Parking sauvage

Un individu qui s'était autoproclamé gérant d'un parking sauvage à Bouchaoui, dans la banlieue ouest d'Alger, a été placé en détention provisoire par le procureur de la République près du tribunal de Cheraga, nous apprend TSA, qui cite un communiqué de la sûreté de la wilaya d'Alger.«La personne en question exploitait un parking de façon illégale. Il exigeait des automobilistes de payer pour stationner, à défaut, il les insultait et menaçait de saccager leur voiture», selon la même source. Selon la police toujours, «l'arrestation de cet individu intervient après une plainte déposée le 26 septembre dernier par deux personnes contre le mis en cause pour «insultes» après leurs refus de s'acquitter des droits de stationnement. Les policiers, qui se sont déplacés sur les lieux, ont constaté que le mis en cause avait créé un parking sans autorisation.Il a été arrêté et présenté au procureur de la République près le tribunal de Cheraga (ouest d'Alger) qui l'a placé en détention provisoire. La force publique qui se déploie pour interpeller un «gérant de parking sauvage» après la plainte d'automobilistes, c'est toujours bon à apprendre. C'est bon d'apprendre d'abord que dans ce pays rongé - et rangé - par la peur, il y a encore des résidus de courage et de dignité qui permettent à quelques citoyens de ne pas tout accepter, de ne pas se laisser faire. On pensait que les choses étant au point où elles sont parvenues, la résignation s'est confortablement installée, pour l'éternité. Il fallait en effet plus que du courage pour envisager cette bravade. Parce que ça fait longtemps que la cause est entendue. Dans la tête des Algériens, non seulement ils ne pouvaient pas compter sur la rigueur de la loi et l'autorité chargée de l'appliquer pour affronter cette armée de racketteurs arrogants - quand ils ne sont pas violents - mais leur résister équivaudrait à braver? l'autorité elle-même !Et ils ont rarement tort. La preuve, depuis le temps qu'ils sont sommés de mettre la main à la poche par n'importe quel petit roublard qui décide de s'accaparer une portion de trottoir, un terrain vague ou un parking de cité, ils n'ont pas vu un policier ou un responsable local les inquiéter.Non seulement ils ne sont pas inquiétés mais ils sont encouragés. Il vaut mieux qu'ils se sucrent sur le dos de paisibles citoyens qui ont perdu leurs capacités d'indignation que de se mettre à dos une armée de chômeurs de luxe aux capacités de nuisance avérées ! Bien sûr, il fallait bien orchestrer quelques opérations tapageuses pour «organiser l'activité» dans quelques communes aux élus particulièrement perspicaces.Ça a donné, le temps d'un nuage d'été, des «tickets de stationnement», une certaine disponibilité à aider les automobilistes à garer ou sortir leurs véhicules et quelques formules de politesse servies à la volée. Non seulement elles sont insignifiantes en termes de proportions et de durée, mais elles ont été très vite noyées dans le déluge du racket, de l'insolence et parfois dans l'agression violente. Le reste, personne ne s'en souviendra. Comme vraisemblablement du bonhomme qui vient d'être interpellé à Bouchaoui.