Algérie

Parution d'un livre de Mostefa Bencherif inspiré du Hirak



Révolte face, inspiré du Hirak (Homo Hirakus), est l'?uvre de l'écrivain et poète Mostefa Bencherif, qui offre ici, à travers ce résumé, une multitude d'axes et de sujets dans la thématique accessibles par différentes portes.Cette approche non linéaire favorise des rapports «optionnels» pour le lecteur, avertit l'auteur, qui poursuit : «Dans le plan ''contenu'', certes, il y a une ''réalité'' racontée dans un verbe fondé, justifié, approprié parfois brutal mais n'outrepasse pas les limites consacrées, alors que sur le plan ''esthétique'', chaque paragraphe nous ''dessine'' l'image, sublime ou déprimante, il y a toujours un visuel ''scénique'' qui rend le texte ''digest'', et même vivant», note l'écrivain qui nous donne ici un aperçu de ce livre qui est édité dans un contexte particulier, celui des contestations et des revendications démocratiques dans notre pays.
Une aura poétique qui révèle une perception autre «des choses» ; écriture qui convoque une problématique historique où les contentieux restés en suspens accentuent une espèce de malédiction de sous-développé qui nous poursuit, sournoise.
«l'Homo Hirakus», par qui les choses sont arrivées, a pour charge la terrible tâche d'en exorciser les démons par une révolution pacifique, une révolution du sourire. Aussi la structure du texte et la partition des chapitres, telles que constatées par le préfacier du livre, sont un choix judicieux ; cela dénote une disposition de l'auteur à demeurer maître de son texte.
Cette structure est également confortée par des paragraphes (à la manière de strophes), qui s'enchaînent merveilleusement pour imprimer au texte un caractère poétique. Choix que l'auteur maîtrise parfaitement, et qui permet au lecteur de «digérer» sans peine les contenus. Il y a également une pédagogie observée dans l'usage de la «critique», l'euphorie et les «regrets». (... nous sommes un peuple encore errant dans ses mille et une déceptions, tout n'est que factice et hypocrisie, la démocratie s'ébroue mais ne course pas l'avenir, on l'exhibe pour exorciser les forces du mal avec comme encens le baroud de la répression...) ; (... parce que la révolution est la rencontre de rêves qui fusionnent dans la foi en un idéal... ; ... la révolution algérienne s'est trouvée, par la suite, désemparée, les rêves qui l'alimentent se sont estompés ; seuls les martyrs gardent, dans l'éternité paradisiaque de leur sommeil, les rêves encore sains de leur foi...
Le texte reflète un état d'âme, celui d'une génération qui garde en travers de la gorge ces sentiments de frustration, de celui qui aurait pu «mieux faire». À ce propos, l'humour, l'autodérision et les «répliques» s'appuient sur des tournures poétiques ou «prudentes» pour demeurer dans le principe pédagogique. «Tous ceux portés sur les élucubrations darwiniennes savent en Algérie que le civil descend du militaire.» Et même nos lointains ancêtres, des paysans pour la plupart, étaient à peine debout sur leurs maigres terres quand ils eurent découvert que Lucie n'était pas seulement leur grand-mère, mais aussi et surtout celle des colons...
Même si le texte est un essai libre, il n'en demeure que l'auteur tient à maintenir des rapports à des références scientifiques, philosophiques et historiques de différentes époques.
Cette approche entend signifier l'attachement aux archétypes de la pensée philosophique et scientifique (Camus, Pareto, Ibn Rochd, Bennabi), aux témoignages privilégiés de l'histoire contemporaine locale (Dahlab, Lacheraf) et aux figures de la littérature nationale, maghrébine et mondiale (Boudjedra, Sefrioui).
Par ailleurs, poursuit l'auteur dans son ouvrage, l'école a une part importante de ces contentieux en instance qui minent l'évolution sociale : «Les révolutions ambiantes étaient dans l'air du temps et cela avait sur les mentalités un souffle bienfaisant, celui de s'ouvrir un tant soit peu sur les libertés politiques, sociales, culturelles, le culte était encore entre les mains des aînés qui lui donnaient l'atmosphère sereine du terroir. L'école empruntait à la révolution socialiste son désir de s'affranchir du joug de la dépendance capitaliste, colonialiste, certes les slogans avaient fini par devenir lassants et l'effet escompté fut l'inverse de celui souhaité : on n'y voyait, après les premiers enthousiasmes, qu'un discours politique entaché de démagogie. Mais l'école avait fini par être l'enjeu d'une guéguerre politique aux dimensions quasi égoïstes, il fallait opposer farouchement l'utilisation de la langue arabe à la langue française pour des raisons de recouvrement d'une identité nationale ; en réalité, ce n'est que la partie visible de l'iceberg, l'enjeu est caché dans les mystères d'un pouvoir quasi opaque à peine esquissé dans les lois... bien après le début des grandes réformes (dont les résultats furent catastrophiques), et on le sait, les décisions politiques naissaient sur des émotions, sur un vécu personnel, au sein de tiraillements claniques dans les plus hautes sphères, au lieu de prendre vie dans une approche rationaliste et pragmatique dans l'intérêt du pays...»
Un livre donc de 225 pages, édité par la maison d'édition l'Harmattan, très intéressant à lire, un ouvrage qui ne s'inscrit pas dans une ligne politique quelconque, sauf celle qui revendique plus de démocratie et plus de liberté.
Natif de Aïn-Sefra, l'écrivain et romancier Mostefa Bencherif a déjà à son actif plusieurs parutions, Carnet de l'inachevé tomes I et II, Pénurie d'encre, ainsi qu'un recueil de poésies, Un rapt de rimes.
B. Henine


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)