Des experts
russes et algériens devraient se rencontrer au début de l'année prochaine pour
examiner la situation sur le marché gazier de l'Europe. Ce sont les Russes, beaucoup
plus communicatifs que les Algériens, qui l'ont annoncé, mardi, par la voix de
leur ministre de l'Energie, Sergueï Chmatko.
« Nous avons
convenu avec l'Algérie d'organiser une rencontre d'experts supplémentaire. Il
se peut qu'elle se tienne en janvier en Algérie», a déclaré M. Chmatko devant les journalistes à l'issue du premier sommet
du Forum des pays exportateurs de gaz (FPEG) à Doha. Les deux pays qui vendent
essentiellement en Europe sont dans une position de partenaires et concurrents
potentiels. Pour l'heure, leurs zones d'action en Europe sont différentes, nord
pour la Russie,
le sud pour l'Algérie. Mais la
Russie, qui vient de renforcer sa position en lançant le
gazoduc North Stream qui
accentue le lien avec l'Allemagne, a également des vues au sud avec le projet South Stream qui vise le marché
traditionnel de l'Algérie. Le marché européen est très convoité. L'Union
européenne veut une garantie des approvisionnements et créer un cadrage
juridique destiné à favoriser la concurrence. Ces politiques dites de
libéralisation sont une source de préoccupation pour les deux parties mais
également pour les autres producteurs de gaz qui ont souligné à Doha le «
besoin de parvenir à un prix équitable pour le gaz naturel, basé sur une
indexation aux prix du brut » et « l'importance des contrats gaziers à long
terme afin de parvenir à un mécanisme équilibré de partage des risques entre
producteurs et consommateurs». Ce sont ces questions qui seront au menu de la
rencontre entre les experts russes et algériens. Selon le ministre, ces experts
évalueront la situation actuelle en Europe et les mesures adoptées par la Commission européenne
afin de centraliser les règles et la régulation du marché gazier. Les partenaires-concurrents ont un intérêt commun car
l'objectif affiché par l'Europe de libéraliser totalement le marché domestique
– avec l'érection d'obstacles pour l'accès au marché aux entreprises comme Sonatrach et Gazprom – est de nature à changer la donne.
DU SOUCI SUR LES
CONTRATS DE LONG TERME
Pour l'Algérie et
la Russie qui
sont actuellement les principaux fournisseurs non européens de gaz naturel à
l'Europe, cette libéralisation a pour effet de remettre en cause les contrats
de long terme et les clauses de sauvegarde. De manière simple, l'Europe veut
mettre en concurrence les pays fournisseurs de gaz, ce qui n'est faisable que
par une remise en cause des contrats à long terme. Une option qui, on le devine
aisément, n'arrange pas les producteurs. Encore que dans ce domaine, l'ancien
PDG de Sonatrach, Abdelmadjid
Attar, développe une opinion différente de celle qui prévaut officiellement. Selon
lui, les contrats de long terme (10 ans et plus) peuvent arranger des grands
producteurs comme la Russie
et le Qatar, ils ne sont pas la meilleure option pour l'Algérie qui doit
contrôler sa production et tenir compte des besoins internes. Il est clair que
pour l'Europe toute coordination entre pays producteurs de gaz est mal vue. D'où
d'ailleurs une vigilance remarquée contre la mise en place d'une « Opep du gaz » qui est pourtant bien loin de devenir une
réalité. Mais au-delà des préventions européennes contre une volonté présumée
des pays producteurs de vouloir faire des ententes pour atténuer la concurrence
et se partager le marché européen, les experts russes et algériens ont beaucoup
de choses à se dire. En concurrents-partenaires.
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Posté Le : 17/11/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Salem Ferdi
Source : www.lequotidien-oran.com