Algérie

Pas de consensus pour le consensus !



Pas de consensus pour le consensus !
Le FFS a vraiment du mérite et surtout du courage. Mérite de militer inlassablement pour réunir un consensus politique national. Courage de tenir le cap malgré les critiques acerbes et les procès d'intention. Aussi louables soient-ils, ses efforts, tels ceux de Sisyphe roulant son rocher, renseignent beaucoup sur la façon dont les politiques conçoivent l'idée même de consensus. Tout aussi bien sur leur incapacité à y parvenir. Car lorsqu'ils le recherchent, sous toutes ses formes, large, général, absolu, dynamique, dur ou mou, opposition et pouvoir aboutissent généralement au dissensus ! Situation paradoxale, mais ô combien algérienne. Illustrée depuis la présidentielle de 2014 par l'incapacité du pouvoir à réunir le consensus autour de son projet de révision constitutionnelle. Marquée aussi par l'impuissance de l'opposition à parvenir à un consensus au sujet d'une transition démocratique. Dicos et manuels de science politique nous apprennent que le consensus est un accord entre diverses parties. Arrangement à distinguer toutefois de l'unanimité qui met en évidence la volonté manifeste de tous les membres dans l'accord. Le consensus exprime ainsi l'existence au sein d'un même groupe d'un accord général. Un accord tacite ou manifeste, positif et unanime permettant d'agir ensemble sans qu'il y ait forcément vote préalable ou délibération particulière. Il y a donc consensus quand on admet qu'une opinion est largement partagée. Soit parce qu'une forte majorité penche en sa faveur, soit qu'elle repose sur le constat d'absence d'une opposition réelle ou sérieuse. À contrario, le mot latin dissensus, bien qu'il n'apparaisse pas dans les dictionnaires, est utilisé pour désigner l'échec patent d'une recherche de consensus. Et, jusqu'à preuve future du contraire, cela semble être le cas de la démarche du FFS. C'est ainsi que les politiques excellent dans l'art de réunir le dissensus ! Bien malgré eux ou à l'insu de leur plein gré. Sinon, comment expliquer alors que les uns et les autres, quand ils recherchent, de bonne foi et avec la meilleure volonté du monde, à être consensuel, le font souvent, chacun de son côté ' Chez nous, en politique, à chacun donc son consensus. C'est ce qui est arrivé aussi au pouvoir qui n'a pas voulu ou pu convaincre l'opposition la plus représentative d'adhérer à sa démarche de révision de la Constitution. Même échec pour l'opposition, regroupée au sein de la Commission nationale pour les libertés et la transition démocratique qui compte des opposants de différentes sensibilités, dont des islamistes réputés modérés. Même insuccès pour le «Pôle du changement démocratique», devenu «Pôle des libertés» que l'ancien candidat à l'élection présidentielle, Ali Benflis, veut incarner. Même bide pour le FFS qui peine à convaincre de la perspicacité et de l'efficacité de son idée de réunir une conférence sur un «consensus national» pour une «sortie de crise» et une «transition démocratique». Constat de carence, il n'y a pas, à ce jour, de consensus pour le consensus. Aussi, chaque partie semble-t-elle juger qu'elle est plus sagace que les parties invitées à se joindre à son initiative. Ça a l'air de fonctionner sur le mode individuel de «vos idées sont bonnes, mais pas aussi bonnes que les miennes qui doivent finalement prévaloir». C'est-à-dire, réunir le consensus que j'aurai moi-même favorisé, avec vous, mais cependant tout seul ! Cette façon de penser et d'agir rappelle ce qu'un éditorialiste avait écrit en 1993, alors que les services de sécurité peinaient à agir de conserve contre le terrorisme alors en phase ascendante. Ce confrère, évoquant une réunion de concertation devant aboutir à un travail coordonné sur le terrain, avait écrit, en guise de conclusion : «désormais, les services de sécurité coordonneront chacun de son côté» ! Et c'est le cas de le dire aujourd'hui pour le pouvoir et l'opposition.Cette impuissance à s'entendre sur un plus petit multiple commun ou, à défaut, un plus petit dénominateur commun, ne leur est toutefois pas propre. Elle caractérise généralement les Algériens souvent inaptes à travailler ensemble. Même inaptitude à mutualiser les moyens et les énergies, à développer des synergies pour faire aboutir un projet commun. Pour défendre ensemble le «Bien commun», quelles que soient les différences doctrinales de base et les divergences politiques du moment. Chez les politiques, cette impotence s'appelle le «zaïmisme». Maladie infantile du leadership et de l'égocentrisme à l'algérienne. Mais aussi de l'autoritarisme et du paternalisme qui, en Algérie, peut être aussi de sexe féminin. N'est-ce pas Louisa 'N. K.




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