Algérie

Partir pour réussir oui, partir pour fuir, non !


Aujourd'hui, le pays va-t-il se faire avec ou sans les jeunes même si un certain nombre d'entre eux commence à s'imposer dans les sphères économiques, culturelles, sportives et même politiques 'L'Etat ne peut raisonnablement les retenir en dépit de la loi qui pénalise leur acte ! Il ne peut pas également donner un local commercial à tous ces jeunes en errance, les redéployer dans les marchés ou les recruter en qualité de veilleurs de nuit ou d'agents de sécurité !
Fatalement, ils continueront donc à tenter le diable ! Et partant, affronter les dents de la mer !
Ils joueront, intrépides ou insouciants qu'ils sont, leur vie en solo dans des barques désuètes, à moins que les pouvoirs publics ne leur trouvent des destinations d'immigration du style Australie ou Canada. Et même ceux qui sont porteurs de titres et diplômes supérieurs pensent qu'après les études, leur salut est ailleurs!
Rappelons-nous de ces étudiants en médecine, jeunes en majorité, qui peinaient pour faire entendre leur voix et pour le moins, faire aboutir leurs doléances ' Ils ne contestaient ni le service civil, encore moins la rémunération qui leur était allouée ! Ils voulaient seulement que les autorités publiques d'alors, qui décidaient de leur affectation mettent à leur disposition les moyens adéquats pour qu'ils puissent, serment d'Hippocrate oblige, prendre en charge dans les règles de l'art les populations du Sud et des hauts plateaux. Et surtout exercer convenablement leur métier dans les déserts médicaux : un plateau technique et un logement !
Au lieu d'ouvrir un dialogue avec eux, on avait recouru à la force, avait alerté fort à propos un chroniqueur qui avait dit « qu'on ne se plaigne pas s'ils décidaient de quitter en masse le pays ; ils vont partir, de plus en plus nombreux, en masse, en sang, en chaloupe ; la matraque, le mandarinat des rentiers de la santé, la primauté de l'administration sur la compétence vont les pousser à s'en aller».
Et certains d'entre eux ont pris le large ! Ils ont été recrutés par des hôpitaux d'outre-mer pour combattre la Covid-19 en première ligne… et auxquels « on aurait promis la naturalisation car ils ont été en première ligne contre le virus ».
Au nom d'une politique dite « d'immigration choisie », celle évoquée en des termes plutôt diplomatiques par le Président Macron lors de sa visite en Algérie. Elle ciblerait les artistes, les sportifs, les chercheurs et les étudiants. Autrement dit, on chercherait du côté de l'hexagone à troquer les meilleurs grâce à leur pays contre les médiocres qu'on veut rapatrier à cause de la France !
Cela suffira-t-il à dissuader nos jeunes de prendre le large ' Qu'ils partent donc s'ils le veulent, qu'ils reviennent aussi, car on a besoin de leur énergie. Qu'ils partent encore et encore explorer le monde et revenir la tête pleine d'idées nouvelles, de celles dont on a besoin pour favoriser la croissance et le développement. Partez, vous n'en reviendrez que plus motivés et éclairés sur les forces et les faiblesses de votre pays. Puis découvrir l'étranger, c'est une chance, voire une nécessité ; c'est aussi une formidable entreprise et un enrichissement infini.
Ces jeunes, est-il besoin de le rappeler, représentent la génération née par et pour un monde nouveau, baignée par la technologie, le multiculturalisme et l'ouverture au monde. L'Algérie c'est bien sûr leur pays de naissance mais pas uniquement, car le monde leur ouvre les bras. Qu'ils s'en emparent comme ceux de leurs compatriotes qui se sont installés et fait leur trou, ailleurs dans le monde.
