L?inspecteur Ali contre Ben Laden
L?inspecteur Ali est toujours pressé. Pour enterrer une affaire, pour en ouvrir ou en achever une. Quelquefois, c?est la même. Et si un cadavre s?invite dans un puits, tant pis, les autorités font appel à l?énigmatique et insaisissable Ali. Malgré tous les risques. Sous son air nonchalant, l?inspecteur, entre deux bouffées de kif et quelques tajines épicés, bouscule tout le réseau islamiste, aux ramifications internationales. De Marrakech, à Peshawar, en passant par Genève et Paris, le policier le plus réputé du royaume chérifien se moque de la guerre « du bien contre le mal », des rapports ténébreux entre maffia et politique, du djihad et de la pollution. Avec un humour décalé et corrosif. La comédie se fait grinçante, sans illusion. L?inspecteur Ali n?attend rien de ses adversaires. En homme revenu de tout, il sait que, quelquefois, la loi est illégale, castratrice et ne protège que les plus forts. Dans l?impasse, il élargit le domaine extensible de la légalité. Driss Chraïbi a gardé son style alerte, nerveux. Dans L?homme qui venait du passé, il s?interroge sur Ben Laden et consorts, sur George Bush et les faucons. Et le scénario accouché au Pentagone lui déplaît royalement. Donc, l?inspecteur Ali se met en action. Lui aussi, il a un rôle utile à faire endosser à Oussama Ben Laden, ce Saoudien qu?il a connu à Khartoum, cet homme qui venait du passé. Son scénario ne s?embarrasse pas de politesse, de demi-mesures. Et si c?était le bon scénario ? L?inspecteur Ali contre Ben Laden est une approche en spirale de la nébuleuse islamiste. L?apparence est souvent trompeuse, sauf pour le flic enfumé. Derrière la comédie se cache une tragédie. Notre tragédie que Driss Chraïbi décrit avec beaucoup d?ironie et d?humanité. L?homme qui venait du passé, Driss Chraïbi, Denoël.
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Posté Le : 28/03/2005
Posté par : sofiane
Ecrit par : Rémi Yacine
Source : www.elwatan.com