En ces temps d'incertitude, la France [agissant toujours comme grande puissance ] s'est donné la mission de redynamiser le moribond processus de paix israélo-palestinien, en organisant une conférence internationale à Paris. Plus de 70 pays y ont été invités. Or, de l'aveu même de ses organisateurs, cette «conférence internationale de Paris» avait des ambitions modestes, en fait symboliques. Histoire de marquer le coup. Dit autrement, une conférence où l'on a parlé de tout et de rien, et surtout, où il n'a pas été pris des décisions propres à sortir le processus de paix de l'ornière. Tout au plus a-t-on rappelé les différentes résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU et une réaffirmation de la solution à deux Etats. De fait, la conférence de Paris [qui eut lieu le 15 janvier] n'a pas apporté de nouvelles idées et approches au plus vieux contentieux dans le monde. Sans surprise, Israël s'est dit non concerné par des initiatives qui ne seraient pas sous son contrôle et sous le parrainage des Etats-Unis. D'où son hostilité à toute initiative qui ne soit pas agréée par lui ou qui ne serait pas en concordance avec ses objectifs qui restent l'obtention de la paix, sans céder la terre. Dès lors, l'équation israélo-palestinienne, se résume [pour Israël] à faire admettre une paix au Proche-Orient, sans passer par l'établissement d'un Etat palestinien indépendant. La poursuite de la colonisation dans les territoires occupés en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, la judaïsation accélérée de la ville sainte, l'affirmation (par Israël) que les colonies ne sont pas un obstacle à la paix tendent vers ce but: asseoir le fait accompli et rendre utopique l'avènement de la Palestine. Dès lors, en ne prenant pas en compte cet aspect du blocage du processus de paix (par Israël), en ne se donnant pas les moyens pour contraindre Israël à se conformer à la juridiction internationale, la conférence de Paris s'est fourvoyée dans une impasse sans profit pour la paix au Moyen-Orient, ni pour la clarification de la donne israélo-palestinienne. Il fallait aussi, enfin, désigner nommément qui est derrière l'impasse où se trouve immobilisé le processus israélo-palestinien. Or, jusqu'ici, personne n'ose pointer Israël du doigt et dire qu'il est le seul blâmable des échecs essuyés par le processus de paix ces dernières années. Aussi, pendant que l'on tourne en rond [par des tentatives vaines et sans perspective de relancer le processus de paix], l'implantation des colonies se poursuit et prend de l'ampleur rendant de facto chimérique un éventuel Etat palestinien et sans objet un retour à la table de négociation. De fait, Israël qui avait boycotté toutes les initiatives de paix, y compris celles diligentées par l'ONU, a toujours récusé des négociations multilatérales. Ce que veut Israël, c'est la poursuite d'un tête-à-tête avec les Palestiniens [dans la terminologie sioniste on appelle cela des «négociations directes»] sous le parrainage des seuls Etats-Unis. Or, ce scénario, existe depuis 1990 (conclusion des accords d'Oslo en 1993) et n'a abouti à aucune avancée du dossier. Bien au contraire, à chaque reprise des pourparlers, on efface tout, et on recommence à zéro. Cela tout le monde le sait, - surtout les Etats-Unis qui ont chapeauté toutes ces pseudo-négociations - comme il sait d'où vient le blocage, mais personne ne veut prendre sur lui d'accuser Israël de double jeu et de se dérober à la paix. A Paris, le chef de la diplomatie française, Jean-Marc Ayrault, a affirmé d'emblée: «Nous sommes ici pour redire avec force que la solution des deux Etats est la seule possible.» Certes! Toutefois, cette affirmation ne suffit pas d'autant plus qu'elle n'est accompagnée d'aucun programme contraignant, mettant face à leurs responsabilités ceux qui entravent le processus de paix. De fait, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a qualifié la conférence de Paris d'«imposture», d'«absurde» et de «futile». Israël a-t-il raison contre tous' Certes non! De ce point de vue, la résolution 2334 du 23 décembre 2016, adoptée à l'unanimité, moins une abstention [celle des Etats-Unis], est fondamentale, elle remet les choses à l'endroit, qui rappelle «l'inadmissibilité de l'acquisition de territoire par la force». Ce qui veut dire qu'Israël - dans l'illégalité vis-à-vis du droit international et la Charte de l'ONU - devra restituer aux Palestiniens chaque pouce de territoire qu'il leur a pris par la force. C'est sur ce point que la conférence de Paris aurait dû s'appuyer pour montrer tout le tort d'Israël envers le processus de paix. Pays créé artificiellement en 1947 par le Conseil de sécurité, Israël fait fi de toutes les résolutions de l'ONU - y compris celle de 1947 - et agit à sa guise en imposant son diktat au monde, privant le peuple palestinien de son droit de vivre dans son Etat libre et indépendant. A Paris, il fallait dire trop c'est trop! Qu'Israël cesse de berner le monde et de le mener en bateau. Cela n'a pas été dit!
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Posté Le : 17/01/2017
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Karim MOHSEN
Source : www.lexpressiondz.com