Algérie

Paroles d'Algériens de Waciny Laredj, (Document) - Éditions ARTE/Le Serpent à Plumes, Paris 2003



Paroles d'Algériens de Waciny Laredj, (Document) - Éditions ARTE/Le Serpent à Plumes, Paris 2003
Table des matières:

(*) extraits de textes déjà publiés, mais pas en France
(**) textes totalement inédits

Avant-propos, par Waciny Laredj

Aux origines de la résistance
Apulée, Apologie

Mémoire blessée
*Mostefa Lachref, Souvenirs de l’isolement pénitentiaire
*Jean Sénac, Notes sur le théâtre
Bachir Hadj Ali, Lettres à Lucette 1965-1966

Entre exil et aspirations
Mohammed Dib, Le Sommeil d’Eve
Kateb Yacine, Le Cadavre encerclé
Assia Djebbar, Les Nuits de Strasbourg
Rachid Mimouni, Une peine à vivre

Le système bureaucratique
*Mustapha Fassi, La Convocation
**Areski Mellal, La Délégation officielle (inédit)

Le grand prix à payer
Abdelkader Alloula, Le Conteur
Tahar Djaout, Les Vigiles
*Saïd Mekbel, Ce voleur qui…

Une nouvelle voie
**Zineb Louaedj, La Danseuse du temple & Le Palmier
**Habib Ayyoub, Conseils pratiques à des ministres en conseil de bonne gouvernance
**Hadjar Bali, Le Testament

Préface par Waciny Laredj :
Les textes rassemblés dans ce volume ne se ressemblent pas et ne représentent pas forcément toute la littérature algérienne. Pourtant, ils viennent d’un substrat commun et leur essence est la même : refus des diktats et de l’injustice sous toutes leurs formes.

Ils viennent de temps et d’espaces différents mais appartiennent à la même terre et reflètent un même cri incessant de liberté. Ce sont des textes qui évoquent les maux et les douleurs engendrés par l’écriture : l’enfermement, l’exil, le déplacement, l’interdit, l’errance, les assassinats qui ont fait l’actualité macabre des années quatre-vingt-dix, et, surtout, une résistance sans faille

Ce livre est aussi un grand espace où s’entremêlent des voix rebelles et différentes, de couleurs disparates, dans une même fresque qui retrace depuis l’Antiquité ce désir indescriptible de liberté, de révolte où la beauté du verbe et son acharnement sont maîtres des lieux.

Tout en ponctuant des époques différentes, ces textes laissent poindre en filigrane des constantes qui reflètent à la fois le refus et le désir d’aller vers une époque plus juste. Ce ne sont pas des témoignages mais des textes qui témoignent de la douleur et des soubresauts permanents de l’histoire bouillonnante de l’Algérie. En dépit des drames qu’ils décrivent, ils s’imposent, à l’intérieur des incertitudes, en faveur d’une vérité blessée, celle de l’homme qui se bat depuis l’éternité pour son statut naturel d’homme libre.

Ce sont des textes de contestation, d’une contestation dans laquelle coule un grand humanisme et une douceur qui se conjuguent à une révolte de l’homme contre toutes les injustices et les abus, contre la déception et les logiques déroutantes qui abrutissent l’être humain et l’aliènent. Mostefa Lachref, à l’intérieur d’une cellule, ne règle pas ses comptes avec un ennemi qui met en péril sa propre vie et celle de son pays. Il veut que son écriture calme et pensante, sème dans l’esprit de ses geôliers quelque chose de l’ordre de la compassion et de l’humanisme. L’espace carcéral devient un lieu de découverte, celle de sa propre humanité comme celle d’autrui. La lecture devient le plus sûr moyen d’élargir les horizons et de ne pas tomber dans la haine.

Avec Bachir Hadj Ali, Kateb Yacine et d’autres poètes, c’est toute une génération qui a assumé pleinement son refus du fait colonial. Par leurs pratiques littéraires, ils ont donné naissance à une écriture qui se révoltait et qui exorcisait la peur en investissant un espace cosmopolite de mots et de livres. Dans leurs mots sommeillait la révolte qui allait éclater.

Des mots de femmes aussi, ceux d’Assia Djebbar, Zineb Laouedj et Hajar Bali. Des générations différentes, mais une même révolte contre l’injustice sous toutes ces formes : colonisation, sous-développement, nationalisme, intégrisme religieux, et, traversant époques et régimes politiques, l’oppression féminine et l’inégalité des sexes.

Rachid Mimouni disait à juste titre : rester, c’est mourir beaucoup, partir, c’est mourir un peu. Il ne se rendait pas compte qu’il était en train de définir une machine aveugle qui échappe à toute définition : l’exil. L’exil, c’est bien souvent le silence et l’isolement, c’est la mort programmée des repères et l’assèchement des racines. Un éloignement qui se rêve provisoire et qui se nourrit d’un retour proche, oubliant que les années d’absence ne peuvent être comblées.
Dans tous les écrits choisis dans ce livre, c’est la résistance qui s’exprime, avec des mots et des styles différents selon les époques et les situations politiques, mais avec toujours cette nécessité impérieuse de dire, de témoigner, de refuser l’arbitraire. Écrire pour résister, toujours… Dib dit l’amour, il subit l’exil, Yacine l’isolement, Bachir Hadj Ali l’enfermement, Sénac l’oubli et l’ingratitude, Djaout, Alloula et Mekbel, l’assassinat, Zineb Louedj dit la résistance, elle subit l’errance. Dans toutes leurs finalités douloureuses, l’écriture et les mots blessés masquent très mal le désir immortel de la vie.
Mais peut-on interdire à l’homme de rêver et à l’histoire de se frayer un chemin vers la liberté ?


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