Algérie

Paroles de sportifs : « Le talent n?a pas de nationalité »



La « mise en jambes » a été rapide lors de ces rencontres. Le premier personnage éclairé d?un jour nouveau a été le Marocain Larbi Ben Barek, la « Perle noire », première figure de l?immigré sportif, dont la carrière s?est étalée de 1934 à 1955. Il a été plusieurs fois sélectionné en équipe de France, et il est passé par l?olympique de Marseille, contre qui il a joué une finale de la coupe de France, perdue contre Nice en 1954. L?un des illustres successeurs, le Marocain Hassan Akesbi, était présent pour éclairer comment il a vécu sa « starisation », entre les années 50 et 60. « Etre une star, c?était un honneur. Je n?ai jamais senti de crise d?identité. Le talent n?a pas de nationalité. J?étais amené à côtoyer des artistes, des politiciens, des rois, des ministres ? » Pourtant, en 1965, il n?a pas hésité une seconde lorsque le prince Moulay Abdallah lui a demandé de venir s?occuper du FUS de Rabat : « je devais faire profiter le Maroc de mon expérience. » Parlant de Ben Barek, l?ancien international algérien Mustapha Dahleb dit que « connaissant cette réussite utopique, c?était pour nous une motivation supplémentaire qu?il y avait un chemin possible ». « Le choix de l?Algérie combattante. » Rachid Mekhloufi, ancien de l?équipe du FLN, a estimé que « le poison du football, c?est le pognon », rejoint par Abeski qui employa le terme de « business » : « A Nîmes, j?avais 19 ans, j?avais signé pour 65 000 FF, et la prime était de 20 000 FF. On jouait par amour du ballon, le plaisir de caresser la balle. Malgré le professionnalisme, on a vécu comme des esclaves, sans droit au transfert, et même à s?exprimer. » Pour Mustapha Dahleb : « Dans la société d?aujourd?hui, on consomme et on jette. » Parlant de l?argent il a confié : « Tous les joueurs qui sont ??arrivés??, au départ, c?était par passion, le rêve de devenir professionnel. Personne n?a choisi ce sport pour l?argent, c?est le développement de l?industrialisation du sport, l?arrivée des moyens lourds de communication qui ont rejoint la passion, et ont permis aux pros de gagner de l?argent. » Et Kader Ferhaoui d?ajouter : « c?est notre métier, on l?a toujours aimé, et on l?aimera toujours même après avoir arrêté. Si on peut gagner beaucoup d?argent en faisant le métier qu?on aime, je ne sais pas s?il y a beaucoup de gens qui n?accepteraient pas de le faire. » Au sujet du choix de l?étendard, les transfuges de l?équipe du FLN, en avril 1958 (bientôt 50 ans !), n?ont pas hésité pour « le choix de l?Algérie combattante ». Ammar Rouaï le dit, rejoint par son compagnon de Tunis, Mekhloufi qui avoue cependant, en forme de scoop, que Arribi, qui lui avait parlé de ce départ pour le FLN avait carte blanche pour lui accorder en échange de son ralliement, la somme qu?il demanderait : « mais ça, je l?ai su après l?indépendance (?). » Il explique : « Arribi était mon aîné dans mon collège, vous connaissez le respect pour les aînés. quand il est venu me parler de départ, je n?ai même pas discuté. » Mohamed Zitouni (malade, il n?a pas pu venir à Marseille) et Rouaï étaient sélectionnés pour l?équipe de France qui devait, quelques jours plus tard, jouer la coupe du monde. La veille de leur départ, ils s?affrontaient en championnat, l?un contre Angers, l?autre contre Monaco? comme si de rien n?était, avant de partir ensemble pour l?exil. Le football, sport populaire, fut ainsi le vecteur par lequel les Français prenaient conscience de cette guerre en Algérie, tournant ainsi une page du foot maghrébin. Mekhloufi et Rouaï ont insisté tous les deux pour dire : « on est partis librement, personne ne nous a menacés. Ceux qui sont restés n?ont eu aucun problème. » A une question sur son retour aux « affaires » du foot algérien, Mekhloufi a répondu : « on ne cache pas le soleil avec un tamis. C?est vrai qu?il y a un gâchis, mais je ne suis pas fou. A 71 ans, je suis le plus jeune des anciens de l?équipe FLN, il faudrait que je sois sur le terrain ?! » Mais le toujours vif champion n?hésite pas à donner des conseils si on le lui demande, indiquant notamment au sujet de la réforme du sport des années 78, qu?« on aurait dû faire un pause pour voir ce qui ne va pas. On aurait ainsi revu la participation des bénévoles aux associations ; le bénévolat, c?est le sang des clubs ».


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