Algérie

PARTIES COMMUNES Les cités mettent la main à la poche


En l'espace de deux années seulement, le prix des logements acquis dans le cadre de la cession des biens de l'Etat est passé de 2 à 4 millions de dinars. Aujourd'hui, les 90 copropriétaires de la tour de la cité «Les Falaises», qui compte 22 étages, sont satisfaits et même fiers de leur tour qu'ils considèrent comme modèle. Vue sur mer, la cité les falaises, édifiée durant la période coloniale, a été pendant de très longues années trés prisée du fait qu'elle est située à l'extrémité d'un des quartiers résidentiels de la ville d'Oran, en l'occurence Gambetta.  Cependant, et de l'avis des résidents, le cadre de vie s'est consiérablement détérioré au point où l'un des locataires du rez-de-chaussée, nous avancera que les agissements irresponsables de certains de ses voisins ont fait que son appartement était envahi de vers provenant du dépotoir improvisé par les locataires. Fallait-il mettre à l'index les seuls services communaux ou l'incivisme des citoyens? Les deux parties ont une part de responsabilité. Mais, avec du recul, certains des résidents considèrent que la collectivité locale ne peut prendre en charge que la question logistique. En revanche, il appartient aux habitants d'avoir des comportements citadins. L'insécurité, une mauvaise alimentation en eau potable et des coupures intempestives d'électricité, notamment dans les parties communes, ont été les sources de tracas quotidiens des 90 chefs de famille de la tour. Cette situation a perduré jusqu'en 2005 et il fallait qu'une pétition soit approuvée par l'écrasante majorité des copropriétaires pour prendre la situation en main. Depuis, la situation a littéralement changé. Certains de ces citoyens n'hésiteront pas à nous dire qu'»il s'agit d'une véritable métamorphose et nous n'avons rien à envier à ceux qui habitent dans des quartiers dits résidentiels». SATISFECIT DES RÉSIDENTS La situation était toute simple, étant donné qu'il fallait se reférer aux textes législatifs qui ont accompagé la cession des biens de l'Etat: l'administrateur des biens en copropriété, appelé communément le syndic. Et ce n'était finalement qu'un retour à la normale car tous les immeubles d'El Bahia avaient cette personne qui s'occupait de l'ordre et de la propreté des lieux. Cela n'a pas été une partie de plaisir, car faire admettre cette option à tous a nécessité des contacts et en l'absence de postulants au poste, seul un résident s'est présenté et a été élu. A ce dernier appartenait la responsabilité de faire comprendre à ses voisins qu'un cadre agréable est un luxe et doit par conséquent nécessiter une dépense supplémentaire. Selon, M. Hammar, après discussions, la somme de 500 dinars par mois a été fixée. Le montant récolté devait servir à faire face à la rémunération du syndic, des frais d'électricité pour les parties communes (escaliers, paliers etc...) et l'entretien des divers équipements comme l'ascenseur et la pompe à eau. Néanmoins, quelques récalcitrants ne devaient se plier aux aspirations de la majorité que sur décision de justice. Ce mode d'organisation a fait qu'aujourd'hui, et ce de l'avis même de plusieurs habitants, les comportements ont changé et même les enfants, qu'on accusait à tort d'être les premiers dévastateurs, se servent des poubelles instalées au niveau des 11 paliers de la tour. Dans certains cas, les enfants donnent même l'exemple aux adultes en les interpellant sur la nécessité de préserver la propreté des lieux. Tout compte fait, cet exemple est une preuve tangible que l'Algérien peut être très positif car il s'agit de mettre à sa disposition des moyens de base pour qu'il prouve son civisme. Aussi, cet exemple nous renseigne, encore une fois, que la meileure organisation est celle à laquelle adhèrent par consentement les citoyens et tout modèle pensé entre quatre murs est généralement voué à l'échec. DES EXPÉRIENCES À GÉNÉRALISER Le cas de la tour de la cité des falaises n'est pas le seul à Oran, du fait qu'un autre administrateur des biens immobiliers a été installé par l'OPGI à la cité Es Sabbah, où force est de constater que les choses se sont nettement améliorées, en dépit du fait que cet ensemble urbain relevant de la commune de Sidi Chahmi, une APC à moyens réduits pour faire face aux besoins d'une cité à forte densité de population. De l'avis de plusieurs résidents, la situation ne peut s'améliorer qu'avec le concours de la