Une année après la disparition, le 10 juillet 2012, de Abderahim Sekfali, sa production scientifique vient d'être publiée à titre posthume par la maison Elalmaia Edition Diffusion.Le nouvel ouvrage, édité avec le concours du ministère de la Culture dans le cadre du fonds national pour la promotion des lettres à l'occasion du 50ème anniversaire de l'Indépendance, est consacré à une association emblématique dans l'histoire de la ville de Jijel : Médersat El Hayat. L'auteur présente tout au long des 240 pages une histoire illustrée et commentée de la vie de cette association de sa naissance en 1933 jusqu'en 1962. Dans sa préface, l'écrivain Mourad Bourboune, relèvera l'importance de cette initiative des hommes, «issus des vieilles familles jijeliennes» qui «prennent sur eux de lancer une contre-offensive» au rouleau compresseur de la colonisation qui, écrira-t-il : «aura fait l'essentiel de son travail de concassage des hommes et du pays, l'Algérie avait perdu les deux tiers de sa population, les survivants dépossédés de leurs terres par les politiques de contournement et d'expropriation et l'analphabétisme devint le lot commun». Terrible constat.
A contrario, il ne manquera pas de souligner dès le début de sa préface, les impressions d'Alexis de Tocqueville, à l'issue d'un voyage, dans les premières années de la guerre de la conquête française. Ses notes sur l'Algérie sont sans appel : «Ils savent tous lire. Et ils ont cette finesse et cette aptitude à comprendre qui les rend si supérieurs à nos paysans de France». Le même constat, ajoute le préfacier, est dressé par la commission d'enquête de 1833. Elle écrit : «La plupart des vainqueurs (les français) avaient moins d'instruction que les vaincus !».
Ces notes renseignent sur l'importance de la création d'une école où sera enseignée la langue arabe après un siècle de colonisation. Créée en mai 1933, l'association Médersat El Hayet est agréée le 20 juin de la même année. Le premier conseil d'administration est présidé par Abdelhafid Khellaf, dit Messaoud (1897-1973). Le maître Abderahim Sekfali reviendra sur les premiers jalons de l'association avec la création d'une seule classe, où étaient dispensés des cours par Hadj Salah Sahli, le père de l'imam et enseignant cheikh Mohamed Taher Sahli, au début des années 1930.
Bien sur, les autorités coloniales ne voyaient pas d'un bon 'il l'émergence d'une école où étaient enseignés la langue arabe, le coran et les préceptes de l'Islam. Dans une lettre datée du 9 juin 1934 adressée au sous-préfet de Bougie par la mairie de Djidjelli (Surveillance politique des indigènes), il est rédigé que «le but véritable poursuivi par l'Association Médersat El Hayet est certainement politique, mais comme les dirigeants cachent soigneusement leurs intentions, et ont une attitude correcte, que d'autre part leurs réunions ne causent aucun trouble, je suis d'avis de les tolérer avec une surveillance attentive».
La même missive qualifie l'attitude politique au point de vue national du président, vice-président (Sadek Chelgham), et trésorier (Messaoud Roula) d'anti-français. Le défunt auteur de ce magnifique travail de mémoire s'est appuyé sur les archives de l'Ancien gouvernement général (archives d'Outre-Mer, Aix-en-Provence), la Médersat El Hayat, la wilaya de Constantine, de la presse de l'époque et d'archives privées. Outre son introduction, l'ouvrage se compose de procès-verbaux des conseils d'administration, des biographies de cheikh Mohamed Taher Sahli et Ahmed Bourouh dit Bourezak (1920-1986), une annexe contenant des lettres administratives et des rapports, des photographies et mêmes des affiches de l'association à l'occasion de soirées littéraires et religieuses.
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Posté Le : 27/07/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Fodil S
Source : www.elwatan.com