Algérie

Paroxysme



La tension est à son comble entre les deux Corée, après l'annonce par Pyongyang, lundi dernier, d'essais nucléaires souterrains réussis. Depuis cette date, et en dépit d'une vaste réprobation internationale, la Corée du Nord a procédé à des tirs de missiles, cinq au total, selon Séoul. Les Etats-Unis, le Japon et la Corée du Sud ont immédiatement manifesté leur très vive inquiétude face au geste de Pyongyang pressenti comme un défi au monde. Une attitude irresponsable, avait affirmé le président Obama.Mais c'est la Corée du Sud qui s'est montrée la plus alarmée pour des raisons évidentes de proximité. Séoul, qui n'en était jusque-là qu'observateur, a adhéré à l'initiative de sécurité antiprolifération en réponse aux essais nucléaires nord-coréens. Adhésion que Pyongyang a aussitôt interprétée comme une déclaration de guerre pour se dire déliée des accords d'armistice de 1953 qui avaient mis fin à la guerre de Corée. La Corée du Nord a même menacé Séoul d'une attaque militaire. Cette surenchère verbale ne masque pas l'ampleur et la complexité du problème auquel sont confrontées les grandes puissances.Pour ramener Pyongyang à la raison, les Etats-Unis ont besoin du soutien très ferme de la Russie et de la Chine. Pékin, qui avait été partie prenante des négociations, avortées, avec la Corée du Nord pour l'amener à l'abandon de son programme nucléaire, peut-il influer sur le cours des événements ' Pyongyang ne semble pas tenir compte de la condamnation de ses essais par le Conseil de sécurité et a haussé le ton dans une volonté manifeste de dramatisation de l'enjeu nucléaire. Moscou, pour sa part, se montre favorable à des réactions contraignantes sans pour autant punir (Pyongyang) pour punir. C'est de toute évidence un dossier explosif pour Barack Obama qui, d'un autre côté, tente de désamorcer la crise ouverte par l'épineuse question du programme nucléaire iranien. La Corée du Nord, au regard de sa situation interne désastreuse aux plans économique et humanitaire, n'a pas les moyens d'aller au bout de sa logique autrement que d'obtenir des concessions en perspective de nouvelles négociations.Il s'agit de savoir si l'escalade ainsi engagée ira jusqu'au déclenchement d'une action armée contre la Corée du Nord dans la même tonalité que celle qui avait justifié en 2003 l'invasion de l'Irak. Une telle action ne sera pas sans tragiques conséquences pour la région et plus largement pour le monde. Dans un tel contexte de tension délibérément entretenue, il s'agit de savoir si le langage de la raison l'emportera sur la tentation du pire.D'autant plus que la diplomatie de la canonnière a montré ses limites et inspiré des entreprises aussi démesurées et, pour tout dire, désespérée, que celle à laquelle le monde est exposé aujourd'hui avec le dossier nord-coréen.


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