Algérie

Paroles de femmes de Kheira Sid Larbi Attouche (Essai) - Editions ENAG, 2001



Paroles de femmes de Kheira Sid Larbi Attouche  (Essai) - Editions ENAG, 2001
La marque la plus sûre de la civilisation

Ecriture masculine, écriture féminine, est-ce un enjeu contrôlé ou une vraie libération de l’être? Pur idéal? Ou condition concrète pour une existence humaine harmonieuse et solidaire?

Vieux débat s’il en est, et d’aucuns, paradoxalement en nos temps présents d’espérance, se justifiant d’une rationalité immédiate, et cependant variable, orientée vers la connaissance de l’être humain, persistent à développer une pensée où logique et nature brouillent l’esprit, et même bloquent l’esprit. Or une responsabilité collective et une responsabilité individuelle doivent être prises là.
Cette réflexion générale, et somme toute peu originale, pourrait venir à tous en lisant l’essai Paroles de femmes (*) de Kheïra Sid Larbi-Attouche.
Il s’agit d’une étude sur des auteurs femmes confirmées qui «ont décidé de ne plus parler par procuration» et qui, selon l’âge, le milieu social, la formation intellectuelle, l’activité professionnelle et, sûrement davantage, les motivations les plus diverses et les plus urgentes, ont essayé de confier une expérience - soit personnelle, soit à travers des personnages, soit directement observée - qui pourrait s’intégrer dans l’immense expérience collective de la société algérienne en quête de ses prores valeurs.
Et n’y a-t-il pas là, particulièrement dans le vaste domaine de la culture, et aussi bien dans la littérature, un indispensable élargissement de cette expérience dans les consciences dirigeantes et responsables de la bonne santé de la civilisation algérienne? La dignité algérienne est, comme dans tous les pays de conscience moderne, dans la complémentarité de l’intelligence féminine et de l’intelligence masculine, - tout simplement dans la dignité de la personne humaine, où chaque être est une valeur reconnue par tous les autres êtres.
C’est que Kheïra Sid Larbi-Attouche, journaliste de formation et peut-être souvent témoin des tourments vécus par les femmes de son pays, a voulu comprendre «un univers féminin, écrit-elle, à travers l’extrême sensibilité des âmes que commande une main habile à décrypter le cri de la douleur, de la souffrance, la surdité de la blessure (...)
Des questionnements! Toujours ces lancinantes interrogations qui modulent la vie des femmes. Puis ce prétexte, l’écriture, porter et faire entendre leurs chagrins, l’éclat de leurs espérances ou leur descente aux enfers.»
Notre auteur, qui est aussi une femme de grande sensibilité au regard de son approche de la problématique abordée dans son présent ouvrage, a-t-elle peint le portrait de 21 femmes romancières, nouvellistes, essayistes, poètes, ou plutôt a-t-elle «essayé de transcrire fidèlement toutes les impressions ressenties lors des entretiens» qu’elle a eus avec chacune d’elles? En vérité, Kheïra Sid Larbi-Attouche a pu exécuter une sorte d’études aquarellées intéressantes, plus ou moins affinées, certes, mais toutes de bons tons, agréables à comprendre, démontrant par là, que «ce n’est pas vrai que leur (les écrivains femmes) écriture soit de la «dentelle», avant peut-être, mais plus maintenant.» (Propos de Youcef Driss, «le Gorki égyptien», rapportés par Aïcha Lemsine lors de son entretien avec notre auteur.)
Ainsi, dans Paroles de femmes, page après page, 21 artistes de l’écriture et de la pensée se sont présentées avec une honnêteté et une intelligence admirables, et sur un ton tout plein d’humilité, souvent de pudeur et toujours sans complexe.
S’il y a une autre qualité dominante chez ces femmes de lettres - et en quelque lieu que ces femmes se trouvent -, il faut ajouter, à mon sens, la spontanéité généreuse de l’expression vraie «sans détour à l’image de leur écriture», ainsi que le souligne Kheïra sid Larbi-Attouche.
Car, «bien que vivant dans une société agnatique, machiste, ajoute-t-elle, ces femmes et par leurs écrits s’affirment et s’imposent avec résolution et détermination à côté de l’homme, leur compagnon de toujours. Quel paradoxe!».
Le paradoxe est encore en ceci : la femme intellectuelle, la femme mère élevant ses enfants, la femme maîtresse de maison, la femme responsable administrative, la femme chef d’entreprise, la femme responsable politique, la femme magistrat, et tout court, la femme adulte : toute femme reste et demeure sous tutelle qui ramène le droit à la force.
Aussi, suffit-il de citer quelques-uns des sous-titres, assez significatifs, mis en avant présentation de chaque auteur, «ces 21 clefs pour comprendre la littérature féminine en Algérie» pour se convaincre des préoccupations légitimes et de la grande richesse intellectuelle des Algériennes d’aujourd’hui:
«L’exil intérieur», Nadia Guendouz (dont je salue la mémoire); «Passions heurtées», Malika Mokaddem; «Ni clan ni sérail», Aïcha Lemsine; «Les chemins du coeur», Aïcha Bouabaci; «Frénésie d’indépendance», Malika Boussouf; «Lucidité, ma blessure», Latifa Benmensour; «Eveiller la conscience, non la contraindre», Malika Boudalia Greffou; «Briser les carcans», Houaria Hadjadji; «Un destin hors du commun», Anissa Boumediene; «Le bonheur est en nous» Hamida Chellali.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)