C’est un roman historique que nous présente Sidali Kouidri Filali pour son premier ouvrage, Wallada, la dernière andalouse, aux Editions Hedna, publié début mars 2021 l Le livre nous replonge dans une époque forte aux bouleversements inouïs.
A travers le récit de Wallada, fille de l’un des derniers califes omeyyades de l’Andalousie musulmane, nous revivons dans le détail la crise multidimensionnelle ayant frappé ce territoire ibérique durant le premier siècle du précédent millénaire.
En effet, les séquelles de la dictature de Mohamed Ibn Abi Amer, dit El Manzor, se matérialisent dans divers camps régionaux andalous, et qui deviendront, quelques années après sa mort, les taïfas. Ces Etats qui revendiquent une légitimité pour régner sur des régions plus au moins importantes et d’autres insignifiantes. Parmi les taïfas au fort potentiel militaire et politique, celle de Séville, qui deviendra la possession des Ibn Abbad.
Ces derniers mettront en branle autant de subterfuges et de stratégies politiciennes afin de s’emparer de l’ensemble de l’Andalousie, et pour s’arracher un quitus politique aux yeux des différents groupes de la population (musulmans, chrétiens ou juifs ; Arabes, Berbères ou Mozarabes).
Mais Ibn Zeydoun, ministre auprès de Ibn Djawhar, gouverneur de l’ancienne capitale omeyyade, Cordoue, et que l’auteur ne manque pas de relever son talent politique au-delà de ses prouesses poétiques, trouve l’astuce pour ne pas entrer en guerre contre les Abaddides.
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D’autre part, et toujours via le personnage singulier de Wallada, qui raconte les péripéties de son cher pays et de ses amours d’antan, nous assistons à la montée en puissance d’une dynastie berbère, celle des Ibn Ziri. A ne pas confondre avec les Ziri, fondateurs d’Alger. Il s’agit là d’une branche cadette, qui va à son tour fonder la somptueuse Grenade, et s’emparer même d’Almeria.
L’auteur braque ainsi les projecteurs sur un épisode peu connu de l’histoire de l’Andalousie médiévale, à savoir l’importance des Berbères sur l’échiquier militaro-politique. Sidali Koudiri Filali rappelle par ailleurs la complexité du pouvoir des taïfas. Caractéristiques particulières d’une Andalousie musulmane autrefois unie et redoutable sous la bannière des Omeyyades courdouans, mais qui se trouve désormais menacée par un roi castillan. Wallada bint El Moustakfi, grande poétesse reconnue dans la littérature arabe, déplore le présent qu’elle vit.
Après avoir vécu dans la luxure et s’être entourée dans ses cénacles des poètes les plus virtuoses de son temps, elle assistera à l’arrivée des Almoravides, des Berbères Sanhadja, qui avaient décidé de «chasser les roitelets corrompus». Enfin, sont présents dans le roman des personnages comme Ibn Hazm, l’érudit aux mille savoirs ; Ibn Naghrella, le ministre-diplomate des berbères Zirides ; Ibn Hayyane, l’historien et principal témoin de la chute des taïfas, ainsi que d’autres acteurs attirants et atypiques, à l’instar de Khalaf.
Ce qui plaira certainement aux amateurs de romans historiques à la lecture des destins croisés et tumultueux de tous ces protagonistes. Une première sortie littéraire qui promet.
L’ouvrage est riche en enseignements d’une époque trouble et majestueuse, racontée en deux temps, dans une Andalousie certes de poésies et d’amour, mais aussi des plus impitoyables trahisons. Dans une écriture fluide et captivante, les pages de ce livre nous font voyager vers des siècles lointains, et tiennent en haleine le lecteur jusqu’aux dernières lignes de ce roman palpitant.
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Posté Le : 29/03/2021
Posté par : litteraturealgerie
Ecrit par : MEHDI BSIKRI
Source : El Watan