Algérie

Paroles, paroles, paroles



Paroles, paroles, paroles
«Les Algériens font semblant de travailler et l'Etat de les payer», voilà une formule qui à son époque, autrement dit il y a une quarantaine d'années, faisait sourire tout le monde parce que derrière il se trouvait une vérité que chacun parmi nos concitoyens, peu importe son statut social, ne pouvait que confirmer. Qu'il s'agisse d'un salarié des hauts fourneaux ou du responsable d'une importante entreprise nationale et dont le salaire aussi exorbitant était-il ne dépassait pas le Snmg actuel au moment où un officier de l'ANP (capitaine) ne gagnait pas plus de 2 000 DA. Il faut quand même rappeler qu'au début des années soixante-dix, celui-ci (Snmg) était à 250 DA, l''uf à 0,20 centimes, le poulet à 3,00 DA le kilogramme, la baguette de pain à 0, 25 cts, le litre de lait en sachet à 0,80, le sucre à 1,20 DA, le camembert à 3,00 DA, une nuitée, un repas somptueux et un petit déjeuner gargantuesque au «Sables d'or» ne dépassait pas 150 DA, le billet d'avion aller-retour d'Oran/Constantine sur Alger 192 DA et sur Genève à partir d'Annaba avec escale à Paris pour 900 DA. Quant au TGV, le billet (aller-retour) Lyon-Genève était accessible d'est en ouest et du nord au sud à partir de n'importe quel guichet de la Sntf pour 200 DA, au moment où rares étaient les Français qui s'offraient le luxe d'emprunter ce moyen de
transport. Très bref retour dans le temps juste pour faire un constat moins idyllique et plutôt implacable sur des Algériens qui, dans leur majorité, n'ont même pas de travail et arrivent vaille que vaille à vivre, voire à survivre. Ce qui dans ce cas de figure précis, des familles entières ne disposant pas d'une ressource financière officiellement identifiée est du plus gros avantage pour l'Etat dont ce n'est plus la préoccupation. Il y a besoin de le souligner.Aujourd'hui, l'emploi est faible, pour ne pas dire inexistant au même moment où l'université, les instituts de formations professionnels fournissent à tour de bras au marché dudit emploi des cohortes de diplômés. Dans le même sillage, les rares entreprises économiques épargnées par la liquidation grâce aux injections financières répétées de l'Etat n'arrivent en rien à justifier ce soutien omniprésent depuis une décennie en raison des grèves, sous qualification du personnel, ruptures d'intrants ou de pièces de rechanges. Une situation qu'est venue accentuer la mondialisation et la crise financière internationale, de l'achever même si, ici et là, les responsables algériens s'accordent à dire que le pays est à la périphérie de ce tumulte planétaire.Et voilà que Rachid Benaïssa, le ministre de l'Agriculture vient encore une fois très doctement rassurer le peuple qu'il mangera à sa faim au cours du mois de Ramadhan grâce au très «génial» Syrpalac, ce machin même qui met la pomme de terre aux portes et parce qu'au prix de vente immuable, parce que soutenu par les pouvoirs publics, à la portée des ménagères. Il y a aussi les viandes rouges mais aussi blanches dont les prix resteraient stables. Il ne manquerait plus que le ministre jure sur le Coran pour qu'il soit cru tant il est vrai que ses compatriotes ont bien retenu les leçons du dernier, de l'avant-dernier, voire du premier Syrpalac en achetant la pomme de terre au prix multiplié par quatre par rapport à celui sur lequel s'est engagé son département'l'indisponibilité en sus. Alors, quand il annonce que les viandes rouges et blanches seront disponibles et stables, autant se poser la question sur ces millions de familles qui n'auront qu'occasionnellement l'opportunité de donner un semblant de saveur au repas. Histoire de garder un lien avec une sensation innée et éviter aux enfants le risque de ne pas en développer.«C'est la même chanson» égrenait une idole de la variété française, à l'époque où les Algériens n'avaient pas besoin d'être rassurés à la veille de chaque mois de carême sur la stabilité des prix des produits. D'ailleurs manger n'a jamais été leur préoccupation première et s'ils sont qualifiés de tubes digestifs par quelques hommes politiques malveillants ce n'est certainement pas la faute à Voltaire.
A. L.




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