Algérie

Partenaires-concurrents sur le gaz en Europe: Rencontre entre experts russes et algériens début 2012



Des experts russes et algériens devraient se rencontrer au début de l'année prochaine pour examiner la situation sur le marché gazier de l'Europe. Ce sont les Russes, beaucoup plus communicatifs que les Algériens, qui l'ont annoncé, mardi, par la voix de leur ministre de l'Energie, Sergueï Chmatko.

« Nous avons convenu avec l'Algérie d'organiser une rencontre d'experts supplémentaire. Il se peut qu'elle se tienne en janvier en Algérie», a déclaré M. Chmatko devant les journalistes à l'issue du premier sommet du Forum des pays exportateurs de gaz (FPEG) à Doha. Les deux pays qui vendent essentiellement en Europe sont dans une position de partenaires et concurrents potentiels. Pour l'heure, leurs zones d'action en Europe sont différentes, nord pour la Russie, le sud pour l'Algérie. Mais la Russie, qui vient de renforcer sa position en lançant le gazoduc North Stream qui accentue le lien avec l'Allemagne, a également des vues au sud avec le projet South Stream qui vise le marché traditionnel de l'Algérie. Le marché européen est très convoité. L'Union européenne veut une garantie des approvisionnements et créer un cadrage juridique destiné à favoriser la concurrence. Ces politiques dites de libéralisation sont une source de préoccupation pour les deux parties mais également pour les autres producteurs de gaz qui ont souligné à Doha le « besoin de parvenir à un prix équitable pour le gaz naturel, basé sur une indexation aux prix du brut » et « l'importance des contrats gaziers à long terme afin de parvenir à un mécanisme équilibré de partage des risques entre producteurs et consommateurs». Ce sont ces questions qui seront au menu de la rencontre entre les experts russes et algériens. Selon le ministre, ces experts évalueront la situation actuelle en Europe et les mesures adoptées par la Commission européenne afin de centraliser les règles et la régulation du marché gazier. Les partenaires-concurrents ont un intérêt commun car l'objectif affiché par l'Europe de libéraliser totalement le marché domestique – avec l'érection d'obstacles pour l'accès au marché aux entreprises comme Sonatrach et Gazprom – est de nature à changer la donne.

DU SOUCI SUR LES CONTRATS DE LONG TERME

Pour l'Algérie et la Russie qui sont actuellement les principaux fournisseurs non européens de gaz naturel à l'Europe, cette libéralisation a pour effet de remettre en cause les contrats de long terme et les clauses de sauvegarde. De manière simple, l'Europe veut mettre en concurrence les pays fournisseurs de gaz, ce qui n'est faisable que par une remise en cause des contrats à long terme. Une option qui, on le devine aisément, n'arrange pas les producteurs. Encore que dans ce domaine, l'ancien PDG de Sonatrach, Abdelmadjid Attar, développe une opinion différente de celle qui prévaut officiellement. Selon lui, les contrats de long terme (10 ans et plus) peuvent arranger des grands producteurs comme la Russie et le Qatar, ils ne sont pas la meilleure option pour l'Algérie qui doit contrôler sa production et tenir compte des besoins internes. Il est clair que pour l'Europe toute coordination entre pays producteurs de gaz est mal vue. D'où d'ailleurs une vigilance remarquée contre la mise en place d'une « Opep du gaz » qui est pourtant bien loin de devenir une réalité. Mais au-delà des préventions européennes contre une volonté présumée des pays producteurs de vouloir faire des ententes pour atténuer la concurrence et se partager le marché européen, les experts russes et algériens ont beaucoup de choses à se dire. En concurrents-partenaires.




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