Parution - «Caméléon» de Zoubir Souissi : Quand la «faim» justifie les moyens

' «Caméléon» de Zoubir Souissi, éditions Casbah, pages : 414, prix public : 680DA. Il y a de choix bons et d'autres moins bons. Ce code de la vies est mis en relief par l'auteur Zoubir Souissi dans son nouveau livre qui vient de paraître aux éditions «Casbah», et qui a pour titre «Les tribulations du caméléon».  Une œuvre truffée de suspens après chaque ligne, poussant la curiosité à  toujours savoir ce que la suite réserve, avec une lecture aisée, grand et large public. Zoubir Souissi décortique en 18 chapitres un récit réel et somptueux. Les mots et les silences disent le mal de la séparation, de la déchirure ou de la solitude, la douleur physique ou morale, ou encore le mal-être. Il dresse un portrait bigarré de la société algérienne contemporaine. Une sorte de vision globale d'un genre d'écrit fantastiquement contée par un auteur doué et  compétent. L'auteur met en jeu la capacité de ses six personnages. Des discours à  la langue simple et châtiée, des thèmes d'actualité. Zoubir Souissi utilise tout  un ensemble de supports pour illustrer sa riche inspiration. Mieux encore, comme dirait au début de cet ouvrage Boubakeur Hamidechi, « Zoubir Souissi a transposé du réel vers la fiction romanesque.  Avec cet opus, le lecteur est certain de lire un récit maîtrisé dans la tonalité, et clair dans sa construction. Souissi a prouvé qu'il savait se convertir en conteur après avoir été un brillant chroniqueur de presse». Cet ouvrage est une série de projections des étapes marquantes vécues par le pays, depuis les dernières années du colonialisme jusqu'à aujourd'hui. Il ne s'agit pas seulement d'une adéquation à  l'actualité historique mais c'est plutôt le rôle de l'écrivain dans une société en mutation qui est soumis à  diverses interrogations. Les tumultes  du passé restent gravés et ancrés à  jamais dans la mémoire collective. L'histoire contemporaine est le moteur principal qui nourrit le discours de ce roman, après avoir fait revivre l'atmosphère tendue des événements qui ont conduit à  l'indépendance.   Zoubir Souissi, fin, nous célèbre des valeurs humaines importantes. Il témoigne d'une vie ravagée par l'insécurité et le terrorisme. Partout ailleurs, il existe de petits gens versatiles, qui changent facilement d'opinion et de position pour de multiples raisons. Ils sont connus communément sous le nom de Caméléon ou encore d'opportunistes. Ces derniers agissent sans vergogne, ni état d'âme, pour satisfaire leur seul intérêt personnel.   Zoubir Souissi étale à  l'aise ses pensées sur la personnalité humaine. Aussi, c'est avec une inspiration très limpide que cet ancien chroniqueur de presse nous transporte à  travers une histoire débutant  dans les dernières années du colonialisme pour se prolonger dans la période actuelle. Il faut admettre que les techniques d'écriture de cet écrivain sont une prouesse. Son talent n'est plus à  démontrer. Son travail est  ainsi riche en enseignements sur nos valeurs et nos insuffisances. L'auteur d'un précédent ouvrage « La tête de l'orphelin », ne force pas une prise de position. Il expose, avec objectivité et froideur, seulement sa vision des choses, sans vouloir àªtre accusateur. Il parvient ainsi à  véhiculer un message universel en sa qualité d'observateur sans parti pris et en ne s'érigeant pas en juge.Ce que raconte Zoubir Souissi en s'appuyant sur la réalité n'est pas l'apanage de la seule Algérie. Des gens comme son personnage Bouguerra ont toujours existé de par le monde, dans le temps et dans l'espace. Pour ces gens, la « faim », justifie les moyens.