Paroles des défenseurs des droits de l'homme

Le fondateur de l'organisation Egyptiens contre la discrimination religieuse, Mohamad Mounir Mégahed, estime que la situation des coptes n'a pas changé après la révolution du 25 janvier. «Ce qui se passe est le résultat normal du laxisme de l'Etat qui a recours à des séances coutumières pour régler à l'amiable ce genre de problème. Cette atmosphère d'impunité peut encourager n'importe quelle bande de voyous à s'en prendre à un lieu de culte chrétien sans beaucoup risquer», analyse Mégahed. De son côté, l'avocat Naguib Guibraïl, défenseur des droits des coptes et directeur de la Fédération égyptienne des droits de l'homme, estime que la situation des coptes s'est détériorée après la révolution. «Le Conseil militaire ne se place pas à une distance égale entre les parties et ménage toujours les salafistes avant de prendre une décision», accuse Guibraïl. Il note qu'aucun agresseur n'a été traduit en justice lors d'événements similaires. «Le Conseil militaire n'a pris aucune décision pour faire sentir aux coptes qu'ils sont citoyens à part entière», lance-t-il encore. La solution ' Selon Guibraïl, il suffirait de faire voter des lois affirmant l'égalité de tous les citoyens quelle que soit leur religion, comme la loi unifiée de la construction des lieux de culte. Membre du Comité de justice nationale, instance affiliée au Conseil des ministres et concernée précisément par les problèmes interconfessionnels, Amir Ramzi pense, de son côté, que le problème ne réside pas dans l'absence d'une loi pour la construction des églises mais dans l'absence de culture chez ceux qui refusent la cohabitation et la coexistence.
Des précédents
Des centaines de coptes avaient déjà manifesté mardi dernier pour protester contre l'incendie d'une église, dans le gouvernorat d'Assouan, et réclamer le limogeage du gouverneur. Le lieu de culte avait été brûlé après que le gouverneur Mostafa el-Sayyed eut déclaré qu'il avait été construit sans l'approbation des autorités, des déclarations qui auraient provoqué la colère de jeunes musulmans qui ont ensuite incendié l'église. Les coptes, qui représentent de 6 à 10% des Egyptiens, s'estiment discriminés dans une société en grande majorité musulmane. Ils ont été visés par plusieurs attentats, en particulier celui du Nouvel an contre une église à Alexandrie qui avait fait 23 morts. Le 7 mai, dernier, 15 personnes avaient été tuées et plus de 200 autres blessées au Caire lorsque des musulmans avaient attaqué deux églises, affirmant qu'une chrétienne convertie à l'islam était détenue dans l'un des lieux de culte. L'Egypte connaît depuis plusieurs mois une montée des tensions confessionnelles, alimentées notamment par des querelles de voisinage et des différends sur la construction d'églises.