Algérie

PARUTION DE L’OUVRAGE “LE CHAHID ABDELKADER MIMOUNI - CULTURE ET NATIONALISME” Les multiples aspects du Mouvement national algérien



PARUTION DE L’OUVRAGE “LE CHAHID ABDELKADER MIMOUNI - CULTURE ET NATIONALISME”  Les multiples aspects du Mouvement national algérien
Écrit par des membres de sa famille (dont son frère Ahmida) et l’écrivain Hachemi Larabi et documenté, le livre contient des informations sur bien des aspects du Mouvement national algérien.

Le Chahid Abdelkader Mimouni - Culture et Nationalisme se veut un témoignage sur la vie de Abdelkader Mimouni (1917-1961), écrit par des membres de sa famille (dont son frère Ahmida) et l’écrivain Hachemi Larabi. Documenté, le livre contient des informations sur bien des aspects du Mouvement national algérien. Les auteurs affirment d’abord qu’Abdelkader Mimouni a été assassiné en 1961 par l’armée française dans une opération maquillée en accident de la route près de Berrouaghia. Dans les premiers chapitres, ils insistent sur l’histoire de Laghouat. “En 1852, une armée forte de 6000 hommes et sous le commandement de trois généraux — Pélissier-Yusuf et Bouscaren — assiège la ville de Laghouat. Le 4 décembre Laghouat est prise d’assaut. L’extermination de sa population est alors ordonnée, plus des deux tiers périssent ainsi. La ville ainsi que le reste de la population sont sauvés de justesse de la destruction totale par un contre-ordre de Randon”. La “saga” des Hadroug, nom originel de la famille Mimouni, est ensuite abordée. Abdelkader est présenté comme un étudiant studieux, avant de devenir journaliste, puis éditeur à Alger où sa maison d’édition En-Nahdha servait d’imprimerie au FLN, ce qui lui vaudra plusieurs séjours en prison. Le lecteur apprend que Abdelkader Mimouni, imprégné de la pensée de Malek Bennabi et de Ben Badis, a évolué dans les milieux culturels réformistes qui défendaient la langue arabe et l’islam durant la colonisation. C’est donc bien naturellement qu’il deviendra un sympathisant de l’Association des Oulémas. Sa singularité viendra de son ouverture au PPA et de sa proximité avec Ferhat Abbas et l’UDMA dont il était un adhérent, ainsi que des Scouts musulmans algériens et de leur chef Mohamed Bouras. Cherchait-il à se tenir à équidistance des principaux courants politiques de l’époque ou travaillait-il à leur rapprochement pour de futures actions unifiées ? Le livre n’apporte pas de réponse convaincante là-dessus. Seules des recherches d’historiens rigoureux et méthodiques permettront d’expliquer les positions du personnage et leur évolution. Le concept “d’indépendance” était absent, sinon rare, dans l’esprit et la bouche des “réformateurs”. “Le meeting (juste après le Congrès musulman de 1936, ndlr) est présidé par l’incontournable Dr Bendjelloul quand un personnage inattendu, et à la limite non concerné par l’objet, s’invite et demande la parole. C’est Messali Hadj. Contre l’avis du président du meeting et d’autres notables et grâce à une intervention énergique du cheikh Ben Badis, qui réclamait pour le représentant de l’Étoile nord-africaine le droit de s’exprimer au même titre que n’importe quel autre ‘leader’ musulman algérien, Messali peut s’exprimer, exposer ses idées et parler d’indépendance.” L’idée d’indépendance, récusée, refoulée ou rejetée par les Oulémas, a été portée par l’Etoile nord-africaine et ses prolongements futurs, le PPA puis le FLN, en passant par des étapes historiques décisives. Il est certain que chacun, toutes différences politiques assumées, a essayé d’apporter sa pierre à l’entreprise de récupération de la personnalité culturelle algérienne. Abdelkader Mimouni, en adhérant à l’UDMA, puis en mettant son imprimerie au service du FLN, a donné une autre dimension à son engagement politique pour l’indépendance du pays. Sa disparition dans un accident de voiture en 1961 serait une exécution par les militaires français, d’où son titre de Chahid, selon les auteurs du livre. Là aussi, et au-delà de l’hommage entier qu’il convient de rendre au militant nationaliste, la crédibilité de la thèse passe par davantage d’arguments et de documents que seuls des historiens objectifs pourraient livrer.

ALI BEDRICI

Le Chahid Abdelkader Mimouni, de Hachemi Larabi, Ahmida Mimouni et Omar Mimouni-Éditions Dahleb, 392 pages, 2018.


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