Algérie

Pas de coopération algéro-marocaine dans la lutte contre le trafic de drogue (gendarmerie)


Il n'y a pas de coopération entre l'Algérie et le Maroc dans la lutte contre le trafic de drogue, alors que la frontière entre les deux pays, officiellement fermée, demeure la principale voie de transit de la drogue dans la région. Les pistes du Sahel, quant à elles, restent contrôlables, mais constituent une très grande menace pour l'avenir, car elles risquent à terme de constituer un point de jonction pour les trafics de kif, de cocaïne et d'héroïne, selon la gendarmerie algérienne.
La frontière algéro-marocaine est le principal pourvoyeur du marché algérien en drogue. Elle fournit les deux tiers d'une marchandise essentiellement destinée au marché européen. Mais malgré ces chiffres alarmants, l'Algérie et le Maroc ne coopèrent pas dans la lutte contre le trafic de drogue, a déclaré lundi le colonel Djamel Zeghida, directeur de la sécurité à la gendarmerie algérienne.
Durant le premier trimestre 2012, 42 tonnes ont déjà été saisies dans la seule wilaya de Tlemcen, frontalière avec le Maroc, a indiqué le colonel Zeghida au cours d'une émission de radio. La région frontalière avec la Tunisie, avec une saisie de 182 kilos en une seule fois à Annaba, est elle aussi active, mais sans rapport avec ce qui se passe à la frontière ouest. Mais sans citer le Maroc, le colonel Zeghida s'est contenté de dire qu'il y a coopération avec les « pays voisins à l'est », mais pas avec « l'ouest ».
La frontière constitue « un handicap » pour la lutte contre le trafic de drogue, mais pour le trafiquant, c'est une « aubaine », a dit le colonel Zeghida, qui, malgré l'extension du trafic interne, a réitéré que l'Algérie reste un pays de transit, non de consommation. Les enquêtes ont révélé que « 95 pour cent des quantités saisies sont destinées à être réexportées », a-t-il indiqué.
La grande crainte pour l'avenir, ce serait l'émergence d'une zone grise dans le Sahel, qui permettrait la jonction entre différents réseaux, selon la gendarmerie algérienne. Le hachich en provenance du Maroc, la cocaïne en provenance d'Amérique du Sud et l'héroïne d'Afghanistan pourraient affluer vers une zone d'instabilité dans le Sahel, a ainsi déclaré le colonel Zeghida. Il a toutefois noté que les réseaux du sud ne sont pas très actifs en ce moment.
Traditionnellement, l'Algérie soutient que les zones d'instabilité politique servent souvent à couvrir les trafics en tous genres, armes, drogue, argent et même traite humaine. Al-Qaïda au Maghreb Islamique et les différents groupes djihadistes activant au Sahel sont soupçonnés de se financer en procédant à des prises d'otages et en couvrant le trafic de drogue. Les « itinéraires et circuits » sont « identifiés et connus », et les connexions entre trafic de drogue et les autres réseaux « sont établies », a déclaré le colonel Zeghida.
Peu de drogues dures
Les réseaux ont procédé à des changements dans le mode opératoire. A travers la frontière marocaine, les trafiquants privilégient l'acheminement par petites quantités, avec des transporteurs qui se contentent d'un sac à dos, pour limiter les pertes en cas de saisie, a indiqué le colonel Zeghida. Quant aux grands convois, utilisés dans le sahel, ils sont moins nombreux. Ils peuvent compter une dizaine de véhicules, chacun d'eux étant autonome, avec son carburant, sa marchandise, ses armes et ses passeurs. Pour l'heure, deux armes seulement ont été saisies dans la lutte contre les réseaux du sud, contre onze durant l'année 2011.
Concernant le marché algérien, il consomme une partie infime des quantités en circulation. Seules six tonnes saisies étaient destinées à la consommation locale, a indiqué le colonel Zeghida, qui a refusé de donner une estimation financière, de peur que ses propos ne servent d'indication pour fixer les prix. Il a cependant indiqué que les prix ont baissé, car la production 2012, dont la cueillette a lieu entre mai et juillet, arrive actuellement sur le marché, ce qui amène les trafiquants à liquider à bas prix les stocks de l'année précédente.
Le colonel Zeghida par ailleurs réfuté l'idée selon laquelle les drogues dures feraient une entrée en force sur le marché algérien. En 2011, les saisies se sont limitées à un kilo, contre 700 grammes pour l'année en cours, a-t-il dit. Quant aux plantations de pavot d'opium, qui sert de matière première pour la production d'héroïne, seule une tentative a été enregistrée en 2006-2007.
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