Algérie - El Hachemi Guerrouabi

Paroles de la chanson Harez Aouicha



Paroles de la chanson Harez Aouicha
Le cerbère de Ouicha

Istikhbâr :

Grâces, grâces! Dieu Seul dispense la richesse ;
j'en appelle à Toi, ô mon Seigneur.
matla :
Que faire ? quel stratagème choisir ? Quelle ruse efficace opposer
à ce cerbère érudit du Hidjâz, venu au Maroc par désir de parade ? Il connaît, ô esprit vif, l'art de la navigation des Romains hostiles, instruit par tant de sages et de savants en astrologie,
courageux et plein d'audace, bien informé sur les ruses des femmes, buveur invétéré, et attiré par la compagnie des jeunes filles,
la passion de sa vie. Il parcourut le monde,
visitant villes et villages, à la recherches d'une gazelle.
Dès son arrivée à Azemour, il rencontra une fille élégante.
Vierge, superbe et gracieuse, jouant du luth
et chantant à faire chavirer [les cœurs ]
des mélodies sur un mode Higaz syrien, elle surpassait toutes les autres gazelles :

c'était une éloquente poétesses du Maroc,
jeune fille de dix-huit printemps.
C'était une belle adolescente déjà coquette.
Elle avait grandi dans mon intimité ;
toujours à mes côtés, elle ne pouvait se passer de moi.

Lorsque le cerbère arriva, pétri!! de ruses, les envieux la lui vendirent
car ils me jalousaient cette perle tant convoitée.!
Le cerbère l'encercla de gardes en son palais,
élut domicile entre rivière et mer et s'appropria sa beauté.
La superbe gazelle le fascinait: il était conquis par sa beauté souveraine
qui l'avait soumis. Il plaça des gardes aux accès!.
refrain :
Ah! Qui voudra écouter ce qu'il advint entre l'amant,
Ouicha et le cerbère, cet érudit du palais ?!
machhad :
Grâces, grâces! Dieu seul dispense la richesse ;
j'en appelle à Toi, ô mon Seigneur.
Que faire ? Quel stratagème choisir ? Quelle ruse efficace lui opposer ?
Le diadème de Beauté s'en est allé
et je suis sans nouvelles d'elle depuis sept jours.
Mais voici qu'un messager se présente à moi
avec de bonnes nouvelles de la gazelle :

toujours au palais!! chez cet érudit arrivé au Maroc au point du jour ;
il l'enferme en son palais, subjugué par sa beauté,
sa chevelure, ses grains de beauté, ses yeux à l'iris noir et sa bouche...
Je lui dis, agacé: « Tous mes amis sont des aigles
mais notre vision diffère sur la plus majestueuse des jeunes filles
car, je l'admire, moi, lorsqu'elle lui accorde
quelques faveurs en le tourmentant,
lui montrant ainsi de quoi sont capables les Marocains. »
J'ôtais la djellaba pour endosser l'habit de Qadi ;
j'avais un livre enveloppé dans [une bourse] en feutre!
et un chapelet à la main droite ;
je me composai une barbe argentée,
et nous nous dirigeâmes vers le palais.
Les gardes demandèrent :
« O érudit, voudrais-tu leur répondre ? »
Et le cerbère de la gazelle de m'interpeller :
« Que représentes-tu, ô Marocain ? »
Je répondis :
« Je suis le Qadi de la ville venu solliciter ta bénédiction, ô sage érudit,
et t'inviter, au nom du Généreux, à honorer ma demeure de ta visite ».
Il me rétorqua :
«Ô Mu'tazilite,! cette paix offerte, je ne la crois pas sincère.
Pour moi, votre nourriture est illicite et tu es un Qadi fourbe.
Passe ton chemin et éloigne-toi de moi !

Comment un importun! comme toi pourrait-il être Qadi ?! »
Et, tel un faucon, il retourna à son palais. Ah, mais qui voudra m'écouter?
refrain - machhad :
Fort d'un autre stratagème, j'irai revoir ce cerbère pétri de ruses :
en disciple de Sidi Rahhal ,
accompagné de dix hommes déterminés, parés de coiffure rituelle
et portant des bouilloires, des cierges allumés,
des bendirs accordés et tous danseurs de transe.
Nous nous dirigeâmes alors vers le palais. Les gardes demandèrent :
« à” érudit, voudrais-tu leur répondre ? »
Le cerbère de la gazelle vint à nous, roulant des yeux ;
avançant vers lui, je le saluais; il m'ignora, refusant de répondre à mon salut.
Je me dis :
« Quel mufle! » J’exécutais une danse de transe, puis je lui dis :
« Souhaite la bienvenue aux honorables personnes[que nous sommes].
Tu connais bien Sidi Rahhal, notre ancêtre, [n'est-ce pas] ?
Puisque tu es venu chez nous au Maroc,
nous devons te montrer nos coutumes.
Fais-nous donc entrer dans ton palais
et honore-nous d'offrande d'ambre et de fleurs.
Nous t'apportons biens et protection.»
Lui, toujours trônant, [silencieux],
m'obligea à ajouter: « Pourquoi ne réponds-tu pas ? »
Enfin, se tournant vers moi, il me dit :
« Qui est cet ancêtre dont tu parles ? Un prophète, un saint,
un messager ?
C'est lui qui vous aurait transmis cette doctrine de la ruse ?
Vous êtes dix grands dadais
avec vos coiffures en épis de maïs, et ce onzième-là, le perfide,
vous l'avez suivi par esprit de Corps.»
Se tournant vers les gardes, il leur dit :
« Honorez-les de coups de canne! »
[Mais] je réussis à échapper à ces gardes vigoureux. . .
Ah! Qui donc voudra m'écouter ?
refrain - machhad :
Que faire ? Quel stratagème livrer ? Quelle ruse efficace opposer ?
Le diadème de Beauté s'en est allé et je suis sans nouvelles d'elle depuis sept jours.
Ce cerbère si redoutable est un homme dépassé et,
alors que je racontais aux jeunes filles ses faits et gestes,
les belles me dirent: «Ô l'amoureux, nous allons t'accompagner
nous douze, toutes d'une beauté triomphante :
trois virtuoses de kamandja,
trois joueuses de luth maîtrisant parfaitement cet instrument,
trois percussionnistes sachant sur le bout des doigts leurs qaçayed,
et trois danseuses charmant jusqu'au doyen des pénitents.

Le vieillard [en] redeviendra jeune et oubliera ses cheveux blancs. »
Je leur dis: « C'est là la solution,
oui, cette ruse est la clé.» La plus belle se leva,
me vêtit d'or et de soie, comme si j'étais un enfant
aux joues roses, au regard perçant! et aux lèvres suaves.
Je me couvris d'un haik de fine laine et les jeunes filles me dirent :
« Oh cheikha, précède-nous donc !
Nous te prénommons désormais Oum Yamna. »
Nous nous dirigeâmes vers le palais. Les gardes demandèrent :
« à” maître, voudrais-tu leur répondre ? »
Le cerbère de la gazelle demanda :
« Qui parmi vous est la cheikha ? » Je lui répondis :
« C'est moi, ô sage érudit. Nous sommes venues de Fez pour te voir,
toi le sage érudit, le plus cher d'entre les hommes,
pour le plaisir de la musique autour d'un verre.»
Il me répondit d'une voix grondante :
« Tu es une diablesses, tu es venu à moi avec des airs patelins. . .
cherche [plutôt] un campement où te loger, pauvre hère.
Toi et les douze autres,
c'est une boulangerie et une gargote qu'il vous faut !
Retournez dans vos quartiers, cela est préférable pour vous. »


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