Parler vrai

De face-à-face entre postulants à la magistrature suprême, les téléspectateurs téméraires qui ont regardé les chaînes diffusant le « débat » de vendredi n'ont eu droit qu'à des monologues à … plusieurs. La faute aux candidats ' Aux organisateurs ' Au contexte particulier du pays ' Il est vrai que du fait qu'il s'agissait d'une première expérience en la matière, personne ne se faisait d'illusion et même beaucoup prédisaient un fiasco sur le plan technique. Si concernant ce dernier point, la soirée a été correcte, pour le reste, les cinq candidats donnaient l'impression de réciter des pages de leurs programmes. Le format choisi, très rigide, ne permettait pas de relancer un candidat sur un point précis. Et pourtant, il y avait beaucoup à redire.L'autre aspect concerne la langue véhiculant le message des candidats. Et là, encore une fois, on ne pouvait échapper à l'exception algérienne. Laquelle ' Celle « imposant » aux intervenants sur les télés, de manière générale, à parler une langue classique que peu maîtrisent. C'est le cas des scénarios de films ou de feuilletons algériens, qui, à quelques rares exceptions, usent et abusent de termes en parfait décalage avec la réalité linguistique du commun des Algériens, alors qu'ils sont censés rester dans le vraisemblable. Quand on veut transmettre un message, le destinataire est un élément clé. C'est élémentaire. Alors pourquoi cette manie de sous-estimer la langue parlée, l'«algérien» ' Nos voisins arabes n'ont pas ce complexe, on voit même leurs responsables s'exprimer aisément dans leur dialecte, naturellement, donnant plus de crédit à leurs propos, et sans que cela n'offusque personne. En Algérie, où le discours politique a du mal à passer pour les raisons que l'on sait, on serait bien inspiré de libérer la parole des contraintes linguistiques imposées par une bien-pensance désuète.