclusivement sur le plan d'autonomie, présenté comme étant la seule issue possible. A partir de ces constats simples, on peut prédire que le troisième round ne débouchera pas sur grand-chose. On aurait aimé entrevoir une percée possible, une fenêtre d'opportunité, on a de la peine à la dénicher. Le temps des miracles étant bien révolu, il ne faut appréhender ces discussions « privées » que sous l'angle des jeux de pressions diplomatiques. Certains pays occidentaux, ce n'est pas un secret, n'envisagent ces négociations que comme une pression sur le Polisario pour l'amener à avaliser le plan marocain d'autonomie. Ils sont, comme le Maroc d'ailleurs, gênés par le fait que même dans ses ultimes résolutions, obtenues par consensus, le Conseil de sécurité continue de faire référence à «l'autodétermination du peuple du Sahara Occidental». Comment faire passer un référendum portant exclusivement sur le plan d'autonomie de Rabat comme étant un exercice plein du droit à l'autodétermination, conforme aux buts et principes de la Charte des Nations unies, voilà la quadrature du cercle. A un moment, l'idée d'un désengagement de l'ONU leur a paru comme une voie possible, mais ils se sont rendu compte que cela n'octroie aucune légitimité juridique au Maroc sur le Sahara Occidental. Le jeu désormais consiste à rester dans le cadre de l'ONU afin de donner une légitimité internationale à une dénaturation du principe de l'autodétermination. A l'évidence, les alliés occidentaux du Maroc comptaient - et apparemment ils comptent toujours - que le plan d'autonomie marocain allait susciter des défections ou des divisions au sein du Front Polisario. Le problème est que ces calculs - qui auraient pu justifier que l'on exerce ensuite des pressions sur Alger et les pays attachés à l'autodétermination des Sahraouis - se sont avérés erronés. Bien au contraire, le Polisario, en évoquant une reprise possible de la lutte armée, a clairement signifié que sa patience est à bout et qu'il se refusait à une autodétermination tronquée. C'est dans ce cadre pessimiste que se déroule ce troisième round. On peut douter que de la fumée blanche puisse sortir de cette rencontre «privée».


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