Algérie

Partie remise au Caire Edito : les autres articles



Rarement une élection présidentielle n'aura connu un tel suspense comme celle qui a eu lieu en Egypte. Une semaine après le second tour, les résultats n'ont toujours pas été officiellement proclamés. Les deux candidats et leurs partisans réclament, chacun de son côté, la victoire. Annonces contradictoires suivies d'accusations mutuelles de fraude, alors que la commission électorale examinait toujours les recours déposés par les deux concurrents.
Vendredi dernier, les Frères musulmans se sont livrés à une véritable démonstration de force sur l'emblématique place Tahrir, jurant de ne pas la quitter avant l'annonce de la victoire de leur «champion» Mohamed Morsy. Tandis que son rival, ancien Premier ministre de Hosni Moubarak, tout en se disant convaincu d'être en tête de ce scrutin et d'attendre la proclamation des résultats, a appelé ses adversaires au calme, non sans les avoir accusés de manière indirecte de vouloir faire pression sur la commission avec ces manifestations.
En dépit des mises en garde de l'armée qui tient le pays depuis la chute de Moubarak, la confrérie des Frères musulmans a tenu à rassurer le Conseil supérieur des forces armées qu'elle ne recherchait pas la confrontation, mais qu'elle se battrait contre toute falsification des résultats. Elle en a profité pour critiquer, au passage, les dernières décisions de l'armée.
En effet, la dissolution du Parlement, la veille de la présidentielle, a semé la consternation et donné la preuve que l'armée entendait avoir la haute main sur les affaires politiques au-delà du processus électoral. Non seulement, elle s'est octroyé le pouvoir législatif, donc la possibilité de contrôler l'élaboration de la prochaine Constitution, mais elle a aussi réduit les prérogatives du futur président de la République, relégué au rang de potiche, face aux vrais détenteurs du pouvoir réel que sont les militaires qui contrôlent déjà le quart des intérêts économiques du pays.
A travers cette démonstration de force, la confrérie des Frères musulmans, principale rivale de l'armée depuis 1952, entend marquer son opposition à une démarche qui vise à reprendre le processus à contre-courant de ce qu'elle avait espéré. Car y compris en cas de victoire à la présidentielle, celle-ci serait de courte durée et sans portée réelle sur l'avenir, les militaires gardant les rênes du pouvoir même s'«ils jurent la main sur le c'ur» qu'ils le céderont avant la fin juin. Reste à savoir si les Frères musulmans accepteront de se voir ainsi souffler la victoire et de reprendre tout à zéro alors qu'ils étaient si près du but. Une belle occasion pour les autres protagonistes, libéraux et démocrates, échaudés par les élections de décembre 2011 et de janvier dernier de se remettre à nouveau dans la course au pouvoir.


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