Algérie

Parution



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Un nouvel ouvrage vient d'être publié par le Crasc. Il s'agit de Dictionnaire du passé de l'Algérie, de la préhistoire à 1962 édité dans le cadre des programmes nationaux de recherche, sous la coordination du Pr Hassan Remaoun.Une conférence, suivie d'une vente- dédicace, a été organisée, mercredi dernier. «Nous comptons faire d'autres éditions de ce travail en vue de son amélioration», précise le Pr Remaoun qui affirme également que de nos jours, on a tendance à mettre des mots partout et à considérer que l'Etat national «Algérie» tel qu'il existe maintenant a toujours existé sous cette forme dans les temps les plus reculés. Selon lui, «ceci est l'approche du nationalisme en général, mais les historiens, quant à eux, ne procèdent pas de cette manière. On considère que l'Etat-nation est le résultat d'un processus et d'une évolution, un couronnement qui apparaît au cours des derniers siècles. Il en est de même dans le monde entier». L'ouvrage de 630 pages comprend 145 notices mais le Pr Remaoun avouera qu'il y a eu certains problèmes qui ont rendu cette première version quelque peu incomplète.«Des articles ne nous sont pas parvenus dans les délais ou ne concordaient pas au concept du dictionnaire. Comme ce livre entre dans le cadre du programme national de recherche, on était tenus de respecter les délais.» Il dira que cet ouvrage n'est qu'une petite bouteille jetée à la mer. «Vous imaginez que 145 notices, ce n'est pas suffisant ! Donc, nous allons continuer ce travail de longue haleine qui nécessite la participation de beaucoup de collègues et de spécialistes qui peuvent apporter des éléments de connaissance. En définitive, c'est un travail qui est appelé à continuer. Nous allons l'enrichir, introduire une cartographie historique, une iconographie et en faire un instrument qui va aboutir sur une tradition que les prochaines générations perpétueront.Il se peut aussi que cela aboutisse sur une encyclopédie du passé de l'Algérie». Il annoncera aussi que ce dictionnaire devra être traduit, à l'avenir, en arabe et en tamazight. Quant à la décision de s'arrêter en 1962, Hassan Remaoun explique que la perspective était de présenter l'histoire algérienne dans la longue durée et, donc, de ne pas rester aux années de la guerre de Libération nationale, du Mouvement national ou aux premières années de l'indépendance où les effets de mémoire jouent un rôle extrêmement important, et ce, au point de voiler la sérénité et le recul de l'historien.Il expliquera aussi que la mémoire et l'histoire sont deux notions presque aux antipodes l'une de l'autre. «La mémoire est un phénomène universel que toutes les sociétés connaissent et leur permet de se restituer dans le passé, mais se restituer de manière plus ou moins mythique. On a même tendance, parfois, à se fabriquer un passé. C'est un phénomène universel, anthropologique dans les sociétés humaines. Quant à l'histoire, c'est tout à fait autre chose, car c'est une discipline académique qui fonctionne selon des normes et des modalités critiques. L'histoire ne sacralise pas comme la mémoire, au contraire, elle a tendance à laïciser.Quand on aborde la période récente, c'est forcément plus ardu, car on peut écrire l'histoire de multiples manières. Vous avez une possibilité que vous n'avez pas pour les périodes les plus éloignées, mais il faut plus de moyens, plus d'institutions, plus de chercheurs pour rendre transparent ce qui se passe sous nos yeux et qu'on croit comprendre alors qu'on ne le comprend pas. Il faut le décortiquer, l'analyser et l'étudier», explique-t-il. Hassan Remaoun avouera que des «vides» ont aussi été remarqués. «Du fait que cet ouvrage ne comporte que 145 notices, il ne pouvait qu'y avoir des manques», dit-il.«Nous aurons voulu aller plus profondément. A titre d'exemple, nous avons quelques contributions sur l'Antiquité, la royauté berbère, l'Empire romain, Circoncellions, l'Afrique romane, le Donatisme, etc. On parle de Massinissa et de Jughurta là-dedans, des personnalités qui méritaient des notices particulières. Quant à la guerre de Libération nationale, ce dictionnaire comporte des notices sur tout le Mouvement national depuis 1945, Décembre 60, la grève des 8 Jours, mais en revanche, on ne trouve pas de chapitres consacrés à Octobre 1961 à Paris, alors qu'on pouvait le faire, c'était à portée de main».En effet, il y a eu beaucoup de notices, explique-t-il, qui ont été confiées à certains collaborateurs, mais le travail n'a pas été terminé dans les délais. A la question de savoir s'il y a eu, dans la confection de l'ouvrage, de l'autocensure, Hassan Remaoun répondra par la négative. Quant à savoir s'il y a des chapitres «traités» délicatement en raison de leur polémique actuelle, il répond qu'en ce moment, il y a un climat de guerre des mémoires et tout est à peu près sujet à polémique. «Il faut effectivement calmer le jeu et rester serein. On confond entre témoignages et travail historien. L'historien s'appuie sur les témoignages, mais il a sa propre lecture, il confronte des témoignages avec d'autres sources. Le rapport à la mémoire est tellement compliqué qu'il ne faut jamais prendre pour argent comptant un discours, quel qu'il soit, il faut toujours le décrypter.»




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