collectivité locale qui doit assurer les aspects logistiques. Dans d'autres cités, les habitants tentent de reprendre les choses en main en optant pour les comités de cités. Cela ne peut-être, selon des sociologues urbains, qu'une solution intermédiaire, car ces représentants ne peuvent agir qu'en appoint à l'administrateur en organisant des actions de volontariat ou encore des excursions pour les enfants? du fait qu'officiellement cette entité ne peut être un interlocuteur déterminant. D'ailleurs, toutes les nombreuses tentatives n'ont pu durer car le bénévolat demeure toujours mal perçu. Une virée dans les cités d'Oran vous convainqueront que, finalement, il n'y a pas que du négatif et que certains cas augurent de meilleurs lendemains. C'est le cas de la cité Jean de la Fontaine, où d'emblée vous êtes surpris que les espaces verts sont préservés et que le cadre de vie est relativement acceptable, quoiqu'il est à reconnaitre que cette cité a été correctement réhabilitée dans le cadre du projet qui a concerné les 8 grandes cités d'Oran. Et devant cette amélioration, les riverains, visiblement satisfaits, ont tout fait pour préserver ce qui a été fait, quoique dans le temps, le recours à des administrateurs d'immeubles devient impératif en tenant compte des spécificités de chaque immeuble, car les problèmes rencontrés dans une tour ne sont pas identiques à ceux d'un bloc de 4 étages. De ces spécificités dépend grandement le mode d'organisation. QUAND LES TEXTES SONT MÉCONNUS La copropriété, en tant que forme nouvelle de gestion, a fait naître des incompréhensions dans l'interprétation des textes. Ainsi, c'est en matière de gestion des parties communes que certains conflits entre les administrations locales et les copropriétaires ont été enregistrés. D'une part, les acquéreurs des biens de l'Etat continuent à ne raisonner que par rapport aux parties privatives, en considérant que ce qui est situé en dehors des appartements relève de l'intervention de l'Etat. Les OPGI, comme tous les acteurs en rapport avec ces cités, se refèrent à la législation qui stipule clairement que les frais d'entretien des parties communes sont à la charge des copropriétaires. Il fallait attendre à ce sujet, l'affectation des premiers logements AADL pour que des charges supplémentaires soient versées mensuellement par les habitants pour la bonne tenue de ces espaces. A titre illustratif, l'exemple du différend né entre les habitants de Dar El Hayat et l'ADE, suite aux travaux de rénovation du réseau interne d'AEP est édifiant. Selon les riverains, à grande majorité copropriétaires, plusieurs malfaçons ont été relevées après le passage des équipes de l'ADE, en soutenant, toutefois, que ces travaux étaient indispensables pour solutionner définitivement le problème de l'inondation des caves de la cité. De visu, les marches de l'escalier menant au bloc C1 ont été endommagées de même que des clôtures d'espaces verts et qui n'ont pas été remis en état. Pour les riverains, l'ADE se devait d'achever les travaux pour éviter toute dégradation de la nouvelle canalisation et du cadre de vie général de la cité. Un membre du comité de cité nous avancera que ces travaux ont permis une meilleure alimentation en eau et qu'il appartient maintenant aux copropriétaires d'effectuer les raccordements aux pompes alimentant les appartements. Il n'est plus question d'attendre l'ADE pour de petites opérations et que certaines petites dépenses s'imposent, devait-il ajouter. Dans le camp de l'ADE, on avance que ces travaux ont été décidés suite à un problème de cross-connexion signalé dans les deux réseaux d'assainissement et d'AEP et afin d'éviter tout risque de MTH. Néanmoins, concernant les travaux restants de remise en état, ils doivent être engagés par les habitants. D'ailleurs, les occupants du bloc A1 l'ont déjà fait.  Au niveau de cette entreprise, on estime à juste titre, que les travaux entrepris sur un réseau interne à la cité, du fait qu'il est situé sur des parties communes, doivent être pris en charge par les copropriétaires. En somme, l'important parc immobilier constitué aussi bien par les anciennes que les nouvelles cités recemment construites et qui présentent malheureusement des signes de vétusté, ne peut- être préservé avec pour finalité un cadre de vie agréable qu'à travers des formes d'organisation adéquates basées sur l'implication directe du citoyen.
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