Algérie

"Parkour(s)" d'une société et de ses travers



Cette fiction, qui revient sur les travers de la société avec humour et dérision, est visible, depuis le 24 juin, dans les salles françaises.Après l'avant-première à Alger, le 23 avril 2019 à la salle Ibn Zeydoun, où il a conquis le public, le film Parkour(s) de Fatma-Zohra Zamoum poursuit son petit bonhomme de chemin dans le monde. Depuis quelques jours, les Parisiens ont eu l'occasion de découvrir au cinéma Le Saint-André (6e Arrondissement) cette fiction qui raconte les travers de la société algérienne avec beaucoup d'humour. À ce propos, la réalisatrice nous a indiqué qu'il "devait sortir le 13 mai 2020 puis il y a eu le confinement, et cela a été reporté au 7 octobre. Mais après la réouverture des cinémas, j'ai accepté de présenter le film à compter du 24 juin pour participer au retour du cinéma et des spectateurs dans les salles".
Elle est ravie de débattre tous les jours avec les spectateurs : "Il y a encore des réticences à revenir en salle, mais le jeu en vaut la chandelle, tous les jours ce sont des échanges passionnants et du partage." Au sujet de ce film, la cinéaste nous a expliqué qu'elle souhaitait "dire les choses simplement. D'un point de vue narratif, je voulais parler de l'immobilisme et du mouvement, d'un point de vue thématique, du mal-être des jeunes et de la situation sociale des Algériens dans les petites villes de province ces dernières années". Concernant les projections suivies de débats, elle souligne : "Ce n'est plus mon intention qui compte mais ce que les spectateurs en pensent.
Les films nous appartiennent pendant qu'on les fabrique, mais appartiennent aux spectateurs quand ils sont diffusés." Sur les sujets abordés dans le cinéma, qui nous semblent parfois récurrents, elle signale que "les thématiques traitées doivent être sans cesse actualisées. De son côté, le spectateur doit faire l'effort de regarder, voir, comparer, comprendre, analyser...", précise F.-Z. Zamoum. Quant aux conditions de la création cinématographique en Algérie, elle explique qu'"un film de cinéma est censé de nos jours être un processus industriel et connecté avec le monde pour sa fabrication et sa distribution, car le cinéma est une industrie depuis plus de 100 ans, et il a atteint sa vitesse de croisière partout dans le monde d'une façon ou d'une autre sauf dans certains pays d'Afrique, du Moyen-Orient et du Maghreb".
"Est-ce un retard technologique, une absence de vision structurelle, une méfiance institutionnelle envers la fiction de cinéma, l'absence de public, un manque de démocratie, un manque de promoteurs privés, de formation, de promotion, de distribution ' On peine à former le vrai diagnostic sur le problème et c'est peut-être tout cela en même temps." En plus de solutions techniques, Fatma-Zohra Zamoum avance des idées sur le développement du cinéma en Algérie : "Il sera florissant s'il est introduit dans l'éducation où les élèves iront voir des films, avec des débats. Les associations et cinéclubs doivent être actifs, surtout dans la diffusion." Et d'ajouter : "Tous les cinémas ont un bel avenir si les peuples sont conscients que personne ne peut raconter leur Histoire à leur place. Le cinéma n'est pas seulement un outil du politique, c'est la vie des gens et leur imaginaire dans ce qu'ils ont de bon et de mauvais, de fabuleux et de perfectible."
Native de Bordj Ménaïel, diplômée des Beaux-Arts d'Alger puis de la Sorbonne (histoire de l'art et du cinéma), Fatma-Zohra Zamoum réalise ses premiers courts-métrages à partir de 1996. La Pelote de laine (2005) reçoit des distinctions dont le Tanit d'argent à Carthage et des prix spéciaux au Fespaco. Elle a réalisé, entre autres, le long-métrage Z'har ou (Un)Lucky (2009), Kedach Ethabni (2011), qui vient de sortir en DVD à l'Harmattan vidéo, ou encore Azib Zamoum, une histoire de terres (2014). Si le parcours cinématographique de la réalisatrice a été couronné de plusieurs distinctions, son ?uvre ne se limite pas au cinéma.
Enseignante universitaire, elle est également romancière. On lui connaît : À tous ceux qui partent (l'Harmattan-2000), Comment j'ai fumé tous mes livres (La Chambre d'Echos- 2006). Actuellement, elle travaille sur un film dans le sillage de Parkour(s) et sur un projet historique autour des déportés en Nouvelle-Calédonie.


De Paris : ALI BEDRICI


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