Oui, de cette machinerie qui consiste à nous tirer les vers du nez pour nous tirer les sous des poches. Ou, plus doctement, à identifier nos attentes pour orienter nos achats. En dehors de cet aspect, disons vénal, le marketing est aussi un formidable moyen d?organisation, de distribution et de promotion. Désormais, il s?applique à toutes choses. Ainsi, le marketing territorial, considérablement développé ces dernières années, va de la promotion d?une ville à celle d?une région et même d?un pays, chacune de ces entités, en concurrence avec ses homologues, rivalisant d?ingéniosité pour attirer le plus de visiteurs, d?investisseurs, d?échanges, etc. Dans cette bataille, des budgets énormes sont votés, des spécialistes de haut niveau engagés, et les institutions et citoyens du territoire concerné mobilisés. Et, partout où l?intelligence a droit de cité, la « chose culturelle » est utilisée comme faire-valoir de premier plan. Les festivals de musique, de cinéma, les biennales artistiques, les restaurations de monuments, etc. servent aussi à forger une belle image de soi. Nous concernant, ce ne sont pas avec nos réserves de change, alimentées par nos réserves de pétrole, que les autres nous apprécient. Mais se rend-on compte, en moyen et haut lieu, combien les déboires du SILA sont un indicateur puissant d?une incapacité nationale à générer de la rationalité ? La semaine dernière, nous disions que ce salon méritait la critique mais aussi le soutien. Nous ne pensions pas que la première gênerait autant le deuxième. Comment le beau thème de « Libertés et imaginaire », s?est-il transformé en celui d?« Absurdités et arbitraire » ? Peut-être par la théorie du chaos qui relève de la physique et certainement pas du marketing. Ce qui nous amène au marketing éditorial qui lui aussi a franchi des étapes épatantes. Il y a la méthode du tout-publicitaire. Résultats éprouvés. Il y a celle de la non-publicité. Silence et mystère sur Le livre à paraître, comme en 2005, en France, avec le dernier roman de Houellebecq. Quand même 300 000 ventes sur les 400 000 prévues. Il y a l?option relations presse : séduction des chroniqueurs littéraires. Enfin, celle, inédite, qui consiste à retirer un livre d?un stand, le jour-même de l?inauguration d?un salon. De loin, la plus efficace. Imparable. Promotion garantie. Même ceux qui ne lisent jamais s?y mettent, quitte à prendre des cours d?alphabétisation en intraveineuses. Expérimentée en première mondiale au SILA, la méthode pourrait pousser les auteurs qui ne s?appellent pas Benchicou à déposer plainte auprès du nouveau Conseil de la concurrence et ses auteurs, une homologation de record de promotion éditoriale au Guinness Book.
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Posté Le : 08/11/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ameziane Ferhani
Source : www.elwatan.com