Comme Mouna Hamitouche, Algérienne retenue dans la liste des 1064 personnalités du Royaume-Uni et du Commonwealth, qui seront nommées Membre du prestigieux Ordre de l'Empire britannique (BME) et décorées par la reine Elizabeth pour leurs travaux. Journaliste de formation, Mouna Hamitouche a occupé les fonctions de maire d'Ellington (mairie de Londres) de 2010 à 2011. Elle a exercé auparavant en Algérie, dans plusieurs quotidiens nationaux et à l'APS en 1979. Des Algériens élus municipaux, sénateurs il y en a en France, en Belgique et au Canada. Les citer tous serait fastidieux. L'autre exemple est celui du Dr Elias Zerhouni, qui a suivi sa formation initiale en Algérie. Il est aujourd'hui professeur de radiologie et d'ingénierie biomédicale et conseiller senior à l'Ecole de médecine de l'université John Hopkins. Il est l'auteur de plus de 200 publications scientifiques, a déposé 8 brevets et a fondé ou cofondé 5 entreprises innovantes.
Economistes, chefs d'entreprises, personnages publics ou autres sommités, les exemples sont nombreux parmi les Algériens qui ont réussi hors de leur pays. L'auteur Nordine Grim, dans son livre «Entreprise, pouvoir et société» démontre qu'un Algérien qui a subi l'échec de nombreux initiatives entrepreneuriales en Algérie, non pas comme on pourrait le croire suite à une tare congénitale mais par la faute d'absence ou d'insuffisance de catalyseurs de l'entrepreunariat qui sont, entres autres, la liberté d'entreprendre, l'autonomie de gestion, la stabilité juridique et institutionnelle et un piètre climat des affaires. Comme Arezki Idjerouidene qui n'est autre que le patron de la compagnie aérienne Gofast-Aigle Azur, qui a réussi hors de son pays natal non sans avoir tenté de faire quelque chose chez lui.
Pour illustrer davantage la réussite des Algériens qui partent, rappelons ce chiffre de 99000 entreprises créées en France par nos compatriotes qui ont ainsi offert en 2001 pas moins d'un million d'emplois aux Français. Ce chiffre qui par ailleurs tord le cou à l'affirmation selon laquelle l'Algérien est très peu productif par rapport au Sud-Coréen qui produirait 38 dollars par heure de travail et l'Allemand qui s'en sort avec 62 dollars, quand l'Algérien n'en fait que 6,2 dollars. Pour peu qu'on le mette dans les meilleures conditions de travail, l'Algérien qui n'est pas génétiquement différent des autres travailleurs étrangers, est capable de s'inscrire dans les normes mondiales voire même de réaliser des performances.
En fait, l'Algérien n'est pas stérile, c'est son environnement qui l'est et un internaute a fait la démonstration suivante : les Italiens ont construit le barrage de Taksebt à Tizi-Ouzou avec des ouvriers 100% algériens. Les chefs arrivent sur le chantier à 5 heures du matin et repartent à 19 heures et les salariés arrivent à 6 heures et quittent le chantier à 17 heures. Et le barrage a été livré dans les délais ; quand le patron est sérieux, l'ouvrier l'est aussi. Il n'y a pas d'autre secret.
D'autres Algériens qui partent et qui réussissent dans le monde. Il y en a encore. A Rustenburg où vit Sid-Ali «Harraga» à l'origine, qui explique qu'il a ouvert une boutique où il s'exerce au métier de coiffeur. Il explique que l'Afrique du Sud lui a ouvert les bras grâce à sa législation simplifiée et attractive pour les étrangers en quête d'opportunités ou porteurs de projets.
Des comme lui en Afrique du Sud, il y a aussi ces compatriotes kabyles que nous avons vus à la télévision nationale qui les a filmés dans leur restaurant où ils faisaient la promotion du couscous et de la robe berbère. Pendant ce temps-là, nos officiels en charge du tourisme n'arrêtent pas d'avoir mal aux lombaires et aux articulations à force d'aller «d'assises en assises» dans une quête éperdue de dynamisation du secteur touristique et de promotion de la destination Algérie !
Même dans le domaine des médias, il y a des Algériens qui sont partis et qui ont réussi : on peut citer Hafid Derradji, Khadidja Bengana, Abdelkader Ayad ou encore Madjid Boutamine. Il n'est point besoin de revenir sur les circonstances de l'exil de ces algériens qui dominent les écrans de télévision du Moyen-Orient et dont les compétences sont plus que reconnues.
De ce qui précède, d'aucuns pourraient faire remarquer qu'exhorter les jeunes à partir équivaudrait à vider le pays de sa substance, de sa force de mobilisation, de l'élan et du dynamisme de ce segment particulier de la population.
