L?axe Alger-Moscou se précise La Russie semble déterminée à reprendre sa place de partenaire privilégié de l?Algérie comme au bon vieux temps du socialisme et de l?ex-URSS. C?est en tout cas le souhait et l?objet de la visite hier du ministre russe des Affaires étrangères, Serguei Lavrov. « L?Algérie est l?un des plus importants partenaires de la Russie en Afrique et dans le monde arabe », a-t-il confié au bureau de l?APS à Moscou. Arrivé hier matin à Alger pour une visite éclair dans le cadre d?une tournée maghrébine, qui l?a mené à Rabat d?abord puis à Tunis aujourd?hui, le chef de la diplomatie russe a été reçu en audience par le président de la République et son homologue des AE, Mohamed Bedjaoui. Ce qui dénote la volonté de son pays de reprendre ancrage dans une région aussi stratégique qui fait courir Américains et Français. Serguei Lavrov devait notamment passer en revue avec ses hôtes les nombreux dossiers susceptibles de traduire « l?accord d?association stratégique » signé en 2001 par les deux pays. Il s?agit notamment des opportunités de coopération qu?offrent des secteurs aussi variés que les hydrocarbures, la sidérurgie, le génie civil, l?hydraulique, les infrastructures, le transport aérien et maritime, les télécoms mais aussi l?armement. « Il existe des horizons prometteurs de coopération entre les deux pays », a-t-il déclaré précisant que « l?Algérie et la Russie disposent d?énormes potentialités et opportunités ». Le ministre russe des Affaires étrangères devait également fixer la date de la visite à Alger de son président, Vladimir Poutine, annonce pour le mois de février. Il n?a d?ailleurs pas manqué de souligner que cette visite, inédite pour un président russe, devrait « renforcer davantage la coopération entre les deux pays », histoire de rattraper le temps perdu. Il y a quelques semaines, l?ambassadeur de ce pays, Vladimir Titorenko, indiquait que la visite à Alger de M. Poutine devrait donner une autre dimension à la coopération entre les deux pays. Et pour cause ! Pas moins de 14 contrats devraient être signés par les deux chefs d?Etat pour couronner les retrouvailles. « On s?attend au moins à un milliard de dollars à gagner pour nos deux pays », a estimé le diplomate. Des Mig-29 pour l?Algérie La coopération dans le domaine de la défense ne sera pas en reste, puisque Alger a conclu un marché de 500 millions de dollars avec Moscou pour l?acquisition de différents armements depuis quelques mois déjà. L?agence russe Interfax révélait en mai dernier, à l?occasion de la visite à Moscou du général-major, Ahmed Gaïd Salah, qu?un contrat de 50 avions militaires de type Mig-29 a été conclu pour la bagatelle de 1,5 milliard de dollars. Ahmed Gaïd Salah avait été reçu, ajoute la même source, par de nombreux responsables du Rosobornexport, organisme central russe chargé des exportations des armes. Mieux encore, l?on s?attend, d?après certaines sources, à un effacement total de la fameuse dette russe qui représente environ 25% du volume global de la dette extérieure de l?Algérie. Il est d?ores et déjà acquis qu?au moins un tiers de cette dette sera effacé ou reconverti en prises de participation dans les entreprises publiques algériennes privatisables. « Les ministres des Finances des deux pays sont en train de travailler dans ce sens. » Ce propos de l?ambassadeur est confirmé par Serguei Lavrov, qui précisait à l?APS, depuis Moscou, que le dossier de la dette ferait l?objet d?une discussion « dans un cadre global ». En d?autres termes, le traitement définitif de cette dette dépend des avantages qu?obtiendrait la Russie dans le partenariat avec l?Algérie via des accords en faveur des entreprises russes. La Russie de M. Poutine pourra donc faire l?effort d?éponger tout ou partie de la dette, à condition que l?Algérie lui offre des avantages comparatifs en termes de contrats d?investissement. C?est le message que devait transmettre le ministre des Affaires étrangères de ce pays aux décideurs algériens, selon une source diplomatique. C?est aussi une façon d?aplanir les derniers obstacles avant l?arrivée de Vladimir Poutine qui devrait sceller les accords. « Les entreprises russes attendent du concret. » Cette petite phrase de l?ambassadeur russe, lancée devant les journalistes, résume parfaitement les attentes de Moscou. Serguei Lavrov doit quitter Alger avec un signal politique fort à même de donner corps à ce « partenariat stratégique ». Ceci d?autant plus que le terrain est déjà balisé grâce aux 14 contrats prévus, mais surtout quatre autres qui devraient être parachevés avant la fin du mois prochain. Des accords qui devraient encadrer « les échanges multiples » envisagés, notamment concernant la suppression de la double imposition, le transport aérien et maritime, la protection des investissements et la libre circulation des capitaux. Ce dernier accord devrait être finalisé avant le 15 décembre prochain, d?après les estimations de l?ambassadeur russe. Les Russes, qui ont perdu la main dans les zones qui étaient sous leur influence du temps de l?Union soviétique, semblent avoir changé de stratégie. Les 350 millions de dollars - montant des échanges avec l?Algérie - sont à leurs yeux nettement en décalage par rapport aux opportunités existantes. Mais aussi par rapport aux « 2,5 milliards de dollars du volume des échanges du temps de Boumediène », comme l?avait noté, un tantinet nostalgique, Vladimir Titorenko.
Posté Le : 24/11/2005
Posté par : sofiane
Ecrit par : Hassan Moali
Source : www.elwatan.com