Même si elle estime que les nouveaux textes de loi adoptés dans le cadre
des réformes politiques contiennent bel et bien «des choses positifs», l'ancienne
vice-présidente du Conseil de la nation, Mme Zohra Drif-Bitat, ne manque pas d'émettre des «réserves», notamment
sur le texte relatif au rôle de la femme et sa place dans les institutions du
pays. En effet, et au sujet de la participation de la femme aux assemblées
élues, Mme Drif-Bitat considère que cette
participation tend à être réduite à la «portion congrue», réitérant que cela va
à l'encontre des réformes politiques et à la démocratie. Invitée de la Radio algérienne
internationale, l'ancienne moudjahida affirme: «C'est
une violation flagrante de la
Constitution car cette loi instaure une différence entre les
régions du pays, alors que l'unité de l'Algérie est un principe sacro-saint», a
encore souligné Mme Drif-Bitat.
La loi organique définissant les modalités d'élargissement de la
représentation de la femme au sein des assemblées élues établit un processus
graduel dans les taux de candidature féminine aux assemblées élues variant de 20
à 50%, rappelle-t-on. «J'ai demandé solennellement au président de la
République une seconde lecture de la loi concernant le rôle de la femme et sa
place dans les institutions du pays car il m'est apparu que ce texte, tel qu'il
a été voté à l'Assemblée populaire nationale (APN), ne répondait pas aux
engagements pris par le chef de l'Etat (dans son discours à la nation en avril 2011)
et aux aspirations exprimées par une grande majorité du peuple algérien qui
demandait une ouverture réelle», a encore expliqué Mme Drif.
«Il y a des choses positives et négatives dans ces lois, mais nous tendons
toujours vers le mieux et l'excellence», a-t-elle ajouté, avant de noter qu'il
appartient au pouvoir, à l'opposition et aux citoyens de faire en sorte que ces
lois permettent d'«ancrer» la démocratie en Algérie.
Mme Drif-Bitat a rappelé, en outre, que la
démocratie est un «processus» ayant été entamé en Algérie il y a plus de vingt
ans, avec des combats qui ont abouti à la liberté de la presse, le
multipartisme et les «nombreux» acquis arrachés par la femme. Pour Mme Drif-Bitat, les lois promulguées dans le cadre des réformes
demeurent un «moyen» pour les citoyens de «se mobiliser» et de «se battre». La
finalité étant, a-t-elle ajouté, d'édifier des institutions à même de permettre
l'exercice de la démocratie. En ce sens, elle a insisté sur «le combat citoyen»
et «rejette» la démocratie «imposée de l'extérieur». Enchaînant sur les
élections législatives, prévues au printemps prochain, l'ancienne vice-présidente
du Conseil de la nation les qualifie d'«extrêmement importantes», si elles se
déroulent selon les «règles souhaitées» par la population.
A une question sur la «transparence» du prochain scrutin, Mme Drif-Bitat a estimé que la venue en Algérie d'observateurs
étrangers est une «atteinte à la dignité et à la souveraineté du pays». «Il
nous appartient de créer les conditions de bon déroulement du scrutin par le
rétablissement de la confiance entre gouvernants et gouvernés», a-t-elle dit, soulignant
que «les Algériens peuvent et doivent le faire car c'est le seul moyen lui
permettant d'exercer et de jouir de sa souveraineté». Soulignant que les observateurs
étrangers ont pour mission de «protéger les intérêts» de leurs pays respectifs
dans différentes régions du monde, Mme Drif-Bitat a
estimé que compte tenu des développements intervenus dans les pays voisins, «l'Algérie
est dans le collimateur de certaines puissances mondiales». «L'Algérie a
toujours été +politiquement incorrecte+ vis-à-vis de ces puissances», a-t-elle
indiqué, citant l'exemple de l'intervention des trois anciennes puissances
coloniales (France, Grande-Bretagne et Italie) en Libye pour «instaurer la
démocratie».
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Posté Le : 22/01/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : Houari Barti
Source : www.lequotidien-oran.com