Ils se trompent ceux qui pensent ainsi, car il s'agit d'un mouvement global de migration qui s'est déclenché dans le monde, inexorablement. Les jeunes de tous les pays émigrent et veulent aller dans les pays qui vont faire avancer le monde dans les 10, 20 ou 30 années prochaines. Après, la destination choisie reste du domaine du libre arbitre !
Phénomène universel à l'instar de ces français qui quittent l'hexagone pour trouver du travail, monter une entreprise ou réaliser leurs rêves. Ils sont partis vivre et travailler à New-Delhi, Shanghai, Hong-Kong ou Rio au Brésil. Certains d'entre eux ont monté des boulangeries au Québec ; ils croulent sous les CV de leurs compatriotes restés au pays, mais piaffant d'impatience de les rejoindre et de tenter l'aventure.
Alors que le chômage atteint des pics intolérables en France, des jeunes salariés dans les TIC et l'internet arrivent à gagner 25% de plus de ce qu'ils auraient perçus dans leur pays d'origine.
Quelques chiffres concernant ces Français qui émigrent : ils sont 500 000 à Londres, 100 000 à Berlin, combien en Chine et à Dubaï ' En tout, ils sont quelque 2 000 000 ! Et autant de lobbys, ajouterais-je. Et combien sont-ils les Algériens qui sont partis et qui ont réussi ' Autant ou plus, allez savoir.
Pour conclure faut-il partir pour réussir' Peut-être au vu des exemples cités supra.
Non, si on se réfère à l'exemple de cet Algérien, Hamza Bendelladj, jeune hacker de 24 ans qui a fait le buzz. Il est devenu célèbre malgré lui après avoir utilisé, frauduleusement, des serveurs destinés à prendre le contrôle d'ordinateurs personnels et aussi pour avoir fait une promotion agressive de leur virus pour voler des données confidentielles. Il fait l'objet d'une décision d'extradition et il risque gros dans cette affaire.
Non aussi, si l'on se rappelle de tous ces ingénieurs en pétrochimie et autres spécialistes en hydrocarbures, formés à grands frais par l'Algérie et vite débauchés par le Qatar et l'Arabie Saoudite.
Non également, si l'on pense au gâchis de tous ces informaticiens et autres hydrauliciens partis au Canada et ailleurs, car n'ayant pu cohabiter avec leurs responsables d'alors, aussi autoritaires que médiocres managers.
Faut-il pour autant encourager tous ces algériens et algériennes à rentrer au pays, à transformer leur savoir-faire et le mettre au profit du développement socio-économique du pays '
Un certain nombre d'entres eux ont tenté le pari. Ils ont vite déchantés. Tout le monde ne peut pas partir, ne doit pas partir.
Donc, partir pour réussir oui, partir pour fuir, non !
Rappelons à ce propos que le président de la république Abdelmadjid Tebboune s'est exprimé sur le phénomène inquiétant de l'immigration clandestine en expliquant tout d'abord, que les sans-papiers algériens doivent être respectés par les autorités des pays dans lesquels ils se trouvent. Il estime que « toute humiliation ou violence à leur égard est inacceptable » ; « J'ai discuté personnellement avec le Premier ministre italien, je lui ai demandé d'appliquer les lois de son pays sans humilier ou violenter nos ressortissants. Je ne perds pas espoir. Je souhaite construire une Algérie où le citoyen aimera vivre dans son pays » a-t-il dit en substance.
Ensuite, et pour y remédier, le président propose d'envoyer les jeunes Algériens tentés par la « harga » dans certains pays européens pour une courte durée. Il se peut qu'il y ait, à l'avenir, des accords avec certains Etats [Européens] où l'on enverra nos jeunes passer une semaine ou deux, pour qu'ils se rendent compte que leur place n'est pas là bas mais bel et bien dans leur pays.
Pour conclure avec ce message destiné à nos amis européens et leurs dirigeants : « Dans leur majorité, les demandeurs de visas ne sont pas des va-nu-pieds et la plupart de ceux qui se rendent en toute légalité en Europe savent s'assumer et se font un point d'honneur à déployer leur civilité et le respect envers les hôtes qui les accueillent ! »
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